Tout ce que vous devez savoir sur le rite de divination de l’araignée chez les Bafia

Tout ce que vous devez savoir sur le rite de divination de l’araignée chez les Bafia

Publié le 10 avril 2018, par Charly ngon

Le rite de divination de l’araignée est l’une des pratiques ancestrales très répandue chez les Bafia. Il a toujours été au centre de nombreuses sollicitations et continue d’être au centre de plusieurs débats. Mais comment ce rite est il pratiqué ? Today sur auletch, on partage avec vous l’expérience vécue par un jeune administrateur colonial au plus près d’un devin Bafia.

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Le rite de divination de l’araignée fait partie des us et coutumes de la tradition Bafia. Le N’gam comme on le surnomme est omniprésent dans le quotidien de ces populations. Lesquelles font recours pour toutes décisions : qu’elles soient privées, publiques, le choix d’une épouse ou encore l’emplacement d’une case. Tout ceci est fait après avoir consulté la mygale (araignée). Lorsqu’il y a une difficulté à résoudre un problème, on se réfère toujours à l’araignée, parce qu’elle a la capacité de prédire l’avenir.

Les colons français l’ayant remarqué, le 11 octobre 1932, le commissaire de la république Bonnecarrere, demande une étude sur cette pratique. Le but étant dit on de faciliter le travail des présidents de tribunaux dans les circonscriptions. Il se pourrait même que les autorités coloniales faisaient recours à cette pratique pour résoudre certains litiges mystiques. Comme par exemple dans la ville de Foumban, les conclusions de l’araignée pouvaient être utilisées lors d’un procès. C’est ainsi qu’André Ménard, administrateur adjoint des colonies, va suivre Gbang Aroung un devin du village Mouko pendant une séance pour mieux comprendre la pratique.

C’est à ce niveau que les devins interviennent…

Contrairement aux sorciers, les devins sont les personnes qui interprètent le langage de l’araignée. Leur rôle est de protéger les familles contre les mauvais sorts. On ne devient pas un devin ou encore celui qui dit des choses qui veut, il faut être d’abord choisi par l’araignée. En plus d’avoir été choisi par l’araignée, le devin doit avoir l’onction des anciens ou des sociétés secrètes pour exercer. Puisque c’est au sein de ces sociétés qu’il acquiert la légitimité, le pouvoir, la connaissance sur la religion, l’histoire de la tribu et les lois coutumiers, tous ces éléments importants pour devenir un bon devin.

Pour faire sa consultation le devin a besoin d’une araignée (la mygale), qu’il va chercher dans la forêt, afin de l’installer dans un terrier qu’il aura préalablement creusé. Le tout n’est pas de faire entrer l’araignée dans le terrier, mais qu’elle y reste. Si au bout de deux semaines, on voit une toile d’araignée au niveau du terrier, cela signifie que le N’gam a accepté sa nouvelle demeure et que la consultation peut être faite. A partir de l’orifice du terrier qui sert de passage à l’araignée, le devin trace un cercle, qu’il délimite avec des bambous ou des  feuilles de raphia.

Au niveau de la circonférence, il trace une série de rayons, qui correspondent aux questions posées. On peut se retrouver avec un nombre important de rayons encore appelés Rikang au singulier (Mékang le pluriel), ceci dépend de la gravité du problème. A chaque intersection entre le cercle et le Rikang, le devin place des coquilles, des amandes qui symbolisent les êtres humains sur lesquels, les questions sont posées à l’araignée. Cette opération se fait en suivant un rituel bien orchestré qu’accompagne un refrain prévu pour la circonstance.

Après les incantations, le devin sort une herbe qu’on surnomme le « Kenyanyas », qu’il froisse avant de la faire entrer dans le terrier. Il prend par la suite une calebasse disposée à ses côtés dans laquelle il retire des bambous taillés, des feuilles ayant un pouvoir particulier, qu’il dépose au niveau de l’orifice du terrier. Il recouvre le tout avec des branchages avant de rentrer dans sa case, en attendant la matinée.

Le principe de la consultation veut que, lorsque l’araignée sort dans la nuit pour aller chercher de quoi manger, qu’elle éparpille de part et d’autre les objets placés par le devin à l’entrée du terrier. Ces objets ont chacun une signification que seul le devin peut interpréter. La position des feuilles ou des bambous par rapport aux lignes correspond aux questions posées. Lorsque l’araignée rentre dans le terrier, le devin revient le lendemain observer les nouvelles dispositions des objets qu’il a placés la veille afin d’interpréter les réponses laissées par le N’gam.

Seuls les hommes sont autorisés à demander les services de l’araignée. Si une femme par contre souhaite poser un problème, elle doit le faire par le canal de son époux et si elle n’est pas mariée, elle doit passer par un autre homme qu’il soit de sa famille ou pas. Mais elles sont autorisées d’assister au moment de l’interprétation du message. Lorsqu’une situation arrivait de manière soudaine, on consultait l’araignée de jour. Le procédé consiste à faire appel à l’araignée en mettant à l’entrée du terrier une feuille ou un insecte, de sorte celle-ci soit attirée vers l’extérieur. Si elle ne sort pas, il revient au devin de faire tout le nécessaire possible pour faire parler l’araignée.

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Le résultat d’une consultation chez le N’gam a ceci de particulier, il donne certaines directives à suivre. Cela peut être des personnes à éviter, des animaux à ne pas manger ou encore indiquer des plantes magiques qui peuvent apporter une guérison. C’est la raison pour laquelle chaque objet positionné au niveau des rayons avait une signification pour permettre à l’araignée de donner facilement le verdict. Dans l’interprétation il y un point très important c’est de savoir si la feuille est du coté favorable ou défavorable. Le côté dit défavorable est de couleur noire.

C’est ainsi que le rite de divination de l’araignée tel qu’il est décrit, est pratiqué chez les Bafia. Mais on peut regretter le fait qu’il a presque perdu de son authenticité et de sa crédibilité. Beaucoup d’aventuriers se prennent pour des devins, alors qu’ils ne sont pas initiés dans ce rite. Heureusement qu’il y a encore certains personnes qui ont hérité de se savoir ancestral.




Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch