Initialement, les objets de la royauté étaient conservés avec précaution dans un lieu sacré connu sous le nom de Nda Ngû. Suite à la construction de son palais, Njoya prit la décision de les extirper de cet endroit et de les exposer au regard du public.

Le Sultan Ibrahim Njoya, 17ème roi des Bamoun, avait déjà jeté les fondements de ce qui est aujourd’hui le musée des rois Bamoun. Tout part de sa visite de courtoisie à Buea en 1907, le Roi Njoya, fils de Nsangou et de Ndjapdounke, est immédiatement séduit par le palais du gouverneur allemand Von Putkkamer. La magnificence de cet édifice l’envoûte. Pendant la visite du palais, il découvre des œuvres remarquablement préservées et exposées dans un musée. S’il y avait un aspect qui rendait Njoya réellement exceptionnel, c’était son discernement. Il faisait preuve d’une aisance remarquable dans sa compréhension et son analyse. Après son retour de voyage, le roi Njoya avait déjà bien défini ses plans concernant les objets royaux entreposés dans la case sacrée, une fois que son nouveau palais serait terminé.

Le Versailles d’Afrique

Crédit image ( images et mémoires)

Dans une de ces sorties littéraires, le père Engelbert Mveng surnommait déjà le palais des rois Bamoun « le Versailles d’Afrique ». Pour l’historien, cette comparaison n’était pas anodine. Le château de Versailles construit par Louis XIV, tout comme le palais des rois Bamoun, étaient des projets conçus par deux monarques partageant une vision commune de l’avenir. Ils voulaient laisser à la prospérité des joyeux architecturaux dont la renommée marquera à jamais l’histoire. C’est ainsi que SM Ibrahim Njoya va entreprendre la construction de son nouveau palais, en remplacement de celui qui était en bambou. Il ne va pas lésiner sur les moyens pour réaliser son ouvrage. Il a pensé  à tout pour faire de sa nouvelle demeure un petit paradis.

Dans un article rédigé pour le compte d’une plateforme scientifique ( images et mémoires), Judith Njel fera une description du palais de Njoya qui consolide les propose du père Engelbert Mveng. « Ce palais est garni de galeries, du musée qui frappait les visiteurs par son originalité et son aspect un peu occidental » dira t-elle. À l’époque c’est un chantier hors norme qui va mobiliser tous les artisans du royaume. Derrière cette démesure, se cache avant tout l’ambition du roi Njoya de glorifier la puissance du royaume Bamoun  à travers ce monument. Ce monarque avant-gardiste, qui était sa majesté Ibrahim Njoya savait que les gens viendront de partout pour admirer son palais. Et une fois les travaux achevés, les visites affluèrent au palais.

Le premier musée camerounais

Avant d’être rendus accessibles au public, tous les objets royaux ayant appartenus aux anciens rois Bamoun étaient conservés dans une structure commémorative appelée NDA NGÛ. C’était un lieu sacré, soigneusement préservé des regards indiscrets, réservé aux seules personnes autorisées. Ainsi, lorsqu’un souverain décédait, tous les objets qui lui avaient appartenu étaient placés dans cette enceinte. Au fil du temps, l’accumulation de ces objets dans cet espace sacré a provoqué non seulement une exiguïté, mais également la détérioration de la plupart d’entre eux en raison de conditions de conservation inadéquates. C’est au deuxième niveau de son palais que le roi Njoya a décidé d’installer le tout premier musée camerounais. En dehors des objets royaux, on retrouvait aussi d’autres objets de la traditions Bamoun.

Crédit image: Sarahtz ( intérieur de l’ancien musée du palais aménagé par SM Ibrahim Njoya)

Inauguration du musée des rois Bamoun

L’arrivée de Sa Majesté Ibrahim Mbombo Njoya marque un autre tournant majeur. Dans la continuité de son grand-père, le 19 ème roi des Bamoun lance le projet de création d’un nouveau musée. Plus spacieux, répondant aux standards internationaux, imposant et détaché du palais. Un musée qui devra être une référence à travers le monde. C’est ainsi que les travaux de ce chef d’œuvre sont lancés en 2014 et sont achevés en 2017. Mais le décès subit de Sa Majesté Ibrahim Mbombo Njoya le 27 septembre 2021 va reporter son inauguration. Aujourd’hui, en 2024, son fils sa majesté Nabil Mbombo Njoya se chargera donc le faire en l’honneur de son défunt père.