Comment Mebenga M’ebono est devenu Martin Paul Samba ?

Comment Mebenga M’ebono est devenu Martin Paul Samba ?

Publié le 11 août 2023, par Charly ngon

À sa naissance il est surnommé Mebenga M’ebono, mais une fois dans l’armée allemande il devient Martin Paul Samba.

Martin Paul Samba

S’inscrivant dans une longue liste de compatriotes, et encore mieux, de martyrs camerounais qui ont courageusement donné leur vie pour lutter contre la présence allemande au Cameroun, Mebenga M’ebono n’a malheureusement pas trouvé sa place dans les pages de l’histoire. C’est plutôt Martin Paul Samba qui est entré dans les mémoires collectives. Pourtant, il est important de souligner que ces deux noms appartiennent à la même personne. Dans les lignes qui suivent, nous vous expliquerons comment le nom de Martin Paul Samba a supplanté celui de Mebenga M’ebono.

Orphelin dès sa naissance

Notre histoire commence dans le petit village de Metoutou-Engong, situé dans la région de Biba, arrondissement d’Ebolowa I, vers 1875. C’est là que naît un petit garçon, dont les parents ne verront malheureusement pas grandir leur fils. Son père décède avant sa naissance, et tragiquement, sa mère le suit peu après. Face à cette tragédie, le bébé est confié aux soins aimants de la femme de son oncle. Ainsi, le jeune Mebenga M’ebono grandit au sein de la famille de son père, à Akok, dans l’arrondissement d’Akom 2. Son oncle, un chasseur redoutable, lui transmettra tous ses savoirs, tandis que pour vendre le fruit de ses parties de chasse, Mebenga se rendra à Kribi.

De chasseur à soldat dans l’armée allemande

Martin Paul Samba

Source : Bundesarchiv

Mebenga M’ebono suit non seulement les conseils de son oncle, mais les met également en pratique. C’est un garçon calme et travailleur, doté d’autres qualités qui attisent l’attention de l’ami le plus proche de son oncle, Issamba. Issamba travaille pour une entreprise allemande à Kribi et est le frère cadet de Veah, un chef du village de Batanga. Chaque fois que Mebenga M’ebono se rend à Kribi pour vendre les produits de sa chasse, il réserve une bonne partie à l’ami de son oncle. Au fil du temps, une profonde complicité se développe entre les deux hommes. C’est ainsi qu’Issamba décide d’en faire son bras droit et ils se retrouvent constamment ensemble lors de ses déplacements. Ce sera une expérience formatrice pour le jeune homme.

Grâce aux privilèges conférés par son parrain, Mebenga M’ebono a l’occasion de rencontrer quelques hauts responsables du gouvernement allemand à Kribi. Or, l’une des qualités de Mebenga M’ebono est sa grande adaptabilité. Un jour, lors d’une promenade, il rencontre par hasard le capitaine Kund. Au lieu de poursuivre son chemin, il s’arrête pour saluer cordialement le capitaine en allemand. Kund est surpris, car il n’a jamais imaginé que Mebenga M’ebono puisse maîtriser quelques mots de la langue germanique. En tant que militaire, Kund commence déjà à nourrir des projets pour lui et le confie sans hésitation au lieutenant Von Kotter Morgan. Mebenga M’ebono se retrouve enrôlé dans l’armée coloniale allemande, entamant ainsi sa carrière militaire.

Quand Mebenga M’ebono devient Martin Paul Samba

Après son entrée dans l’armée allemande, Mebenga M’ebono se distingue par ses nombreuses prouesses. À noter qu’il n’a jamais suivi de formation militaire auparavant. Il participe à de nombreuses campagnes militaires dans des zones où l’armée allemande fait face à une résistance féroce. Au combat, il devient un guerrier intrépide, un soldat vaillant et courageux. Son mentor, voyant son potentiel, organise sa formation militaire en Allemagne en 1891. C’est lors de ce séjour que le changement de nom intervient. Pour des raisons jamais clairement évoquées, lorsque le jeune Mebenga M’ebono arrive en métropole, son nom est changé pour Martin Paul Samba. Un nom qu’il tire d’ailleurs de son tuteur Issamba. Par la suite, les prénoms Martin Paul lui sont ajoutés. Ainsi, à son retour au Cameroun en 1894, avec le grade d’officier, Mebenga M’Ebono a disparu, laissant place à Martin Paul Samba.

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch