Ibrahim Njoya, pionnier de la bande dessinée en Afrique

Ibrahim Njoya, pionnier de la bande dessinée en Afrique

Publié le 30 avril 2019, par Charly ngon

Ibrahim Njoya était le meilleur calligraphe du royaume Bamoun. Grâce à son talent, il a réussi à simplifier l’usage de l’écriture Bamoun et à créer des bandes dessinées.

Si dans les récits d’histoires on ne parle pas assez d’Ibrahim Njoya, c’est parce que celui-ci a vécu à l’ombre du sultan Njoya qui, on le sait tous, était un souverain dont les exploits ont traversé les frontières. C’était la période de l’ âge d’or du peuple Bamoun. Le jeune monarque, qui avait des qualités de visionnaire, mise sur son intelligence exceptionnelle dès le départ pour impulser le développement de son royaume à travers des reformes et des nombreuses innovations dans toutes les activités du royaume.

Il encourageait l’esprit de créativité au sein du peuple. Il se faisait toujours entourer des meilleurs artisans du royaume pour la réalisation de ses projets. Parmi ses collaborateurs, il y avait Ibrahim Njoya. Ce personnage énigmatique, discret dont l’histoire ne parle pas assez, fait pourtant partie des figures marquantes dans l’histoire du peuple Bamoun, du Cameroun et de l’Afrique, grâce à ses dessins animés.

Ibrahim Njoya était le gendre, et neveu du roi Njoya. Quant à sa date de naissance, de nombreuses zones d’ombres subsistent encore, mais certains historiens pensent que, il serait né vers 1890, soit quatorze ans d’écart d’âge avec le roi Njoya qui est né en 1876. Il se fait remarquer des années plutôt avec les dessins qu’il faisait sur du sable où il représentait le roi Njoya entouré de certains membres de la famille royale.

Le sultan informé des prouesses de ce talent, va l’introduire au palais. Il va l’associera plus tard avec d’autres artistes calligraphes pour la mise en forme de l’écriture Bamoun. Sa contribution dans l’amélioration de l’usage de la langue Bamun est remarquable. Il va contribuer à la rendre moins complexe et plus facile à utiliser, il sera même le grand artisan de la révolution de cette écriture. Pour marquer la confiance qu’il a en lui, le roi Njoya le nomme moniteur de la Bamun Schule des Häupling Ndschoya in Fumban, l’école royale où était enseignée l’écriture Bamoun, par la suite il sera nommé trésorier du roi.

En 1916, lorsque les Allemands sont chassés par les français, le sultan Njoya se retrouve en train de payer le prix fort de son alliance avec l’administration allemande. Pour mettre un terme à la vulgarisation de l’écriture Bamoun qui se rependait déjà au-delà de la ville de Foumban. Les Français décident d’envoyer le sultan Njoya en exil à Yaoundé et Ibrahim Njoya dans l’île de Campo.

De retour d’exil en 1922, il va se remettre au dessin comme par le passé. Il va raconter des tranches de vie de la société Bamoun avec ses dessins, une façon à lui de pérenniser la tradition du peuple pour les futures générations. Ses premiers dessins avaient déjà périr au cours d’un incendie qui ravagea le palais en 1913. Quand on décida de le reconstruire en 1917, c’est à Ibrahim Njoya qu’on laissa le soin de dessiner les motifs décoratifs qui vont servir à embellir le nouveau palais.

Ibrahim Nyoya comparé aux autres dessinateurs du royaume, avait un souci de raconter les histoires, réelles ou imaginaires. Certains de ses dessins portaient sur les scènes des danses traditionnelles, les guerres livrées par les guerriers Bamoun (invasion peule), un peu de portraits et d’autres objets. Il réalisera une bande dessinée qui raconte la migration du peuple Bamoun. Par la suite, il va se lancer dans l’adaptation de certains contes en bandes dessinées, par exemple Mofuka et le lion, La Grenouille et le milan, qui vont sortir en 1932.

Si l’univers du neuvième art était encore inconnu au Cameroun à cette époque, Ibrahim Njoya avait déjà posé les jalons de celui-ci. Sa dernière bande dessinée sortie en 1940 intitulé « La rate et les quatre ratons » va marquer les prémisses de la bande dessinée au Cameroun. Selon les historiens, on parlait déjà de bande dessinée en Afrique à partir de 1915, mais bien avant cette date, Ibrahim Njoya en faisait déjà. Il est existe quelques unes de ses œuvres au musée de Foumban, mais la grande majorité de tout son travail se trouve dans les musées occidentaux. Ibrahim njoya est décédé en 1960.

NB: Les images ci-dessus représentent là quelques unes des réalisations d’Ibrahim Njoya. ( Crédit photo BD zoom.com)

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch