Voici ce qu'il faut savoir sur l'annonce du deuil d'un roi chez les Bamoun

Voici ce qu’il faut savoir sur l’annonce du deuil d’un roi chez les Bamoun

Publié le 29 septembre 2021, par Charly ngon

Avant de porter le deuil d’un roi, le peuple Bamoun se réfère d’abord à la voix des notables de la cour royale, même si l’information est connue avant. C’est tout un processus que nous vous invitons à découvrir dans cet article. 

Sultan Mbombo Njoya

 

Le 27 septembre 2021, les médias annonçaient la mort du Sultan Ibrahim Mbombo Njoya, roi des Bamoun. Une nouvelle qui a surpris tout le Cameroun et le peuple Bamoun en particulier dont l’attachement à leur monarque était profond. Même si la véracité de cette information a été relayée par des voies autres celle du communiqué de la cour royale. La communauté Bamoun, bien qu’affectée ne pouvait pas encore porter le deuil en attendant que celui-ci ne soit officiellement prononcé par la bouche des notables du roi. Une fois que cela a été fait, des directives ont été données afin de préparer les cérémonies funéraires de celui qui a fait vingt-neuf à la tête du royaume de Nchare Yen. Pour mieux comprendre comment se déroule l’annonce du deuil d’un roi chez les Bamoun, voici un extrait de la thèse de Doctorat Ph.D en Sociologie du Dr. Youssouf N’KAPENTÉWAP MOUNGNUTOU, Momafon Nji Mfône qui apporte des explications sur cette étape et les cérémonies qui suivent jusqu’à l’intronisation d’un nouveau roi.

Le Roi des Bamoun est le gardien de la tradition ancestrale. Il est accompagné dans sa délicate mission par des personnes qui se sont engagées ou qui s’engagent pour la préservation de la royauté. À sa mort, les kom, notables conseillers et ministres « intronisateurs » (du Roi), Nji-fonfon (Premier Ministre du palais royal) suivis des deux titâ-mfon (conseillers politiques du Roi) et les ponmafon (frères du Roi) qui ne sont que des figurants dans cette action à titre d’observation et de veille, se rassemblent pour réfléchir et mettre en pratique sa volonté testamentaire successorale. Ils sont à cet effet chargés de faire implémenter la sécurité judiciaire – assurée par le « Tângu », Ministre de la justice qui, à son tour, peut les assister pour des rites purement exclusifs –. C’est suite à ces différents rites que les kom suivis des titâ-mfon, après concertation sur le choix du défunt roi porté sur un prince à découvrir, immobilisent auprès d’eux le nouveau roi, dans la nuit. Cette restriction rituelle n’est pas ouverte à tous les titâ-mfon, mais Nji-fonfon et les deux titâ-mfon (menyi kpè’te et menyi tétvüt).

1- La manière d’annoncer la mort du Roi (chez les Bamoun)

Selon la tradition ancestrale bamoun, le Roi ne meurt pas, il se retourne, pour dire qu’il a disparu. Cette disparition s’annonce à travers son nguon qui est une société secrète. Mais au préalable, autrement dit du vivant du défunt roi, il tient tout d’abord à faire son testament. Il faut rappeler que le testament reste encore un acte secret chez les Bamoun. Ce n’est qu’après la mort d’un tel que son successeur, héritier principal, désormais chef de famille, est connu et présenté à travers une cérémonie rituelle officielle au grand public (témoin).

2- La dépouille du Roi (avant son inhumation)

Depuis la fondation du royaume Bamoun, l’encadrement juridique légal est ce qui retient l’attention. Ayant constaté la disparition du Monarque, les kom et les ponmafon (princes) restent autour de lui. Les gbù mùtngu ne s’y éloignent pas, car l’un de ces notables peut avoir besoin d’eux.
– La présence des kom (exclusivement les sept premiers), net autour du Roi est simplement pour lui rappeler incessamment les moments de la cofondation du royaume en lui faisant des éloges. Ils témoignent et précisent en même temps leur fidélité et loyauté pour le rayonnement du royaume bamoun en général.
– Les ponmafon de l’autre côté, face aux kom, ont pour mission de rappeler à la dépouille royale la grande confiance, car elle peut s’estimer heureux d’avoir laissé après elle, des enfants au serment fondé sur l’alignement. Ils lui font voir que la famille royale restera toujours soudée et la préservation de la royauté demeurera leur cheval de bataille.
– Nji-fonfon et les deux titâ-mfon qui sont présents ne s’assoient pas, mais veillent simplement à ce qu’il n’y ait pas de brouille causée par le défilé coordonné autour de la dépouille. Cette dernière reçoit des supplications des princes et des autres Bamoun qui peuvent la voir. Ils y sont appelés à vite ressortir.

3- L’accompagnant de la dépouille royale au mgbétnja’

Le Mgbètnja’ est le cimetière où on enterre les rois bamoun. Il est situé à l’intérieur du palais royal, du côté gauche en se dirigeant vers sa façade principale.
Tellement organisé, le royaume Bamoun s’évite des innovations du genre à escamoter ses us et coutumes ou mieux sa tradition. Ainsi, les kom portaient la dépouille royale pour sa dernière demeure. Et ce sont toujours eux qui l’introduisaient dans la tombe. Après l’avènement de l’Islam, il faudra désormais que la personne qui touche la dépouille du Roi soit celle (parmi ses notables proches) qui a fait ses ablutions, et de préférence, celle qui ne s’est pas accouplée avec son épouse avant de venir, lorsqu’on l’introduit dans sa tombe. Ainsi se rappelle-t-on de la noble volonté des sultans Njoya Ibrahim et Seidou Njimoluh Njoya, respectivement 17e et 18e roi de la dynastie des Bamoun.

4- Comportement des Bamoun pendant la période du deuil du Roi

La seule chose qui caractérise et détermine les Bamoun pendant la période du deuil de leur Monarque est la lamentation et la détresse dans le calme et la tranquillité. Selon les us et coutumes, cette lamentation et détresse se vivaient par le port de sî, fibres végétales à base des feuilles de raphia. Beaucoup de choses ont changé dans la tradition Bamoun et il faut s’y intéresser pour les remarquer.

Source : Extrait de la thèse de Doctorat Ph.D en Sociologie du Dr. Youssouf N’KAPENTÉWAP MOUNGNUTOU, Momafon Nji Mfône.

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch