Le Mvet, cet instrument de musique traditionnel chez les Béti

Le Mvet, cet instrument de musique traditionnel chez les Béti

Publié le 19 mai 2022, par Charly ngon

D’inspiration divine si l’on en croit certains récits, le Mvet est un instrument musical du peuple Fang-Béti qui est joué par un initié qu’on surnomme le Mbômo-mvet. Il fascine non seulement par ses origines, mais aussi par son usage et sa conception. 

Le Mvet, cet instrument de musique traditionnel chez les Béti

Dans la culture Fang-Béti, les cérémonies au village sont toujours très animées. Les gens se retrouvent autour du feu, chantent, dansent et se laissent aller à des fous rires interminables. L’ambiance est conviviale, c’est un moment d’une grande importance. Ce rassemblement, qui se fait depuis la nuit des temps au clair de lune ou à l’occasion d’autres manifestations participe à la transmission du savoir ancestral. Le maître de séance à qui revient cette noble tâche, est un initié qui est toujours assis au centre lors des cérémonies. Doué d’une aisance oratoire dont lui seul à le secret, acquise par la force de l’expérience. Il a une grande maîtrise des joutes verbales des us et coutumes de la tradition. Il sait manipuler avec une certaine dextérité tous les éléments de mise en scène qui lui permet de capter l’attention du public au cours de ses prestations.

Et Dieu créa le Mvet, avec le Mbômo-mvet, ils ne font qu'un

Source : art majeur, initiation au Mvet

Le Mvet est un instrument musical ancestral qui a traversé le temps. Sa conception varie d’un groupement à un autre. Mais le plus connu comporte six grandes parties : une tige de bambou sèche, des cordes sonores, des anneaux en fil de rotin, des calebasses, et une lanière qui est attachée par les deux bouts à la tige de bambou et permet de transporter facilement l’instrument sous forme de bandoulière. Il a été popularisé par un certain Oyono Ada Ngono dont on dit qu’il aurait reçu une inspiration divine pendant les migrations du peuple Fang qui abandonna le Nord-ouest de l’Afrique, en fuyant les répressions et la guerre contre les Mvele. À cours de ce long périple, Oyono Ada est victime d’une chute qui le plonge dans un état comateux.

Mvet

Transporté par ses amis, ce n’est qu’au bout d’une semaine qu’il va retrouver ses esprits. À son réveil, il a va expliquer à ses amis la vision qu’il a eue. Celle-ci consistait à redonner le courage et l’espoir aux Fang qui avaient perdu de nombreuses batailles en utilisant le Mvet comme un instrument capable de redonner le courage aux guerriers. C’est ainsi, qu’à partir d’une branche de palme de raphia, il fabrique l’instrument mvet. Cependant, d’autres sources affirment que la paternité du Mvet ne saurait être attribuée Oyono Ada Ngono, car en Égypte il y existait déjà un outil qui avait les mêmes caractéristiques que le Mvet, qu’il s’agirait juste d’une coïncidence. Un argument qui prouverait aussi les origines lointaines du peuple Fang depuis l’Égypte. Au départ, le Mvet était utilisé lors des cérémonies d’au-revoir aux combattants qui allaient en guerre. D’autres groupes vont également s’approprier le savoir-faire du Mvet à savoir les Bulu, les Bané, les Yebekolo et les Beti.

 

Le Mvet, est plus qu’un instrument de musique, c’est un écosystème dans lequel on retrouve trois éléments d’égale importance qui sont intimement liés. Il y a l’instrument de musique en question qu’on appelle mvet-Oyeng qui emet le son, puis le musicien poète ou encore griot connu sous l’appellation de Mbom mvett qui donne l’intonation à travers l’instrument et enfin le Nlang mvett qui veut dire la parole. On ne saurait donc ne pas parler du Mvet, sans celui qui donne vie à cet instrument à travers son animation. Vêtu d’une tenue traditionnelle faite à base d’écorces (Obom la plupart du temps), d’un arsenal de bijoux qui décorent les bras, le cou et un chapeau fait avec des plumes d’oiseau. C’est tout cet ensemble qui participe à former l’identité de ces gardiens de la tradition qui sont communément appelés les Mbômo-Mvet. Pour avoir accès à ce cercle fermé, les aspirants doivent passer une formation. Celle-ci est conditionnée par l’apprentissage de certains rites, ajouter à cela, il faut suivre les étapes qui vont de la révélation des origines et des filiations à la connaissance des cycles de la nature et de la psychologie des êtres.

 

Mvet

On a pu répertorier trois types de Mvet en fonction des différentes aires géographiques où on retrouve le groupe Fang-Beti au Cameroun. Il y a le Mvet Ekang qui se caractérise par les chants ou encore les histoires racontées qui sont destinés au peuple Ekang comme son nom l’indique et ceux-ci renvoient à plusieurs thématiques. La métaphysique, mais également des valeurs que doivent incarner les populations Ekang comme la bravoure, le courage, la témérité, l’abnégation, le sens du sacrifice, la détermination, la partialité, le don de soi, le sens des responsabilité, l’esprit d’équipe, le sens du partage, l’amour désintéressé et la tolérance. On reconnaît aussi au Mvet la capacité de parler le langage des esprits à travers les sons produits par le conteur. Ce dernier est considéré comme l’intermédiaire entre le monde des vivants et celui des morts. Le Mvet Bibon quant à lui se différencie de celui de l’Ekang d’abord par son appartenance aux communautés Ewondo et Eton, qui font partie du sous groupe du peuple Béti. C’est le Mvet des amoureux, les chants et les récits ne sont orientés que sur les histoires sentimentales. Entre fiction et réalité, le Mbômo mvet se doit d’être un vrai narrateur qui a la capacité de placer les mots justes là où il faut pour pouvoir plonger son public dans son imaginaire.

Mvet

Le Mvet Engubi encore appelé Ngubi n’a rien à voir avec les deux premiers. Lorsque le poète chante, il raconte l’histoire des chefs Bulu et Béti. Contrairement à ce que beaucoup pourraient penser, il ne fait pas leurs éloges, il dénonce leur comportement. Il montre comment la gloire est éphémère, à travers leurs récits, il démontre que rien n’est acquis dans la vie. Toute la gloire qu’une personne peut avoir, il peut la perdre. Vous pouvez complétez vos connaissances sur le Mvet ici.

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch