Joseph Mbarga : « Je ne souscris pas à l’idée selon laquelle les camerounais ne lisent pas, je pense qu’il faut leur donner les histoires qui les intéressent »

Joseph Mbarga : « Je ne souscris pas à l’idée selon laquelle les camerounais ne lisent pas, je pense qu’il faut leur donner les histoires qui les intéressent »

Publié le 5 février 2018, par Charly ngon

L’écrivain camerounais qui était à la Fnac de Bali samedi, 8 décembre 2018 pour la dédicace de son tout premier recueil d’histoires, a bien voulu échanger avec nous sur son livre. 

Joseph Mbarga / Au Letch

C’est au premier niveau du bâtiment de la Fnac que la dédicace se déroulait. Assis sur une table avec autour de lui quelques bouquins et une bouteille d’eau pour se rafraîchir le gosier de temps en temps, Joseph Mbarga est bien là. Comme un écolier, qui découvre sa nouvelle salle classe, il ne se laisse pourtant pas intimité par les regards, au contraire, il va à la rencontre de ses futurs lecteurs. Plus le temps, l’écrivain est vite assailli par le public. Ami et quelques nouveaux fans prennent sa table en otage pour une signature personnalisée, avec en bonus une photo. Les médias sont aussi au rendez-vous, et il doit se plier à la traditionnelle interview. La journée qui s’est achevée sur une bonne note au-delà même des prévisions de l’auteur annonce une bonne aventure pour son livre « La faim ne justifie pas les moyens ». C’est après toute cette journée marquée de rencontre et d’échange, que Joseph Mbarga nous accorde à notre tour une interview, tout aussi décalé que son ouvrage.

  • Bonjour Joseph Mbarga, c’est un plaisir de faire votre connaissance…

Bonjour, le plaisir est le mien et je suis très heureux de discuter avec vous, et au-delà avec auletch qui est une plateforme plutôt dynamique qui s’intéresse beaucoup de l’actualité culturelle de façon décalée ce que j’aime bien. C’est un registre que j’adore , d’ailleurs mon livre est aussi écrit avec ce coté décalé.

  • Comment s’est passé la dédicace dans son ensemble ?

La dédicace s’est bien passée, et je tiens tout abord à remercier toutes les personnes qui m’ont accompagné, surtout Au Letch. Il y a eu de nouveaux lecteurs avec qui j’ai pu échanger sur le recueil des nouvelles. Je remercie les personnes qui sont venues et celles qui ont relayé l’information.

  • Peut-on en savoir un peu plus ce qui se cache derrière le mystère du titre « La faim ne justifie pas les moyens » ?

C’est le titre de l’une des nouvelles, je pense qu’il n’est pas opportun d’entrer dans les détails, au risque de dévoiler pour ceux qui n’ont pas encore lu le recueil des nouvelles, un certain nombre de choses. Mais de façon globale, ce qu’il faut comprendre des différentes histoires, ce sont de petites nouvelles ou encore de petites fables, pour lesquelles chacun doit tirer une petite leçon, même si je me considère d’abord comme un raconteur d’histoires, storyteller comme disent les anglo-saxons.

  • Restons un tout petit peu sur ce titre qui est très accrocheur, et qui nous renvoie à plusieurs explications. Peux-tu nous en dire encore plus ?

Il faut d’abord savoir qu’un titre doit être accrocheur. Là étant ce titre dans le cas d’un recueil de nouvelles doit quand même résumer les histoires ou les nouvelles qui sont abordées à l’intérieur, à mon avis c’est un peu le cas. Il faut d’abord préciser que Faim ici est F A I M et que c’est cet aphorisme que j’ai utilisé à ma manière, ça traduit aussi bien l’esprit, un certain nombre d’actions ou de comportements qui sont présents dans le recueil de nouvelles.

  • Dans ton ouvrage, tu parles d’une certaine république qui se nomme Tissoan, elle se trouve où selon toi ?

(Sourire) Ce n’est pas une république en tant que telle, c’est plus une ville et dans la quatrième de couverture je précise que c’est un chef-lieu à mille lieux d’être imaginaire, dont en parcourant le recueil vous allez reconnaître très vite où se trouve Tissoan.

  • Qu’est ce qui vous guidé personnellement dans la rédaction de cet ouvrage ?

Au fait, ce sont des tranches de vie de chez nous. Je tiens à souligner que je travaille dans l’optique d’écrire des histoires locales pour un public local d’abord. Pour un certain nombre de raisons, dont l’une est que je ne souscris pas à l’idée selon laquelle  les camerounais ne lisent pas, je pense qu’il faut leur donner les histoires qui les intéressent et donc en premier lieu des histoires qui se passent localement. Pour revenir à la question, comme je le disais il y a un instant, ce sont des tranches de vie de chez nous, du coup ça peut-être une histoire que j’ai entendue dans un tourne dos, ça peut-être des bribes de conversations, que j’interprète ou je retranscris à ma manière pour en faire une histoire qui a un sens et éventuellement transmettre un message. Mais cela peut aussi partir d’un titre. Un jour en passant j’ai suivi dans une radio, je sais plus l’émission, on a utilisé une expression qui veut prendre la peau des gorilles, du coup cela m’a inspiré sur un livre qui sort bientôt.

  • On remarque que votre style est assez drôle, pourquoi l’avoir choisi ?

Je pense que cela est lié d’abord à l’histoire. Les situations en elle-même sont d’abord comiques au départ, il faut juste s’arrimer à ces histoires là pour les raconter de façon naturelle.

  • Donc ça veut dire que vous ne voulez pas sortir de l’authenticité de l’histoire ?

Oui, parce que au départ il y a une scène qui est comique ou cocasse, et donc s’il faut la raconter il faut rester dans ce registre là, ça paraît plus logique. Imaginez-vous le vieux nègre et la médaille, qui ne soit pas raconté dans ce registre comique, je crois que ça perdrait quelque chose.

  • Si je vous dis, qu’en lisant votre livre, il y a la plume de Séverin Cécile Abega…

(Rire) J’en suis très honoré, Severin Cécile Abega c’est grand écrivain camerounais qui a marqué des générations de lycéens et de lecteurs, donc j’en fais partie. Voilà je n’ai aucun problème avec ça, je suis juste très honoré de savoir que je peux être comparé à lui.

  • On appris que vous êtes sur le point de sortir un autre ouvrage. Va-t-il garder la même saveur que le premier ?

Le prochain recueil de nouvelles sera dans le même registre que « La faim ne justifie pas les moyens », sachant que entre temps il y a le « vieil homme est amer et autres amertumes » qui est sorti, mais est légèrement différent. Mais qui veut la peau des gorilles, qui est le titre de mon prochain recueil, va être dans le même registre que « La faim ne justifie pas les moyens ».

  • Qu’est ce qu’on peut souhaiter à votre ouvrage « La faim ne justifie pas les moyens » ?

Que les camerounais le découvrent parce qu’il raconte des histoires de chez nous. Au départ plusieurs personnes l’avait déjà lu en version numérique et ils m’ont fait la remarque de faire une version papier, dont le livre est là pour tout le monde.

  • Merci Joseph pour le temps que vous n’avez accordé

Merci Au Letch à qui je souhaite une longue vie, parce qu’il s’intéresse à la culture avec une équipe jeune et dynamique.




Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch