Zogo Awoundza pose un regard sur la condition de la femme dans « Un film français »

Zogo Awoundza pose un regard sur la condition de la femme dans « Un film français »

Publié le 1 novembre 2019, par Charly ngon

C’est avec une réflexion sur le statut qu’on accorde à la femme dans notre société, que Zogo Awoundza nous fait découvrir son premier roman « Un film français ».

« Les tâches étaient bien reparties entre les membres du groupe. Chacun savait avec exactitude ce qu’il avait à faire pour que l’après-midi cinéma soit un succès ». C’est par ces  mots du narrateur que nous entamons notre odyssée vers le roman « Un film français » de Zogo Awoundza, publié en 2019, aux éditions IWARI Imagine.

L’intrigue du roman

Ce roman qui compte cent quarante trois pages, nous plonge dans l’histoire d’une bande d’amis qui ont pris pour habitude de se retrouver pour une séance de cinéma. Mais seulement, les choses ne vont pas se passer cette fois-ci comme d’habitude. Kate, Elessa, Patrick, Ada et Chantou, forment un groupe soudé, les uns envers les autres. Les cinq amis se sont rencontrés au cours d’un atelier de danse traditionnelle appelé « Mendzang ». Et depuis cet instant, ils sont devenus inséparables comme les doigts d’une main. Dans leur groupuscule, ils se sont fixé un certain nombre de règles pour consolider leur amitié, à l’instar des séances de cinéma.

Pour la réussite de leur rendez-vous mensuel, Elessa, le plus jeune du groupe est chargé de faire le choix des films, et de les télécharger. La préférence du petit groupe d’amis a toujours été les fictions hollywoodiennes.  Pour ajouter à leur rencontre un côté festif, un petit menu est cocoté avec les bons soins de Chantou. Ce qui ne lui a jamais posé problème. Pour elle, l’amitié est sacrée, et faire un peu de sacrifice pour ses amis ça n’a pas de prix.  La mise en place terminée, les cinq amis peuvent maintenant regarder leur film.

Bien installés sur les fauteuils, ils ne se doutent pas un seul instant  de ce qui va leur arriver. Au moment où Elessa veut ouvrir le dossier dans lequel il a téléchargé les films, il est surpris de constater qu’il est vide. Il s’en suit alors de rixes verbales entre les cinq amis au point où l’ambiance joyeuse de la matinée se transforme en déception. Après plusieurs vérifications, aucune trace du fichier. Dans la foulée, Patrick propose un film français à ses amis. Et leur réaction ne va pas se faire attendre « Un film français ? »

Entre les lignes du roman de Zogo Awoundza

Avec ce roman, Zogo Awoundza pose sur la table de réflexion, la véritable place que la société veut donner à la femme. A chaque fois, et à tous les niveaux des instances de décisions, la condition de la femme dans nos sociétés modernes est toujours au centre des discussions. On estime qu’elle doit être soumise à son mari, elle ne doit pas se mesurer à l’homme qui est désigné comme le mâle dominant. Et cette spirale de domination de l’homme sur la femme, se transmet ainsi de génération en génération. Et celles qui tenteraient de briser cette vision sont taxées d’insoumises. En Afrique et au Cameroun en particulier, la position de la femme est toujours celle où elle attend tout de l’homme.

Mais pourquoi passer par un film français pour parler d’une situation qui est légion dans nos états africains, et plus particulièrement au Cameroun ? Deux lectures s’imposent : la première c’est que la plupart des fictions africaines dans leur ensemble, mettent toujours l’homme au centre des prises de décisions. Du coup, il serait difficile de trouver une fiction qui pose ce type de débat, surtout dans un environnement où l’homme sait foncièrement que la femme ne doit pas être au dessus de lui.

 A l’opposé on a des sociétés où se débat n’est plus tabou, il a évolué, même si il existe encore des disparités, mais celles-ci tentent à se réduire avec le temps. Dans les films européens, on peut voir les femmes sans complexe diriger les hommes, ce qui n’est toujours pas le cas en Afrique. La deuxième lecture, est celle de montrer la pertinence que peux avoir un film français. Sortir un peu des idées reçues sur ces fictions que beaucoup trouverait ennuyeux, pourtant loin de là, elles ont des scénarios bien épurés avec des thématiques d’actualité.

Le roman de Zogo Awoundza a cette particularité qu’il met en scène les adolescents (camerounais) qui échangent sur la condition de la femme. Une façon pour l’auteur de faire comprendre la nécessité de mener cette réflexion auprès de la jeunesse. Ceci permettrait de déconstruire toutes les réflexions radicales que certains ont souvent eu à développer sur la condition femme. Mais au-delà de cette riche thématique sur le genre, l’œuvre met aussi en lumière et de manière subtile avec un ton hilarant, d’autres thématiques intéressantes  qui donnent finalement à ce roman, un petit coté mystérieux qui donne ça dose de suspense à chaque page à découvrir.   

Qui est Zogo Awoundza?

Il rêvait de devenir docteur pour sauver les vies, mais sa passion pour l’écriture à pris le dessus sur son rêve d’enfant . Zogo Awoundza est né un 30 juillet à Yaoundé au Cameroun. A la faveur d’un concours national du plus beau poème pour la Saint valentin qu’il remporte en 2008, c’est le déclic. Il se passionne de plus en plus pour la littérature et tombe définitivement amoureux des mots qu’il fait danser dans un style imagé au mélange subtil de satire.

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch