Voici 6 choses à savoir sur le rite d’initiation « Labi » chez les Gbaya

Voici 6 choses à savoir sur le rite d’initiation « Labi » chez les Gbaya

Publié le 18 juillet 2017, par Charly ngon

Le Labi est un rite d’initiation Gbaya, exclusivement réservé aux jeunes garçons ayant atteints l’âge de la puberté. Pendant le rituel, ils participent à diverses cérémonies et épreuves physiques, considérées comme des étapes importantes, qui marquent le changement de leur statut social au sein de la communauté. Il se déroule en six étapes.

Danse Gbaya ©. liaisoncameroun.wordpress.com

 

  1. HebÔko lai : le recrutement

Il a lieu en période de saison sèche. Les jeunes sélectionnés pour le Labi dont l’âge varie entre 12 et 15 ans, sont emmenés dans un camp construit loin du village. Quand tout est fin prêt, les parents des futurs Labi informent le grand prêtre qu’on surnomme le Narninga (qui signifie en Labi : « celui qui tient la lance ») de leur intention. C’est lui qui fixe la date du début des cérémonies. Puis les candidats vont être réunis dans l’une des cases vides où ils vont se faire raser complètement les cheveux. Ce geste symbolise l’abandon de l’ancienne vie, pour se préparer à une nouvelle. Sous le regard des anciens, ils reçoivent quelques conseils et les premières notions de danse Labi.

  1. Toka-labi : l’entrée dans le monde du Labi

Après le rasage des cheveux, les jeunes initiés sont embaumés de cendre blanche. Puis sont emmenés vers un cours d’eau où un barrage de retenue est préalablement mis en place pour la première partie du rituel. Pendant que  les anciens se mettent à entonner des invocations, chaque candidat est immergé dans la retenue d’eau par son parrain. Puis, le Narninga surgit de nulle part en agitant une sagaie à la main tel un guerrier en furie. Il se met à simuler le meurtre des candidats dans l’eau. Après cette mise en scène, les enfants considérés comme morts vont être enterrés par les anciens avec de simples feuilles de pailles.

  1. Tua-Tok (« maison du sang ») : la résurrection

Après la mise en scène de la mort, les jeunes initiés sont transportés et allongés devant la maison du sang.  Les corps oints de terre blanche, ils vont se faire administrer une poudre piquante qui va provoquer de violents éternuements : ce qui signifie la résurrection pour une nouvelle vie. Le passage dans la maison du sang est une étape très déterminante dans la suite de l’initiation.  Sous le contrôle d’un Gandima « maitre de Labi » choisi par les anciens, les jeunes initiés vont faire la promesse de ne pas révéler les secrets du Labi.  Ils sont interdits de parler : la langue Gbaya, aux gens du village, surtout aux femmes. Ils sont initiés à l’apprentissage de la langue Labi et s’organisent en société avec des titres hiérarchiques.

  1. Tua-gbang: l’apprentissage d’un nouveau savoir

Le séjour dans la maison du sang se termine par une danse. Pour marquer cet événement, les jeunes initiés sont peints avec de la terre blanche synonyme de pureté, mais aussi de poudre de bois rouge. Le passage du campement Tua-tok, à celui de tua-gbang marque une étape que vient de franchir les jeunes initiés. Le tua-gbang est une case clôturée, avec une ouverture en direction de la brousse, ceci pour permettre aux jeunes initiés de ne plus penser à leur famille.

Mis à l’écart de la communauté, ils sont nourris anonymement par les villageois. Pendant la distribution du repas, ils doivent se cacher derrière des boucliers pour éviter d’être reconnus par les femmes. Si la quantité de ration qu’ils reçoivent est insuffisante, ils sont capables d’envahir le village pour en chercher.  La vie au tua-gbang est animée par une série d’apprentissage : langue, danse et chant Labi. Ils apprennent à connaitre les secrets de la nature : le nom des arbres, des plantes, leur utilité et leur volet nocif. Ils enrichissent leur connaissance des clans Gbaya et de leur territoire. Un autre volet de cette initiation concerne la vie en société : comment se comporter avec autrui, éviter les pratiques de sorcellerie, la malédiction, la maîtrise de soi.

  1. Zua-labi: le baptême

Lorsque l’initiation dure moins d’un an, il s’achève par les rites de baptême : du feu et du soré. Les garçons sont emmenés à un cours d’eau où ils se font asperger d’eau par les devins (Gandimba et le Narninga). Puis les anciens allument un feu au-dessus duquel les garçons vont sauter. Le dernier éteint le feu en l’écrasant de ses pieds ; ceci pour marquer la fin du Labi. L’autre baptême consiste à traverser par-dessus une branche appelé soré, par les jeunes initiés qui symbolise la purification.

  1. Danga-labi: le retour au village

Le retour au village est un grand moment de festivité.  Le corps oint d’huile, de poudre de bois rouge, le tout recouvert dans une natte, les jeunes initiés avancent en file indienne en direction du village. Ce qui rend leur identification difficile par les familles. Mais le suspens finit lorsque le Narninga refait surface en effectuant des gestes avec sa sagaie comme lors de l’entrée au Labi. C’est alors là, que les enfants se débarrassent des nattes qui recouvrent leur corps, synonyme d’un retour à la vie. Par ce geste de réussite,  la foule s’emporte dans une joie insoutenable, matérialisée par une démonstration de pas de danses Labi, avec l’accompagnement des nouveaux initiés.

La fin du rituel marque le début d’une nouvelle vie pour ces nouveaux initiés. Dans la communauté, ils sont dorénavant considérés comme des hommes. Leurs actions doivent servir d’exemples pour les autres membres. Le rite Labi est un moment très important dans la vie d’un jeune gbaya. Pour ceux qui vont jusqu’au bout des différentes épreuves, ils gardent de souvenirs mémorables et leurs compagnons de parcours deviennent des frères pour la vie. Aujourd’hui, ce rituel tend à disparaître à cause de l’influence des cultures étrangères, mais aussi à cause du manque de relais de transmission de la culture qui devient de plus en plus rare.

Source : Nina Songo, le « Labi », rite d’initiation des Gbaya

 

 

 

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch