Vendre le piment c’est bien ? Voici l’histoire de Mimie (2eme partie)

Vendre le piment c’est bien ? Voici l’histoire de Mimie (2eme partie)

Publié le 4 juillet 2017, par Mota__Savio

On vous raconte depuis quelques jours, l’histoire de Mimie, une jeune fille qui vend le piment depuis la mort de sa grand-mère. Apres le premier extrait, on vous propose de lire la deuxième partie…

 

 

 

Le lendemain, Mimie et Mama Agathe vont au centre ville pour rencontrer Ma’a Pau, une vendeuse de piment encore en activité. Après 30 minutes dans les embouteillages, les deux femmes descendent au coin d’une rue à Akwa. A l’entrée, les gars du kwat tapent les commentaires. Ma’a Agathe salue et se renseigne : « My pikin, bonsoir, pardon, Ma’a Pau habite par où ici ? ». L’un des jeunes répond aussitôt : « Oui la mère. La maison en blanche en face du poteau d’ENEO là, c’est sa maison.» (Oui la maison en blanche ^_^). Après un « grand merci mon fils » de Ma’a Agathe, les deux femmes s’activent en direction de la maison en « blanche ». Surprise, Ma’a Pau est au portail. Quelques présentations plus tard, la discussion commence :

  • Ma’a Agathe : « Pauline comme je te disais alors au téléphone, voici ma fille qui veut commencer le piment. C’est vrai qu’elle est jeune mais c’est un enfant sage. Vraiment sage »
  • Ma’a Pau : « Ma fille ça va ? N’aies pas peur hein ! Elle m’a tout dit. Tu veux commencer quand ? »

D’un ton déterminé, Mimie s’explique pendant quelques minutes et termine : « Mama, c’est toi qui me dit. Même maintenant. Je peux commencer ». Au bout d’une heure, Ma’a Pau décide de donner sa chance à Mimie. Elle l’a met néanmoins en garde : «  Ma fille, c’est dur au début mais avec le temps ça va aller. Il y a les jours où c’est chaud. Les disputes avec les autres filles à propos des clients, bref,  on va s’entendre. Je connais ta situation. Ça ira bien.» C’est sur ses paroles et après quelques consignes que Ma’a Pau donne rendez-vous à Mimie pour le travail.




Une semaine est passée. Mimie fait désormais partie du réseau de vendeuses de piment du Carrefour Sans-Caleçon. La bachelière vend son piment comme dirait quelqu’un « Au Calme ». De lundi à samedi, Mimie est à l’attaque. Moquée par certains voisins, Mimie trouve réconfort tous les soirs auprès de sa tante. « Mimie laisse, ça va passer. Leur petit kongossa là enlève quoi sur toi ? Rien ! ». Ces paroles motivent Mimie. Plus question d’avoir honte. Son inscription à l’université dépend aussi des recettes. La go est dedans.  Les clients aiment son piment surtout que ça chauffe à mort. Ils adorent quand ça pique bien leurs bouches. Ils reviennent la voir parce qu’elle a le meilleur piment du carrefour Sans Caleçon. Une situation qui énerve les autres « pimentières » depuis son arrivée. «  Elle pense qu’elle a même quoi que nous on n’a pas ? Hum ?» lance Disque D’Or, une ancienne du carrefour. Mimie regarde et sourit. Dans sa tête, elle se dit : « Seigneur c’est toi qui sait pourquoi j’en suis arrivée là. Donne-moi la force pardon ».

Par ailleurs, les recettes sont au rendez-vous tous les soirs. La petite amasse petit à petit une petite fortune. En un mois et demi, elle a de quoi régler la première tranche comptant pour sa scolarité. Le soir à la maison, après sa séance de prière, elle se sent comme déchargée d’un poids.  Au lieu de s’arrêter comme lui suggère Ma’a Agathe :

  • « Mimie tu as déjà l’argent de la pension. Laisse alors, je vais compléter. Toi-même tu vois comment ? ».

La jeune fille accepte malgré elle. Mimie était déjà habituée à cette vie. Des clients satisfaits des performances de son piment. Un piment bien rouge comme les tomates de sa voisine d’en face au Carrefour.

Mbombo est morte depuis 4 mois déjà. Ça fait 2 mois que Mimie vend son piment. Elle a changé. Même si elle ne le montre plus, sa grand-mère lui manque toujours. Les pleurs ont fait place au piment. Ça la chauffe aussi mais elle aime cette sensation quand elle travaille. Son comptoir est des plus sollicités au Carrefour. Elle fait ses premiers pas à l’Université depuis quelques jours. Ma’a Agathe est contente des efforts de sa nièce. Des efforts qu’elle n’aura plus à faire parce que la vieille dame a trouvé un emploi plus stable dans une entreprise en ville. La petite peut regarder l’avenir autrement.

 

  • « Ma fille, les choses s’annoncent bien. On m’a embauché dans une société ces jours-ci » lance Ma’a Agathe, toute joyeuse de partager cette nouvelle.
  • « Hein Mama ! Donc finalement ils t’ont recontactée hein !  C’est le seigneur qui est fort » s’exclame Mimie.

L’avenir s’annonce donc bien. Désormais, ses besoins de jeune fille seront comblés par sa tante qui ne cesse de remercier la vie pour cet enfant, qui n’est certes pas sorti de son ventre mais qu’elle aime de tout son cœur. Après les bisous, Mimie, seule dans la maison, regrette presque les mois de vente du piment mais sourit en se disant « Vendre le piment ce n’est pas bien mais souvent la vie ne nous laisse pas le choix … le plus important c’est de savoir quand et comment s’arrêter ». 

Auteur : Mota__Savio

Mollah, moi je suis Africain hein ! Camerounais et fier de l’être. Team: Vert-Rouge-Jaune ô Bosso. Internet ma muse, je n’oublie pas pour autant le ndolè et les missolè de mes ancêtres. Bref, je suis un gars comme vous : Un gars « connecté ». Hein ! Mollah