Trop de Master tue le Master - Auletch

Trop de Master tue le Master

Publié le 6 juillet 2014, par LGM

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Les gars, arrêtez pardon*! Arrêtez! Les étudiants mbenguistes* me wanda* grave sur l’autre ci. On dit souvent que la dure réalité de la vie au Mboa* nous a rendu travailleurs et nous aide à pousser loin dans les études, surtout quand on arrive en Mbeng* ; mais vraiment là, c’est trop! L’intelligence a dépassé le niveau. Tu  croises un djo*, le gars a trois masters différents, l’autre en a deux et est sur le point de commencer son troisième ; ne pose même pas la question au suivant, il doit être même au septième master heinnn! Ouiiii tara*, vous êtes fort !

Le pire est que ce sont des diplômes de divers horizons ! Le gars a un master en mathématiques appliquées, puis un autre en lettres modernes, puis un troisième en droit des affaires. Tu fais nyaang*, il ajoute l’expertise comptable sur ça, la gestion ou même l’ingénierie électronique, tout ça pour la même personne! Et n’essaye pas de le tester sur sa chose, le gars est fort au point où tu te demandes s’il n’a pas été professeur dans une autre vie. Son CV le plus réduit a au moins cinq pages alors qu’il est encore étudiant. Après ils seront surpris quand un éventuel employeur va leur parler de « surqualification », le vrai ndem!

Vous voilà déjà en train de rire et de vous moquer, au lieu de vous de demander pourquoi ce phénomène, étrange non mollah* ? Alors que tout jeune au lycée, personne ne se voyait dans un parcours de sept masters ; on n’imaginait même pas certains en obtenir un seul. L’idée était bien cadrée : je fais mon cycle plein, j’obtiens mon diplôme, et je cherche le travail. JCD – Jeune Cadre Dynamique – des lettres qui font rêver … mais alors … est ce que la vie est facile ? Tu arrives en Mbeng*, tu te tapes tes années d’études propre, tu avances même sans crevaisons, étudiant brillantissime on dit. Ton avenir est tout tracé : finir ton études master en poche avec à la clé, le boulot et le bon salaire qui va avec. Tu imagines déjà ta vie à ce moment-là ; tu as même déjà fait des millions de projets, comment tu vas gérer tes congés payés, comment tu vas sortir le soir avec tes collègues après le taf, comment tu auras même ta carte de visite avec écrit dessus Chef service machin chouette … LOL .. ta vie est beau mon ami, tu es trop bien né!

C’est quand tu finis tes études que le cauchemar commence. Tu enchaînes les entretiens d’embauche comme si c’était la prescription médicale. Beaucoup trouvent du boulot heinn, mais paradoxalement plusieurs n’en trouvent pas, et la crise ne facilite pas les choses. Le temps commence alors à s’écouler, ton kaolo* de pauvre étudiant tire à l’expiration, tonton préfecture commence à te mettre l’œil – tu avais dit que tu venais fréquenter nonn ? Tu as donc fini, il faut rentrer chez toi ! Te voilà qui commences à être hanté par la Préfecture (si vous n’avez pas encore vu la préfecture dans vos rêves, c’est que vous ne pouvez pas comprendre). Tu as eu ton master depuis quelques mois, mais tu ne trouves pas de boulot malgré toutes tes démarches. Bientôt sans-papier, la seule solution plausible, à défaut de te marier à un(e) naturalisé(e), est de te réinscrire au school et te voilà dans une autre affaire de Master, alors que tu n’avais pas toi prévu ça ! On va faire comment ? Mbeng* a les dents !! Affaire de kaolo* là, ça ne rigole pas ! Tous les moyens sont bons pour être en situation régulière. Voilà alors comment un gars se retrouve avec trois masters, sans avoir vraiment eu le choix. Est-ce qu’on avait un jour pensé à l’affaire qu’on appelle doctorat là ? Quand tu as épuisé le quota de master, tu t’inscris toi en cycle de doctorat – lool – alors qu’avant c’était : « Gars, easy*, qui va passer aussi de temps sur les bancs ? Je pointe mes cinq ans propre dion*, le doctorat là c’est pour les Jean l’école ! »  Nous voici tous devenus « Jean l’école » !!

Donc les gars, abeck*, sachez que Mbeng* n’est pas facile. Lui, il s’est arrêté à trois masters, mais vous ça peut être même le double, seule votre humilité et votre patience pourra vous aider à tenir le coup et à en être plutôt fier. Mais une chose est sûre : Mbeng* est dure comme les fesses du crocodile. Laissez vos rêves insouciants et accrochez-vous à la réalité.

 

Légende

Mbenguiste :  africain vivant à l’etranger (Europe,USA, Canada, Chine)
Wanda : étonner
Mboa : pays
Mbeng : Europe,Usa
Djo : homme
Nyaang : trahir, ne pas assurer
Ndem : rater, louper
Kaolo : papier
Easy : doucement
Dion : dis donc
Abeck : pardon

 

Source image : http://www.thenewblackmagazine.com/

Auteur : LGM

Passionné d’art contemporain et de culture afro, j’aime la cosh, l’humour et l’écriture. Regardeur de jolies filles au carrefour (sauf en hiver), ancien katika au Djambo, j’adore la combinaison okok + saucisse de manioc en robe de raphia et fibre de bananier. Mon tag préféré : ‘’sourire’’.