Traditions & Légendes : Sur les traces de l’histoire de la chefferie Bafut au Cameroun

Traditions & Légendes : Sur les traces de l’histoire de la chefferie Bafut au Cameroun

Publié le 16 octobre 2017, par Charly ngon

Lorsqu’on parle de la chefferie Bafut, l’on ne peut pas manquer de faire allusion à son magnifique palais royal qui est classé dans la liste indicative du patrimoine mondial de l’UNESCO ou encore de son Fon Abumbi ll qui totalise un nombre record de 100 femmes et plus de 500 enfants. Mais la particularité de la chefferie Bafut réside aussi dans son histoire.

Les Bafut sont des semi bantou-Tikar qui auraient débuté leur immigration depuis le Lac Tchad sous la pression des Foulbé. Puis, ils auraient continué leur progression sur les rives de la Bénoué, Ngaoundéré, les bords de Banyo, de Bamoun jusqu’à la région du Nord-Ouest au XVe siècle.  L’histoire raconte que cette chefferie doit son existence à Mfor Feurlu voilà déjà plus de 500 ans. Ce denier au cours de ses conquêtes guerrières va réussir à unifier les villages Bukari et Mbelili qui vont dorénavant former un village qui portera  le nom de Ba Feurlu. Avec l’arrivée des colonisateurs allemands au 19ème siècle, la vie de cette chefferie va connaitre d’énormes bouleversements, à commencer par le nom, qui va devenir Ba Fut, une appellation dit-on serait le fait d’une mauvaise interprétation.

© Esteban Rey

Selon les recherches historiques, la présence allemande à Bafut a été très sanglante. En effet lorsque, les allemands arrivent, ils veulent signer les traités commerciaux avec le Fon Bafut. Mais celui-ci va repousser toutes leurs propositions et au cours de cette négociation deux allemands vont perdre la vie. Au lieu d’attaquer Bafut, Zintgraff va lancer une offensive vers la chefferie de Makon, en prétextant que ces assassinats seraient un coup du chef Makon, qui voyait mal sa future entente avec le chef Bafut. Lorsqu’il décide d’attaquer les Makon, il est surpris de voir le peuple Bafut venir porter main forte aux Makon. Il n’aura la vie sauve que grâce aux guerriers Bali qui l’accompagnait.

© Wikipedia

Cette défaite allemande a fait des chefferies Bafut et Makon, deux grandes puissances dans la région du nord-ouest. Faisant d’elles des chefferies autonomes, qui ne sont pas sous l’emprise du colon, ceci jusqu’à 1903. Mais cette autonomie va prendre fin au cours de la même année, lorsque le lieutenant Allemand Pavel, va lancer une répression violente sur les deux chefferies. Armés de nouvelles armes de combats, les troupes allemandes vont être sans pitié pour les deux chefferies. Cette attaque va coûter la vie a de nombreuses personnes. Poussant ainsi les Fons à un exil forcé. Fatigués de vivre loin de leurs chefferies, le chef Bafut, tout comme celui de Makon vont se rendre à l’administration allemande.

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C’est ainsi que pendant plusieurs années la chefferie de Bafut va être sous l’emprise allemande. Une présence marquée par de nombreuses réalisations, comme le palais du chef qui est construit selon le modèle architectural germanique. Au niveau du pouvoir traditionnel, le chef n’a qu’un rôle de figurant. Apres le départ des allemands, la chefferie va être secouée par les problèmes de successions, la chefferie a déjà connu 11 souverains  (Achirimbi 1er, Abumbi 1er, Achirimbi ll et Abumbi ll…).

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La chefferie de Bafut, c’est aussi un impressionnant patrimoine culturel qui s’offre aux nombreux visiteurs. Au cours de la fête de Lela, qui est organisée pendant le mois de décembre, on célèbre l’unité des villages  Bukari et Mbelili par le fondateur de la chefferie, mais aussi pour l’intronisation du Fon. Cette fête est organisée dans plusieurs villages et pour le rayonnement de celle-ci, chaque village apporte une touche particulière à son évènement.

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch