Traditions et légendes : Pourquoi on appelle les Bamoun serpent à deux têtes ?

Traditions et légendes : Pourquoi on appelle les Bamoun serpent à deux têtes ?

Publié le 16 mai 2018, par Charly ngon

Au Cameroun, les Bamoun sont considérés comme des serpents à deux têtes. Cette métaphore qui existe depuis des siècles traduit la trahison. Pourtant loin de ce cliché dévalorisant, le symbole du serpent à deux têtes a une autre signification qui fait la fierté de ce peuple. Today sur Au Letch, on vous dit tout.

C’est vrai que le symbole qui représente le peuple Bamoun est un serpent à deux têtes. Une représentation qui ne doit rien au hasard, puisque le puissant roi Mbuembue à qui on doit ce symbole a voulu donner une dimension importante non seulement à son règne, mais surtout à son peuple. Comme tout monarque ses actions devaient suscitées de la peur et du respect auprès des autres peuples. Du coup, certains comportements ont donné lieu à une mauvaise interprétation de ce symbole dans l’espace public.  Mais comment le roi Mbuembue a-t-il fait ?

Au début du 19 ème siècle, une grande guerre tribale oppose le roi Mbuembue, au peuple Pou qui occupe de vastes espaces de terre situés au niveau de l’actuel centre commercial de Malentuem et du côté  de la rive droite du fleuve Mbam qui se poursuit vers la localité de Ripa tout proche de la ville de Ngambe Tikar. La guerre était tellement rude que toutes les manœuvres mises en place par les Bamoun pour terrasser les Pou étaient vaines. Les Pou détenaient un monstre sur lequel ils appuyaient pour contrer les velléités des Bamoun. Pourtant ce monstre du nom de  Sanumput qui veut dire « haut jusqu’à mordre le ciel » qui terrorisait les Bamoum, n’était qu’un objet artificiel ayant la forme d’un reptile fabriqué pour effrayer l’ennemi. Il suffisait seulement aux Pou de sortir leur soit disant monstre jusqu’à ce qu’il est la tête au dessus des arbres et de le faire balancer tout en simulant une attaque, pour faire fuir les guerriers Bamoun.

Convaincus de l’invincibilité des Pou, les Bamoun rebroussent chemin, question d’avoir de nouvelles stratégies. Chez les Pou par contre, la vie retrouve sa quiétude, jusqu’au jour où un évènement malheureux se produit. Manchou, le serviteur du roi Pou, qui est à l’origine de la conception du monstre, est repris par ce dernier pour une histoire de nourriture. Blessé au plus profond de son être, Manchou quitte le royaume Pou pour s’associer au roi des Bamoun, Mbuembue. Devenu le nouveau conseiller du roi, il livre le secret du Sanumput en faisant une démonstration devant tout le monde. A la fin de la saison pluvieuse, le roi Mbuembue lance donc une offensive contre les Pou. La présence du monstre n’avait plus aucun effet sur les guerriers Bamoum, la défaite était donc sans appel pour les Pou.

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Pendant que la guerre battait son plein entre les guerriers Pou et Bamoun, le roi Mbuembue est informé d’une autre attaque sur le flanc Ouest du bord du Noun. Une nouvelle offensive lancée par le peuple Mgbètnka avec le soutien des Mère. Pour stopper les assauts de ses belligérants, le roi envoya une troupe bien armée. Après la défaite du roi Pou, ce dernier traversa le fleuve Mbam pour se réfugier. Le roi Mbuembue qui avait atteint son objectif, récupérer les terres du roi Pou, jouissait maintenant d’un grand pouvoir. Pour éviter d’autres guerres tribales, les vaincus signèrent donc des alliances avec lui. Pour célébrer dont son triomphe, le roi décida de faire fabriquer un objet symbole de sa double victoire. Tout porte à croire selon les historiens Bamoun que l’idée du serpent à deux têtes vient du monstre Sanumput qu’il a vaincu. Le symbole du serpent à deux têtes représente donc le double triomphe du roi Mbuembue face à ses ennemis.

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Quant à Manchou, le roi Mbuembue a fait de lui un grand notable dans le palais Bamoun. On installe sa résidence au quartier Manka’a, un lieu où se trouve l’actuel hôtel beauregard. Manchou était devenu un homme tellement important à la cour royale que chaque fois que le roi nommait un nouveau chef de l’armée traditionnelle, c’est chez lui qu’on organisait les festivités. Même dans le chant de guerre du royaume son nom était scandé.




Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch