Tout savoir sur le processus de désignation du nom d’un enfant

Tout savoir sur le processus de désignation du nom d’un enfant

Publié le 16 avril 2021, par Charly ngon

Le choix du nom d’un nouveau-né est souvent lié à certains piliers traditionnels, à la reconnaissance envers une personne décédée ou pas et à des évènements qui se sont déroulés à un moment donné dans la vie.    

Choix du nom de l'enfant

 Le nom, c’est le premier élément par lequel on identifie un individu dans la société. C’est un signe distinctif qui le rend unique, un héritage culturel qui se transmet au fil des générations pour pérenniser l’arbre généalogie d’une famille. C’est la raison pour laquelle très souvent avant un accouchement, le nom du nouveau-né est toujours à l’origine des tensions au sein des couples. Parfois, celui-ci ne dépend pas seulement du couple, mais aussi des autres membres de la famille qui pèsent de toute leur influence pour avoir un mot à dire. C’est finalement à la suite d’un commun accord que les différentes parties finissent souvent par s’entendre. On veille surtout à ce que ce ne soit pas n’importe lequel nom, de préférence un nom qui aura un impact au-delà de sa simple personne. La tendance est au nom africain ( généralement celui du père) suivi des prénoms occidentaux.

Au Cameroun, l’attribution d’un nom d’un bébé obéit à un rituel qui diffère d’une région à une autre. Les Mafa du Nord Cameroun par exemple procèdent par un rite particulier. Et c’est la personne la plus âgée du village qui s’en charge, en faisant une série d’incantations qui consiste à prendre une boule de mil qu’il mâche jusqu’à obtenir quelque chose de mi- liquide et mi- pâteux. Une fois cette matière obtenue, il la recrache en l’air de manière à ce que ces rejets tombent sur l’enfant pendant qu’il le balance en prononçant dans le creux de ses oreilles son nom. L’explication donnée à ce rite est que le nom qui est prononcé devant la communauté doit être le même qui a est prononcé aux oreilles du bébé. À l’ouest du Cameroun, les choses se déroulent différemment. Lorsque c’est un garçon, on attend d’abord qu’il soit circoncire avant de lui donner un nom. Pour la fille, on fait d’abord le « Shu tese » qui veut dire « envoyer le nom » qui est un rite qui consiste à percer les oreilles du bébé avant de donner le nom.

Certaines circonstances comme l’ordre de naissance peuvent influencer sur le choix des noms des enfants. C’est le cas chez les Guidar, Kapsiki, Hina, Daba au Nord Cameroun. Les noms correspondent le plus souvent au nombre total d’enfant. C’est ainsi qu’on nommera le premier né Tizi, le second Zourmba et le troisième Toumba. Cette méthode permet de définir l’ordre de prééminence de chaque enfant sur les autres. Surtout si ceux-ci sont les enfants d’une même mère. Ainsi, les cadets devront donner du respect à leurs ainés. Lors du partage des repas ou encore de l’héritage, on tient compte de ce classement. Il y a également les circonstances de naissance qui peuvent inspirer le nom d’un enfant. Chez les Ewondo, une fille qui est née pendant un conflit s’appellera Bitomo. Très souvent, durant l’accouchement, les choses ne se passent pas toujours bien. À l’ouest du Cameroun, chez le peuple Bandjoun en particulier, les enfants qui naissent en sortant par les pieds portent le nom de Tatchum pour les garçons et Matchum pour les filles.

De manière générale, on attribue le plus souvent aux nouveau-nés les noms des personnes décédées. C’est un choix que certaines familles font pour rendre hommage à une personne qui aura marqué son entourage par ses nombreuses qualités. Comme le courage, l’humilité, son sens de la loyauté, sa gentillesse et son esprit de partage pour les citer. Il peut être un ami de la famille ou une personnalité bien connue. Ainsi, à travers le bébé, on pérennise la mémoire de l’illustre disparu, on le faisant revivre d’une certaine manière pour qu’à chaque fois qu’on ait une pensée pour lui. L’autre phénomène qu’on observe le plus souvent, c’est celui des enfants nés hors mariage. C’est souvent délicat lorsque le couple ne parvient pas à communiquer. Si le géniteur n’a pas été présent, tout au long de la grossesse, il perd le droit de donner le nom à son enfant qui portera celui du côté maternel.

Parfois, lorsqu’un couple perd successivement plusieurs enfants, et que malgré tout ça, il parvient à mettre au monde un enfant qui a réussi à vivre. On attribue à cet enfant un nom spécial qui marque la fin de cette période noire. C’est le cas chez les Tikar de l’Adamoua, qui donne le nom de Zinban à l’enfant ce qui veut dire « Il n’a pas de nom ». Il y aurait dans les autres tribus au Cameroun des noms similaires qui sont donnés à la suite de rites. Certains noms deviennent des fardeaux à la longue pour beaucoup d’enfants et le plus difficile c’est de pouvoir les assumer pleinement. Surtout si ceux qui les portaient avant avaient une bonne réputation dans la société. Alors une question se pose, est-on condamné à réussir juste parce qu’on porte le nom du personne qui a connu le succès dans la vie ?

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch