Tout savoir sur le combat des femmes de Kom et Kedjom au sein de l’Anlu en 1958

Tout savoir sur le combat des femmes de Kom et Kedjom au sein de l’Anlu en 1958

Publié le 1 avril 2021, par Charly ngon

L’Anlu était une organisation constituée exclusivement de femmes qui défendait les intérêts des populations de Kom et Kedjom contre les abus des autorités britanniques dans le Nord-Ouest. Mais son combat va se heurter à la trahison des siens.

Anlu

Source : Histoire du Cameroun ( Twitter)

Les batailles menées au Cameroun par les populations pour la sauvegarde de leurs intérêts contre les colons n’ont pas toujours été initiées par les hommes. C’est vrai que sur ce pan de l’histoire du Cameroun, les hommes, de manière générale bénéficient d’un traitement de faveur par rapport aux femmes. Dans la partie anglophone, les femmes, tout comme leur congénère masculin ont été à la tête de grands mouvements de contestations historiques qui ont fait basculer l’administration coloniale en place de l’époque, ainsi que l’administration locale. Comme ce fut le cas avec les femmes de Kom et Kedjom de la région du Nord-Ouest. Ce groupe de femmes a lancé l’une des revendications de grande envergure connue comme la rébellion anti-coloniale des femmes de l’Anlu.

Avant d’aller en profondeur, nous allons d’abord vous expliquer ce que c’est que l’Anlu. Il faut déjà savoir que, les femmes ont toujours su mettre en place des organisations pas forcément où elles se retrouvaient pour échanger sur certains problèmes auxquels elles faisaient face. C’étaient des exutoires pour elles, mais aussi des entités capables de faire bouger les lignes.  Dans le Nord-Ouest, c’était le rôle de lAnlu servait donc de point de rassemblement pour les femmes. Lorsque l’une d’elles était victime d’agression, toutes se mobilisaient pour se faire entendre. Elles utilisaient des chants et des propos injurieux en tout genre pour adresser leur message. Elles ne s’arrêtaient pas là, elles utilisaient leurs urines et leurs excréments quelque fois comme des armes qu’elles balançaient devant la maison du coupable. Cette pratique était impressionnante, en même temps, elle faisait peur à quiconque viendrait à porter atteinte à l’honneur d’une femme.

L’administration anglaise ne va pas tarder à l’apprendre aussi à ses dépens. Vers la fin des années 50, les femmes de Kom et Kedjom sont informées de ce que le colon anglais, avec l’aval de certaines autorités locales, veut adopter certaines mesures qu’elles jugent inacceptables, à la limite très offensantes. Pour ne pas se laisser faire, près de 7000 femmes vont se mobiliser pour dire déjà non au projet de cession de leurs terres aux populations Igbo. La décision était vraiment imminente, les anglais qui avaient aussi une main mise au Nigeria, voulaient installer ce peuple sur les terres du village Njinikom qui étaient très fertiles. Cette sortie leur a également permis d’exprimer leur ras-le-bol contre la dévastation de leurs champs causé par le passage du bétail avec l’accord des autorités britanniques et enfin la décision du conseil d’approuver une loi qui ignorait une culture adaptée au contexte agricole local.

Soutenu par le KNDP (Kamerun National Democratic Party) un parti qui s’opposait farouchement à la politique menée par le gouvernement colonial. Les femmes de Kom et Kedjom  vont marcher sur 20 Km jusqu’à la ville de Bamenda où se trouvait le siège du gouvernement colonial pour défendre leurs droits. Durant deux semaines, elles vont perturber la tranquillité de la ville avec des chants et des cris. Par la suite, d’autres femmes vont se joindre au mouvement. Leur témérité va finir par porter ses fruits, mais la suite sera triste. Lorsque le KNDP (Kamerun National Democratic Party) leur allié de départ va remporter les élections qui vont aboutir à l’indépendance du pays en 1961. Les dirigeants du parti vont s’arranger à réduire au silence les membres influents de l’Anlu dans l’espace public. Ce triste épisode est révélateur de la considération qu’on donne aux femmes quand bien même celles-ci font preuve de bravoure. Le mouvement comptait en son sein deux figures importantes qui sont devenus des symboles oubliés de la lutte pour la liberté à Kom. Il y avait Fuam encore appelée la reine et Muana connue sous le nom d’officier divisionnaire.

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch