Symposium : plaidoyer pour la restitution des œuvres africaines, la célébration des héros et la reconstruction de la mémoire collective

Symposium : plaidoyer pour la restitution des œuvres africaines, la célébration des héros et la reconstruction de la mémoire collective

Publié le 26 décembre 2023, par Charly ngon

Des intellectuels réunis autour du prince Kum’a Ndumbe III pour un plaidoyer sur les œuvres africaines volées, la célébration des résistants contre la colonisation et la reconstruction de la mémoire collective.

Symposium : plaidoyer pour la restitution des œuvres africaines, la célébration des héros et la reconstruction de la mémoire collective

Le prince Kum’a Ndumbe III, ardent défenseur de la culture africaine, camerounaise et plus spécifiquement de la culture sawa dont il est originaire, a récemment organisé un symposium d’envergure internationale. L’événement s’est tenu du 21 au 22 décembre 2023 au siège de la fondation AfricAvenir International, située à Bonaberi. L’objectif principal de cette rencontre s’est articulé autour de trois thématiques majeures. Tout d’abord, la restitution des œuvres de pouvoir, de culte et d’art africain a été abordée. Ensuite, une célébration a été dédiée aux héros qui ont lutté contre la colonisation. Enfin, la reconstruction de la mémoire collective des peuples africains a été un enjeu primordial. Cette initiative a suscité un vif intérêt et a rassemblé des étudiants, des chercheurs et des enseignants chevronnés de plusieurs établissements universitaires du Cameroun.

La leçon Inaugurale

C’est par une leçon inaugurale du prince Kum’a Ndumbe III que les travaux du symposium ont débuté. Le professeur émérite des universités et chef de traditionnel a servi à l’assistance un cours magistral. Celui-ci portait sur les séquelles de la colonisation en Afrique et au kamerun depuis 1884 à nos jours. « La meilleure réussite de la colonisation, c’est quand le colonisé, bien que affranchit et dit indépendant, continue à s’autogérer jusque dans son subconscient comme un colonisé qui doit plaire ou ressembler au colonisateur » a indiqué le professur Kum’a Ndumbe III. Selon lui, les Africains et les Camerounais sont affligés d’un complexe qui les empêche de se libérer complètement de leur passé colonial. Leurs attitudes quotidiennes laissent clairement transparaître leur condition de colonisés, même s’ils refusent de l’admettre. Ils sont encore loin de l’émancipation dont ils se targuent avec fierté.

Le prince a également mis en évidence le fait que l’histoire africaine a souvent été narrée à travers le prisme des colonisateurs, négligeant ainsi les perspectives et les récits des Africains eux-mêmes. Par conséquent, il appelle à une réécriture de l’histoire qui intègre les voix et les expériences des peuples africains, afin de rétablir une image plus juste et équilibrée du continent. Au cours des 41 dernières années, il s’est consacré à cette tâche de restitution de l’histoire authentique. Il a parcouru une grande partie du Cameroun afin de rencontrer certains témoins de l’histoire du pays. Leurs témoignages édifiants ont été traduits en 18 volumes en français, 12 volumes en anglais et 3 volumes en allemand grâce au soutien de la Gerda Henkel Stiftung, une organisation allemande. Actuellement, 22 volumes attendent d’être traduits faute de moyens financiers pour le faire.

La célébration des héros

Le symposium a également été l’occasion de célébrer les héros camerounais qui ont vaillamment lutté contre la colonisation. Dans le but de présenter de manière optimale l’histoire de ces résistants, une série de panneaux a été installée dans la bibliothèque de la fondation où s’est tenu le symposium, afin de rendre hommage à ces figures historiques. Sur chacun des panneaux, le nom de chaque résistant, les lieux de résistance et les périodes de résistance étaient mentionnés. Parmi ceux-ci se trouvaient des noms bien connus tels que Kum’a Mbappe (Lock Priso Bell), Omgbwa Bissogo, la résistance Bakoko, les Etenga, les Essele, les Bati, Roi Kumabembe, Lamido Ahmadou Roufey…

Les héros de la résistance

Les échanges des intervenants ont également porté sur la restitution des œuvres africaines qui ont été pillées, volées ou détruites pendant la période coloniale. Il a été souligné que ces œuvres représentent des témoignages précieux de l’histoire, de la culture et de la spiritualité africaines, et qu’elles doivent être rendues à leurs pays d’origine. Dans sa présentation, le Dr Patrick Calvin Bandah Panga, enseignant à l’université de Bertoua, a démontré que pendant les 30 années de colonisation allemande, entre 40 000 et 50 000 objets de pouvoir et de culte ont été conservés dans les musées européens.  Cependant, le prince a fait savoir, lors de sa leçon inaugurale, que ces objets demeurent encore inaccessibles en raison de contraintes administratives. En tant que petit-fils de Lock Priso Bell, le prince Kum’a Ndumbe III attend depuis 25 ans la retrocession de la proue royale (Tangué de Lock Priso).

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch