La solitude des mbenguistes à leur arrivée et même après … - Auletch

La solitude des mbenguistes à leur arrivée et même après …

Publié le 23 août 2013, par dartnaud

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Vous avez entamé la procédure de demande de visa. Vous voulez tellement aller en Mbeng que rien n’est laissé au hasard ; vous multipliez les prières, catholique, musulman, ancestrale même ! A l’heure là, tous les Dieux mènent en Mbeng! Vous obtenez enfin votre visa… Vous (la famille et les amis) êtes contents, l’aéroport est plein de « vos gens » pour vous dire au revoir. Une fois le checking passé, vous voilà seul dans la salle d’embarquement. C’est là alors que les problèmes commencent …

C’est un sujet qui touche la quasi-totalité des nouveaux mbenguetaires, mais aussi les anciens. Il s’agit de la solitude, ce truc qui vous ronge la vie et face à laquelle vous ne pouvez rien faire, sinon laisser le temps agir pour vous. Et ça commence dans la salle d’embarquement à l’aéroport. C’est votre premier voyage, vous êtes tout content de go en mbeng et vous venez d’embrasser chaque membre de votre famille et amis pour leur dire au revoir. Vous vous retrouvez seul dans cette salle, même si la salle est pleine de gars qui vont à l’aventure ; il y a toujours un mec qui fait genre il est habitué (même comme ça ne le laisse pas aussi) ; mais vous ne pensez qu’à une seule chose, passer quelques minutes de plus avec la famille restée dans le hall. Et en même temps, vous avez plein de questions sur ce qui vous attend en Mbeng. C’est le désordre dans votre tête, et ça ne fait que commencer. Point par point, on va un peu décortiquer tout ça.

Le voyage

Les gars, Mbeng est loin, très loin même ! C’est quand tu traverses la Méditerranée que tu confirmes qu’il n y a plus moyen de faire marche arrière. Ce n’est pas comme Yaoundé – Bafoussam, où vers Bafia tu peux dire au chauffeur de te laisser pour que tu fasses demi-tour. Mon frère tu es mouillé, tu es dans le bain. Que tu ailles aux USA, au Canada ou en France c’est la même chose. Pendant tout le voyage, tu ne penses qu’au pays, aux gens que tu as laissé. Tu n’as même pas encore fait  6 heures de vol mais la nostalgie veut déjà ta mort. Mbeng est loin les gars.

L’arrivée

Maaama ! Si tu es chanceux, il y a quelqu’un qui va came te falla à l’aéroport, sinon mon ami soit fort ! C’est là où on vous dit alors de ne pas envoyer les enfants en Mbeng seul. Si ta part de ndem commence à l’aéroport hein, c’est que ta solitude peut te bring chez les fous si tu n’as pas un mental de lion.

Les premiers jours

Voilà donc un gars en Mbeng, je vous épargne tous les ndems de nouveau mbenguetaire, du genre le climat, les nouvelles technologies et autres. Les premiers jours, tu wanda sur tout. Le first way, c’est que tu te rends compte que tu es noir, oui oui tu es noir mon ami. Au pays quand on parle de différence raciale, ça ne te dit rien parce que tu ne la vis pas. Tu as l’impression que tout le monde te regarde comme une identité remarquable. Tu as l’impression d’être différent ; en fait, c’est juste une impression. En réalité, personne n’a ton temps. N’empêche, tout ceci concourt à te sentir encore plus seul. Le soir, quand tu rentres dans ta petite chambre d’étudiant, et que tu mets ton mp3 aux oreilles pour écouter ta sélection musicale made in bled (petit pays, charlotte dipanda, lady ponce etc…), c’est là que la première larme comot pour les plus fragiles ou le chagrin te ronge pour les plus durs. C’est là que le goût pour go aux school se multiplie par 10 parce que c’est le seul endroit où tu peux parler aux gens. C’est là qu’on devient accro à internet (pour celui qui a la connexion). C’est là qu’on se forme au chacun pour soi. Vous l’avez certainement entendu d’ailleurs. Mbeng, c’est chacun pour soi et Dieu pour tous. Te faire de vrais amis fidèles est difficile, surtout quand quelqu’un t’invite au resto et à la fin tu dois payer ta consommation alors que tu étais toi posé tranquille chez toi, le bon monsieur est venu t’inviter…. Ici, il n y a pas de banc public où on peut nak les commentaires comme au kwatt ; il n’y a pas la boutique du Sénégalais où tu peux buy le pain beurre chocolat et écrire dans le cahier réservé à tes emprunts ; il n y a pas de stade de foot où tu peux aller sissia un muna et tcha sa place sur le terrain. Ici, il n y a pas les bons repas chaud de ma’a Pau, il n y a pas de bars avec un bon bikutsi à fond la caisse et un fût de porc braisé ou de soya à côté, on ne mange pas dans la même assiette autour d’un feu de bois …

Enfin bref, la solitude peut tuer quelqu’un dans ce pays où le froid s’est mêlé à la danse. Mais ne nous alarmons pas tant que ça, le temps et les gens qu’on rencontre nous font gérer au mieux ces moments seuls.

Quelqu’un a dit, il vaut mieux un petit chez soi, qu’un grand chez les autres … comme quoi, on ne se sent bien que chez soi. A bon entendeur, salut!

Auteur : dartnaud

L'Afrique mon essence, le Cameroun ma muse ... J'aime la tchop (le kouakoukou et le riz), les mots(la poésie), la musique (Bikutsi, Hip-Hop). Blagueur et toujours en mode sourire. Si tu veux me "vexe", touche mes dos !


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