Rite et tradition : les réalités du veuvage au Cameroun

Rite et tradition : les réalités du veuvage au Cameroun

Publié le 30 juillet 2021, par Charly ngon

Lorsque la mort frappe dans un couple, avant que la conjointe ou le conjoint éploré n’entame une nouvelle vie, il ou elle est soumise à un rite de veuvage selon la tradition africaine. Loin d’être un acte symbolique, beaucoup de veufs ou de veuves redoutent le veuvage à cause des actes barbares et humiliants.

Le veuvage au Cameroun

Source: Faces2hearts, image illustrative

Le rite de veuvage est une pratique traditionnelle soumise aux personnes mariées qui au cours de leur vie de couple ont perdu leur conjoint ou leur conjointe. C’est un acte de purification qui permet à la personne de rompre le pacte avec le défunt, avant de commencer une nouvelle vie. Celui-ci est marqué par des cérémonies qui sont parfois à la limite très exigeantes et redoutées par les personnes concernées à cause des actes de barbarie qu’ont les fait subir. Au Cameroun cette pratique est une réalité. Et sa durée est déterminée en fonction de chaque groupe ethnique.

A l’origine de cette pratique il est question pour le conjoint chagriné de surmonter la disparition de sa moitié et de montrer aux yeux du monde combien cette perte est lourde à supporter, d’où les privations et restrictions infligées tant pour la femme que pour l’homme. Mais le but est de rappeler le changement qui se produit dans leur vie et qu’à l’avenir tout ne sera plus comme avant. Ce changement se traduit par l’expropriation de la veuve et de ses enfants de la maison de son défunt mari, l’obligation d’épouser un frère du défunt ou être bastonné par toute la famille.

Chez les Bétis le rite de veuvage au-delà du fait qu’il soit symbolique, revêt un côté mystique. Il se pourrait qu’après la mort l’esprit du défunt est en errance, il ne veut pas partir car il est attaché à celui de sa femme et ceci donne toute sa plénitude à cette expression « jusqu’à ce que la mort nous sépare » et le but du rite est justement de l’aider à partir dans le monde des morts. Et si la pratique est mal effectuée cela peut entraîner la maladie voire la mort de la veuve.

Veuvage au Cameroun

Source: Faces2hearts

Tout débute par une séance de purification dans un cours d’eau, c’est-à-dire que la veuve go se wash en compagnie d’autres veuves mais plus âgées qu’elle, là-bas on ne cache rien toi-même tu vois nor, puis elle se roule sur un sol bouleux selon la coutume de l’Akus. Habillée comme une danseuse de mendiang, elle est chargée d’un rhizome de bananier fraîchement arraché de terre, avec lequel elle effectue le tour du village en pleurant en compagnie de la belle famille qui entonne des chants dont les refrains sont repris par l’ensemble des participants. Pendant cette marche elle ne doit ni tomber, ni laisser tomber le rhizome, mais peut le faire plus tard, ceci en pleine route. La plupart du temps cette séquence s’accompagne des bastonnades pendant le trajet par les membres de la belle famille. La symbolique de ce geste est de faire comprendre à la veuve la souffrance qu’avait le défunt pour leur apporter de quoi manger et parfois certains profite pour régler leur compte ya sorcellerie, et parfois accusée d’avoir tué son mari la veuve se soumet à ce rite pour prouver son innocence.

Apres cette phase, une décoction à base de feuilles cueillies en forêt par une des belle-sœur lui est donnée de boire, puis elle est débarrassée de tous les accessoires traditionnels qui enveloppent son corps et on lui fait prendre un bain une fois de plus dans un cour d’eau, et c’est ainsi que prend fin le rite, mais si elle le veut, elle peut être la femme d’un frère du défunt selon la tradition.

Chez les Yemba une composante Bamiléké le rite de veuvage a une durée de deux semaines, et les procédures en ce qui concerne un veuf sont plus simplifiées. Conscient de son émotion d’une part et soucieux d’autre part de l’accueille des différentes délégations qui prennent part au deuil, celui-ci est exempte de vivre retirer de la communauté au contraire, c’est lui qui est chargé de tout l’organisation, son rite de veuvage est symbolisé par sa capacité à offrir à manger et à boire aux personnes. Mais cette pratique n’est pas unique à ce groupement d’autres tribus le font aussi, le rite de veuvage des hommes se règlent avec les moyens financiers au-delà de porter un habit noir ou autre. Pourquoi une telle différence pourtant l’homme comme la femme souffre aussi bien de la perte d’un être cher.

 

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch