Rencontre avec Laura EBOA SONGUE, co-fondatrice de FASHIZBLACK - Auletch

Rencontre avec Laura EBOA SONGUE, co-fondatrice de FASHIZBLACK

Publié le 1 octobre 2013, par dartnaud

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Auletch.com, web magazine afro (à coloration camerounaise) est allé à la rencontre du magazine de mode FASHIZBLACK. Créé par 3 amis, ce magazine a connu une croissance fulgurante dans le secteur de la culture, de la beauté, et de la mode dite afropolitaine. Laura EBOA SONGUE, l’une des valeureuses femmes qui dirige le magazine a bien voulu répondre aux questions d’auletch.com.

Bonjour Laura. Pour commencer, est-ce que vous pouvez présenter le magazine Fashizblack aux lecteurs du site auletch.com ?

Fashizblack est un magazine de mode, beauté, culture, life style, qui s’adresse principalement à ceux qu’on appelle communément les Afropolitains – Africains de culture cosmopolite. C’est un pont entre deux cultures, celle des magazines de mode occidentale et celle dite Afro.

Comment est-ce que cette aventure a commencé ? Depuis le skyblog jusqu’au magazine en kiosque, il y en a eu du chemin ! Racontez-nous ce parcours, nous sommes curieux.

Fashizblack est une aventure qui a débuté depuis longtemps et qui a évolué au fil du temps en fonction des constats observés.

Les années 2000 ont été marquées par une forte émergence de blogs de street style et de mode, très souvent administrés par des Occidentaux et très peu ou pas par des Africains évoluant sur Skyblog à l’époque. Fort de ce constat, Paola Audrey Ndengue (co-fondatrice), camerounaise d’origine et amatrice de mode, soucieuse de valoriser de manière différente ce côté afro souvent laissé à la traîne, lance une toute première plateforme de street style afro sur Skyblog avec trois autres personnes. C’est le début d’une longue aventure appelée Fashizblack.

Celle-ci est passée par plusieurs supports au fil du temps, mais a toujours su garder le même fil conducteur. Dans un souci de flexibilité et d’expansion, deux personnes se sont jointes à Paola, notamment pour l’aspect technique (site web) et l’aspect commercial (communication). La création du site web suivra en 2008, puis le passage au magazine digital, et enfin une grande campagne de récolte de fonds pour lancer la version papier en 2011.

Qu’est-ce qui vous a poussé à passer à l’étape du magazine papier. Quel a été le déclic ?

On voulait réellement se faire comprendre auprès du public, montrer ce côté cosmopolitain de Fashizblack. Mais surtout se démarquer de façon originale.

Le concept Afropéen chez Fashizblack ?

Le concept Afropéen est un concept qui représente assez l’équipe. C’est une façon d’être, un état d’esprit, de quelqu’un qui a des racines africaines et qui vit en Europe … même si on préfère le concept Afropolitain car plus global, et pas dépendant d’une zone géographique en particulier. Quelqu’un qui est ouvert sur le monde. C’est une sorte de métis, un citoyen du monde, ayant cette ouverture d’esprit et cette capacité à mixer les influences et les origines.

Vous êtes de vaillantes entrepreneuses d’origine camerounaise, et pour un magazine de qualité comme le vôtre, vous êtes certainement entourés de talents. Parlez-nous de l’équipe Fashizblack.

Nous sommes une grande équipe dont les trois cofondateurs qui sont d’origine camerounaise. Mais dans le grand ensemble, on dira 50 % d’origine camerounaise et le reste originaire d’autres pays (Sénégal, Congo, Haïti..).

Les apéros fashiz, c’est quoi le concept et quel en est le but ?

Un des objectifs fixés par Fashizblack était de se lancer dans l’évènementiel, mais le sujet a été un peu mis de coté pour se concentrer sur le produit-phare – le magazine. Après avoir atteint cet objectif et s’être dit « ok, on a une cible, un public atteint, une marque qui est forte, un produit finalisé et bien monté sur lequel on a pas mal travaillé , on peut reprendre ce projet concernant l’évènementiel ». L’idée était de trouver une approche de départ qui ne serait pas forcement quelque chose de grandiose comme une conférence, étant donné notre manque d’expérience dans ce domaine pour l’instant. D’où les Apéros Fashizblack, qui nous semblaient plus simples, conviviaux et faciles à gérer, durant lequel il y aurait des thèmes et débats d’échanges avec le public. La première édition a d’ailleurs été une très belle expérience, tout s’est bien passé, les retours et avis ont été positifs.

Le numéro de septembre, en quelques mots …

Déjà, il faudrait savoir que septembre c’est la rentrée mode, c’est là qu’on présente les tendances phares de la période et tout ce qu’il y a autour. En Cover de ce numéro de septembre figure la top model Sessilee Lopez, une de celles-là qui ont déjà fait des défilés pour plusieurs grandes marques ; elle a notamment fait la couverture de VOGUE Italie pour le concept All Black en 2010. L’idée est de ne pas seulement plonger dans le système image des célébrités, même si cela fait vendre. On essaye de faire l’équilibre en étant un magazine à la fois de mode & life style et pas uniquement de mode et beauté comme beaucoup d’autres, une façon d’être original en soi. C’est d’ailleurs l’idée dans laquelle baigne notre nouveau site web, qui sera la toute première plateforme Mode, Beauté & Life Style Afro, un site web qui sera une sorte de portail entre ces trois plans.

Quelle sera la tendance mode de cet automne ?

La tendance de cet automne/hiver est aux vêtements sombres. Il y a beaucoup de noir, vous le remarquerez d’ailleurs dans le numéro de septembre. Il y a du tartan, des jupes et robes à fentes, mais dans le grand ensemble on dira que c’est quasiment les mêmes tendances passées qui reviennent. On dira donc que c’est un peu un mix, chacun choisit ce qu’il veut, ce dans quoi il se sent bien, ou qui va avec sa personnalité. On a des éditos qui vont outre les stéréotypes qu’a le grand public en général, où l’on présente des tendances et on explique comment les porter, question d’aider les lecteurs dans leurs inspirations à choisir ce qui leur correspond et à être ce qu’ils veulent être.

Quels sont les projets de Fashizblack sur le continent Africain ?

Il y a pas mal de projet en cours, surtout sur le plan éditorial. On entreprend d’inclure et de travailler avec des designers afro dans nos Wishlists (page shopping), nos shooting aussi. Mais on reste confronté à plusieurs problèmes notamment sur le plan logistique et sur la pratique même de la chose, dans la mesure où le système est moins pratique en Afrique. Les choses ne sont pas encore automatisées et répertoriées comme ici en Occident. Les designers Afro, qu’ils soient ici ou en Afrique, ont encore un gros retard comparé à leurs concurrents d’origine différente, pas de matériel adéquat, une certaine lenteur … Ce qui est un grand frein à notre volonté de travailler avec eux, même si on essaye de les booster et les inclure au maximum. De plus, on essaie d’être présents dans toutes les Fashions Week en Afrique qui nous semblent pertinentes, de les couvrir, d’être partenaire d’évènements qui font sens au vu de notre ligne éditoriale. On pense aussi à un élargissement de nos points de distributions en Afrique en général et dans certains pays en particulier à l’horizon 2014.

Comment voyez-vous Fashizblack dans 3 ans, avez-vous des challenges en vue ?

Plus tard, on espère avoir atteint au maximum cet objectif d’avoir créé une certaine habitude de consommation chez les gens, de toujours savoir ce que veut le lecteur. Que ce soit sur la plateforme numérique ou dans le magazine papier, être cette référence-là, ce portail qui donnerait toutes les informations dont un lecteur aurait besoin, bref être un incontournable de la mode et de la beauté, en passant par un accroissement de la distribution et des partenariats.

Nous parlons beaucoup sur notre site de la diaspora camerounaise. Comment vous positionnez-vous par rapport à votre statut de « mbenguetaire » vis-à-vis du Cameroun, votre pays d’origine ?

Pas de position particulière dans ce sens-là. Mais on pense que dès le moment où on comprend comment et pourquoi les termes et concept sont créés, il n’y a pas de malaise. On s’accepte comme on est, on comprend cette vision et aussi le raisonnement des autres, notamment ceux qui vivent en Afrique, malgré cette fausse perception de lier irrévocablement le fait de vivre en Europe à une quelconque réussite.

Pour terminer, quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes entrepreneurs africains et à ceux qui hésitent encore ?

Etant nous-même encore en train d’essayer de nous trouver, on a envie de dire qu’on n’est pas encore en position de donner des conseils aux autres jeunes comme nous qui aimeraient oser. Mais ce qu’on leur dira simplement, ce n’est pas seulement d’y aller, mais d’y aller intelligemment. De lier l’effort a l’ambition et au travail bien fait, car quand quelque chose est bien fait, il y a de très fortes chances que ça marche ; et cela seulement si au départ on y est allé intelligemment, quelles que soient les circonstances dans lesquelles on se trouve.

MERCI

NB : Cette interview écrite n’est qu’une synthèse de l’entretien intégrale, plus riche et super intéressant, que vous trouverez ci-dessous en audio écoute.

 

 

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Auteur : dartnaud

L'Afrique mon essence, le Cameroun ma muse ... J'aime la tchop (le kouakoukou et le riz), les mots(la poésie), la musique (Bikutsi, Hip-Hop). Blagueur et toujours en mode sourire. Si tu veux me "vexe", touche mes dos !