Relation à Distance - Mariage Satellite - Auletch

Relation à Distance – Mariage Satellite

Publié le 7 juin 2014, par dartnaud

distance

L’affaire ci n’est pas simple! C’est l’histoire de beaucoup de femmes et d’hommes ici dehors : vivre loin de son conjoint par la force des choses – je dirais plutôt par la force de la pauvreté, du nguémé, de la souffrance…

Prenons un couple d’étudiants qui vivent eux tranquillement leur ndolo sur les bancs de la fac. Vient maintenant la fin des études, diplôme en poche, mais le travail ne suit pas. Les parents n’ont pas la côte pour tchoko les concours, les sociétés attendent 2035 pour pousser à tout bout de rue. C’est chaud ! Le couple commence à se poser des questions … les disputes tous les jours… ce n’est pas de leur faute. Le chômage les touche et le diable s’installe peu à peu dans la relation. Ils frôlent la séparation pourtant leur ndolo semble réel. Dernière solution, le gars décide de voyager pour aller se chercher ailleurs, au pays des Whites où les do’os coulent à flots, du moins plus qu’au pays. C’est le début de l’aventure.

Bien que je ne parle que du couple d’étudiants pas encore mariés, cela touche aussi les couples qui sont allés devant M. le maire. Le monsieur qui avait une bonne situation sociale et financière quand il épousait son bon way ne savait pas que la crise allait sévir, qu’il perdrait son boulot, que les temps deviendraient de plus en plus difficiles, qu’il ne pourrait plus regarder ses enfants chaque matin sans pouvoir leur donner l’argent des beignets. C’est devenu chaud à la maison! Pire, si sa situation ne s’améliore pas rapidement, c’est le divorce assuré, la mendicité à la porte ; toute sa fierté d’homme est en jeu ! Le voila qui décide lui aussi d’aller se fallah en Mbeng, pour sa famille et lui.

Je pourrais prendre d’autres exemples, la réalité est là. Beaucoup de couples décident de nos jours de vivre séparément, parfois sur deux continents différents, pour s’en sortir.

Le voilà donc en Mbeng; il faut se battre, bosser pour la famille au pays, trouver les kaolos et dans tout ça, il faut djembè* de temps en temps. Au début, il se bat avec le savon, mais pendant combien de temps ? Le mariage qu’on voulait sauver là, le voilà qui est soumis à toutes les épreuves, mille fois plus difficiles que s’il était resté au pays. Pour avoir le kaolo en Mbeng, parfois la seule solution est le mariage blanc… Lui qui venait sauver sa famille se retrouve obligé d’en créer une autre. Le djo est coincé entre sa femme et ses enfants qu’il ne doit pas décevoir et son aventure qui représente pour lui une porte de sortie. La vie ci heiin!

On parle du djo qui est en mbeng mais on oublie la femme qui est restée au pays. On dit souvent que le taper-dos a fait quoi ? Quand le chat n’est pas là, les souris dansent. Même celui que tu croyais être ton frère va tenter sa chance. En plus, elle vit dans la crainte que son mari la trompe et l’abandonne. Les mois où il ne fait pas de western union alors, c’est la panique totale. Sans compter la famille qui lui recommande de refaire sa vie avec un autre. Waa la vie ci heiin !

“Etre une femme de mbenguiste, restée au pays, est une expérience difficile qui a beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages. Mon mari est au front depuis plusieurs années. Il m’envoie de l’argent assez souvent, il travaille au noir car il n’a pas de papiers. Il ne peut pas venir me voir. Dois-je l’attendre encore? Je suis fatigué. En plus je suis certaine qu’il a d’autres ngas là bas.”

C’est l’histoire de beaucoup de couples ici dehors. Se séparer de sa bien aimée pour sauver son mariage … à l’etranger. Anyway comme je dis souvent, c’est chacun qui souffle la chaleur de sa cuillère. Vivons seulement!

Auteur : dartnaud

L'Afrique mon essence, le Cameroun ma muse ... J'aime la tchop (le kouakoukou et le riz), les mots(la poésie), la musique (Bikutsi, Hip-Hop). Blagueur et toujours en mode sourire. Si tu veux me "vexe", touche mes dos !