Qui est Sylvie Njobati, l’activiste camerounaise qui a œuvré pour le retour de la statue Ngonnso ?

Militante pour le retour des biens culturels pillés en Afrique, Sylvie Njobati a obtenu gain de cause sur le cas de la statue Ngonnso du peuple Nso. 

C’est une grande victoire que vient d’obtenir Sylvie Njobatie. Après de longues années de procédures, le conseil d’administration de la Fondation du patrimoine culturel prussien (SPK), un organisme fédéral qui supervise 27 musées et organisations culturelles à Berlin et dans les environs, vient de prendre une décision historique pour le peuple Nso dont elle est originaire. En effet, celui-ci a consenti au retour de la très célèbre statuette Ngonnso où elle a été spoliée pendant les grandes migrations allemandes.

Un dénouement  heureux qui n’aurait pas eu lieu sans le concours du mouvement Bring Back Ngonnso lancé par l’activiste camerounaise. Installée aujourd’hui en Allemagne, Sylvie Njobatie est une membre influente de la diaspora africaine qui est très impliquée dans la restitution des œuvres d’art africaines. Elle et plusieurs autres compatriotes travaillent pour la restauration des biens culturels pillés en Afrique. Lorsqu’il a fallu mettre sur pied un cadre de réflexion incluant toutes les parties prenantes sur la question de l’artefact, l’association Sysy house of Fame dont elle a créé  a joué un rôle déterminant. Elle a facilité la rencontre entre Les représentants de la communauté Nso du Cameroun, d’Allemagne et les représentants de l’organisme Allemand. Les éléments apportés par la partie camerounaise ont prouvé que l’œuvre qui avait été volée, n’était pas un simple objet, mais un guide spirituel pour le peuple Nso.

Dans une démarche d’apaisement et de réconciliation, le président du SPK, Parzinger, n’a pas manqué de saluer la décision, tout en reconnaissant le caractère symbolique de la statue  : « La décision montre clairement que lorsqu’il s’agit de la question de la restitution des collections des contextes coloniaux, il ne s’agit pas seulement d’un contexte injuste. La signification particulière, avant tout spirituelle, d’un objet pour la communauté d’origine peut également justifier un retour. Nous allons maintenant travailler à façonner le processus de retour avec la République du Cameroun et les représentants des Nso ». D’autres œuvres aussi comme le Tangue de Lock Priso ou encore le Mandu Yenu, le siège de Njoya sont toujours en attente de restitution à leurs propriétaires. Une situation qui pousse les observateurs à s’interroger sur les vraies raisons de ce blocus.

Rappelons que la statue qui représente la reine Ngonnso  est la fondatrice de la dynastie du peuple Nso. C’est un sous-groupe appartenant au peuple Tikar qu’on trouve dans la localité de Kumbo ( Nord-ouest). Celle-ci a été volée par l’officier colonial Curt von Pavel, qui l’a donnée par la suite à l’Ethnological Musée en 1903 comme un cadeau. Plus d’un siècle après sa déportation, la reine Ngonnso sera bientôt de retour à la maison. C’est la deuxième œuvre camerounaise qui est restituée officiellement après l’Afo Akom dans les années 70.