Njièkum : le guerrier Bamoun qui ramena à son roi la tête d’un gorille

Njièkum : le guerrier Bamoun qui ramena à son roi la tête d’un gorille

Publié le 5 juin 2023, par Charly ngon

Njièkum était un redoutable guerrier Bamoun sous l’ère du roi Mbouombouo qui va perdre son honneur pour avoir ramené de guerre une tête de gorille à la place de celle d’un ennemi.

Source : Bamoun Culture

Lorsqu’on écoute la plupart des récits mettant en avant des personnes qui sont considérées comme des héros ; au cours ou à la fin de leur parcours on ne retiendra que deux choses : leurs exploits réalisés ou alors les manquements à l’origine de leur chute. Et dans la majorité des cas, ceux qui pendant longtemps ont été adulés et qui se retrouvent du mauvais côté de l’histoire sont obligés de payer le prix fort de leur déchéance en perdant leur honneur à cause d’un manquement. C’est ce qui est arrivé à Njièkum un redoutable Guerrier Bamoun.

Portrait de Njièkum

D’après le récit qui est fait sur la description de Njièkum qu’on retrouve dans les archives du palais des rois à Foumban. On dit de lui qu’il a une coiffure garnie de toile d’araignée associée à ses œufs. Il a un regard terrifiant qui montre tout son côté haineux et monstrueux, ce qui ne laisse pas indifférent tous ses adversaires. La toile d’araignée qu’il porte symbolise l’ardeur au travail. Son thorax est protégé d’une cuirasse de guerrier appelé en Bamoun (Men Ndassiki), celle-ci est garnie de clochettes. En cas d’attaque, il peut donner l’alerte à ses camarades. Il possède également une sagaie qu’il porte en bandoulière transversalement le long de son buste.

Njièkum : le guerrier Bamoun qui ramena à son roi la tête d’un gorille

Source : Bamoun Culture

Ajouté à cela une épée de guerre bien tranchante savamment logée dans son étui. Tout le buste est couvert par une cuirasse appelée Monpù Ntù (camoufler). Il porte un pantalon constitué d’un long ruban pouvant lui permettre d’allonger ses pas sans peine ; appelé en Bamoun (Tappàri). Au niveau de ses deux poignées, il  porte des amulettes ou gris-gris protecteur comme tout guerrier pour faire face aux forces maléfiques. Du haut de ses 1,80 m, Njièkuem protège ses pieds contre les épines avec des sandales fabriquées avec la peau du buffle. Cette description montre à suffisance la terreur que Njièkuem pouvait déclencher auprès de ses ennemis. Et surtout, pourquoi il avait la confiance de son roi.

Mbouombouo est le 11 eme monarque du royaume Bamoun qui règne de 1757 à 1814. C’est le fils de la reine Mandū qui hérite du trône après le décès du roi Kouotou. C’est un monarque qui ne connaît que la culture de la guerre comme seul moyen pour se démarquer. D’ailleurs dès sa prise de fonction, il déclare « Je poserai les limites du royaume avec du sang et du fer noir, la guerre c’est mon affaire ». Pour mener donc sa politique guerrière, il a besoin des hommes comme Njièkuem pour concrétiser ses projets. Au-delà de son côté va t’en guerre, il est aussi regardant sur les créations artistiques. C’est d’ailleurs sous son magistère que le trône à deux figures Mandù-yenù qui se trouve actuellement au Musée Ethnoligique de Berlin, le Tu Môla, un masque d’investiture du Tupânka, le serpent bicéphale et la double cloche dite Mùnjemndù sont fabriqués.

Mandu Yenu

 

La supercherie qui s’est retournée contre Njièkum

Chaque fois que Njièkuem part en guerre, il ramène toujours une ou plusieurs têtes de ses ennemis. Ces trophées de guerre sont alors présentés fièrement au roi Mbouombouo lors d’une grande cérémonie. Dans sa quête insatiable d’étendre les limites de son royaume, Mbouombouo décide d’attaquer les PANGUM. Connaissant la force de frappe de ses guerriers, il sait pertinemment que ceux-ci vont en faire une bouchée de leurs ennemis. Et que la tête du chef de la tribu ennemi va être brandie comme trophée de guerre comme cela se fait habituellement. Mais cette fois-ci les choses ne vont pas du tout se passer comme prévu. Njièkuem qui n’est jamais rentré bredouille d’une guerre n’a pas réussi à avoir la tête d’un ennemi. Pour ne pas perdre la face, il met en place un stratagème qui va malheureusement se retourner contre lui.

Au lieu de ramener une tête humaine, il va plutôt ramener la tête d’un gorille pour le présenter à son roi. En le faisant, il est loin de s’imaginer que sa supercherie va être découverte. Lorsque le roi Mbouombouo demande alors à son guerrier de lui présenter la tête de son ennemi. Ce dernier n’hésite pas à sortir la tête du gorille. Le roi qui n’est pas dupe se rend compte que la tête qui lui ai présenté n’est pas celle d’un être mais plutôt d’un animal. Intrigué par l’acte posé par son guerrier, le roi Mbouombouo va réagir avec un humour que personne ne lui connaissait jusqu’ici en posant la question « oupi tem ya ni tou men Njièküem nē » ce qui se traduit en français par « Oh, donc tu me présentes la tête de Njièküem ? ».

Après cet épisode qui est resté gravé dans l’histoire du peuple Bamoun. Chaque fois qu’un individu se retrouve dans une situation où ses agissements n’ont rien à voir avec la réalité. On lui rappelle la mésaventure de Njièküem pour qu’il comprenne qu’il fait fausse route. Aujourd’hui lorsque vous vous rendez dans la ville de Foumban. Une statue de Njièküem tenant dans sa main la tête du gorille est positionnée au niveau de la porte d’entrée de Foumban.

Njièkum : le guerrier Bamoun qui ramena à son roi la tête d’un gorille

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch