Traditions & Légendes : La traversée du fleuve Sanaga par le peuple Béti, mythe ou réalité ?

Traditions & Légendes : La traversée du fleuve Sanaga par le peuple Béti, mythe ou réalité ?

Publié le 14 novembre 2017, par Charly ngon

La communauté Béti est l’un des plus importants groupes ethniques que compte le Cameroun. Installées dans les régions du centre, sud et une partie à l’Est du Cameroun, ces populations ont à la base une  histoire commune : celle de la traversée du fleuve Sanaga. Today sur au letch, on vous fait découvrir cette histoire qui est transmise de génération en génération.

Lorsqu’on parle des Béti, on ne peut pas oublier de mentionner le nom de celui la même qui est à l’origine de ce groupement : « Nanga ». C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on parle de « Béti Be Nanga », leur ancêtre commun qui était albinos. Il a eu sept enfants parmi lesquels : Kolo Béti, Eton Béti, Mvele Béti, Mvan Béti, Meka Béti (Les Maka), Bulu la fille, et Ntumu, le dernier-né.  Or Bulu la fille de Nanga, a eu des enfants, mais la paternité n’aurait jamais vraiment été déterminée. Certains pensent qu’elle aurait eu une relation incestueuse avec son frère Ntumu, d’où leur rapprochement. Un avis pas du tout partagé par certains, qui estiment que c’est à cause des migrations que les enfants de Bulu se sont rapprochés de Ntumu.

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Au 18 ème siècle, Ousman Dan Fodjo un chef musulman décide de convertir les peuples animistes à l’Islam. Après un long voyage depuis l’Adamaoua jusqu’à  la forêt équatoriale, il arrive sur les terres des « Béti Be Nanga ». Les Béti ne pouvant pas affronter la redoutable armée des foulbés qui était composée de plusieurs guerriers. La seule chose à faire en ce instant était de prendre la fuite. Pour échapper à leurs poursuivants, il était question pour eux de traverser le fleuve Sanaga. Sur ce moment clé de l’histoire du peuple Béti, plusieurs versions sont partagées avec chacune des détails plus ou moins concordants. Des éléments qui peuvent prêter à confusion d’un part, mais possèdent une grande partie de la vérité d’autre part.  Ceci est dû au mode de transmission des connaissances qui se faisait principalement par le moyen de l’oralité entre les descendants.

Voici quelques versions recueillies autour de cette épopée. Arrivés sur les bords de la Sanaga, il se dit que Dieu aurait envoyé « Ngan-medza », un serpent marin pour aider les Béti à traverser le fleuve. Comme la traversée se passait dans la nuit, personne ne savait ce sur quoi ils étaient embarqués, le plus important était de fuir. Il se dit que l’ancêtre des Yanda, qui était chargé de tenir la torche, en voulant satisfaire sa curiosité, a laissé échapper quelques étincelles de feu  sur le dos du totem. Celui-ci ne pouvant pas  supporter la douleur,  se retourna et renversa les personnes qu’il portait. C’est ainsi que ces descendants ont été punis par les ancêtres.  La malédiction consistait à  ces derniers de  soigner les personnes souffrantes de fractures. On les rencontre par exemple à Olembé, Etoa, Mekoumbou dans le Mfoundi et d’autres lieux.

Une autre version soutient que le même ancêtre des Yanda qui, après avoir trébuché, a voulu se rattraper et par erreur, il aurait planté sa lance sur le dos de l’animal et le drame est arrivé.  Une autre source soutient que cet acte a valu aux descendants de Yanda une malédiction. Celle que  dans sa descendance, les fils et les filles ne dépassent jamais un certain nombre sinon on observe une série de décès jusqu’à ce que le nombre préétabli soit retrouvé. Une autre information soutient que cette malédiction s’étendait uniquement sur quatre générations, et qu’aujourd’hui elle n’existe plus. Ceux qui n’avaient pas pu traverser, on réussit à se cacher dans la forêt. C’est la raison pour laquelle on retrouve les Béti de part et d’autre du fleuve Sanaga. Il faut aussi préciser que les Manguissa sont les derniers à avoir traversé le fleuve avant que le serpent retourne dans les profondeurs.

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Cette histoire est basée sur l’oralité, et chacun peut y avoir mis du sien au fil de temps pour la rendre plus croustillante. Mais n’empêche que certains détails, aient une certaine coïncidence avec la réalité. Alors chers letchois, si vous pensez que certains éléments auraient été oubliés, bien vouloir partager avec la communauté Au Letch.

 

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch