"Migrants Diaries" - Auletch

« Migrants Diaries »

Publié le 4 juin 2014, par LGM

migbig

J’étais vraiment die de lap ce matin en lisant votre kongossa sur les mbenguistes. C’est comme si on me sortait ma vie sur un papier. C’est trop de talent que vous avez. Je me voyais comme dans un miroir sur www.auletch.com. J’ai wanda que les tactiques que je croyais avoir développées inbox, tout seul, au fur et à mesure des gos que j’ai dragouillées, ces tactiques qui ont fonctionné à plein régime lors de mes derniers séjours au Mboa, soient vulgarisées comme cela.

En même temps, les mbenguistes surestiment leurs forces. La go des ways, Coco Argentée, a dit que les vrais gars sont au pays. Quand Mani Bela est devenue pala pala récemment, qui l’a entendue citer les mbenguistes? Les mbenguistes continuent de rouler les mécaniques alors qu’en vrai, dans les back back, on les appelle mougous’. En fait, c’est toujours les coyotes de première, les waka qui s’assument comme telles, qu’on réussit à embobiner.

On parade avec des bordelles qui ont toutes un enfant qui piaule chez leur père à Bastia ou à Odza et on se croit les découvreurs de nouveaux continents. Laaap ! Les vraies gos sont toujours prises par les locaux et la qualité de kung-fu qu’on sort là, tout en promesses explicites de mariage et projets tacites de voyage, est trop lent : Minalmi ! Même à Nguelemedouka , le trou du cul de la forêt, si vous ne vous comportez pas et vous vous vautrez sur vos passeports, visas et vos green card, on va vous demander si c’est ça qu’on mange. Tous ces sujets et bien d’autres ressemblants sont abordés dans le roman que je vous présente, justement sous-titré : chroniques d’une génération extrême.

 

Vous pouvez m’appeler Meyon Meyeme, ça veut dire celui qui est reconnu par toutes les tribus. C’est le titre que Charles Atangana avait créé pour se désigner, comme une équivalence de Sa Majesté, en langue beti. Mais sur le papier, mon nom est Éric Essono Tsimi. Je sais, je sais… Pas de hambock, ne me koshez pas : je dis être celui qui est reconnu de tous, je ne me prends pas pour l’eau du ndolé, mais mon nom ne vous évoque rien encore : à l’heure qu’il est, je n’ai pas eu d’ouvrage primé en Mbeng et mes livres ne se retrouvent pas en tête de gondole, en bout de rayon des présentoirs de votre libraire. Quand vous commanderez mon livre, c’est toujours dans les stocks encore emballés au sous-sol qu’on ira le chercher, je vous jure. Mais je me bats, j’avance kougna kougna, l’argent et la reconnaissance font leur nyanga, mais je vais les cueillir comme des champignons, grâce à vous mes souteneuses et mes souteneurs.

Migrants Diaries est un roman circulaire c’est-à-dire qu’il commence au pays et finit au pays. C’est vrai qu’au Mboa la vie semble tourner en rond, mais ça n’est qu’une apparence. Et pour un mbenguiste qui survit, il y a toujours des morts en aventure, c’est comme çà quand on cherche la vie. Le mbom donc rentre chez lui sitôt qu’il obtient son diplôme et y amène sa Claudia, une Blanche (tsuiiiips !!!), pour ensemble se chercher. Entre quête identitaire et communication des cultures, ce roman n’est pas une fable pour dire que le pays est sucré ou bien que l’aventure c’est la mort, non. Chaque migrant suit sa trajectoire et au final on a un beau tableau de la jeunesse africaine actuelle, déchirée entre la tentation de la fuite et la nécessité, parfois, du retour dans ce Camer dont on sait tous qu’il a les dents.

Par Meyon Meyeme

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Du même auteur : Le Jeu de la Vengeance, Sopecam, 2004 (Theatre)/Saute, tu cales en l’air, Diasporas Noires, 2012 (Nouvelles)/ Le principe de double nationalité, L’Harmattan, 2013 (Essai) / Le Métier d’aimer, L’Harmattan, 2013 (Roman) / Migrants Diaries, Acoria éditions, juin 2014 (Roman)

Prix : 17 euros pour les Mbenguistes/FCFA11.500 pour les baos et les capos/ FCFA 9.990 pour les cops, les filles de Chomecam et les tuyauristes qui attendent de pied ferme le cocktail á la fin de mon blabla á la presse.

Auteur : LGM

Passionné d’art contemporain et de culture afro, j’aime la cosh, l’humour et l’écriture. Regardeur de jolies filles au carrefour (sauf en hiver), ancien katika au Djambo, j’adore la combinaison okok + saucisse de manioc en robe de raphia et fibre de bananier. Mon tag préféré : ‘’sourire’’.