L’université au Cameroun : 10 réalités que le nouveau bachelier doit connaitre - Auletch

L’université au Cameroun : 10 réalités que le nouveau bachelier doit connaitre

Publié le 28 septembre 2013, par dartnaud

univ

Voici venu le mois d’octobre, mois qu’attende beaucoup de jeunes bacheliers ou alors le mois que beaucoup redoute et appréhende parce que se présente à leur yeux ce monde qui leur est complètement inconnu ; ce monde qui représente à la fois liberté et responsabilité. Ce monde auquel on n’échappe pas quand on veut faire de longues études. Voici donc venu le mois d’octobre et sa rentrée académique.

Après avoir obtenu fièrement son baccalauréat, il est venu le moment d’entrer dans le monde des « facaires* » – étudiant de la fac (faculté de médecine, droits, sciences, économie…) – Mais seulement vous ne savez pas encore ce que vous réserve la fac, vous ne savez pas que vous djoumez* dans un monde plein de vices, de dérives, de tentations, bref vous ne savez pas que vous djoumez dans la vrai vie. Loin de moi l’idée de vous faire peur ou de pointer du doigt ce qui ne marche pas dans le système universitaire camerounais. Le seul intérêt est de vous présenter la réalité du terrain car au final, chacun est responsable de ses choix et de son destin.

Nous vous présenterons certes 10 clichés mais il y en a d’autres et bien sur chaque étudiant ne vivra pas la même histoire selon l’université où il se trouve. Allez on se lance !

1- La chambre d’étudiant. Vous êtes tout excité à l’idée de devenir indépendant, de ne plus avoir sur le dos les parents et les taches ménagères et d’être enfin locataire d’une chambre d’étudiant. Une chambre avec son propre coin cuisine, sa propre salle de bain, un lit que vous ne partagez avec ni petit frère, ni cousin éloigné, ni tonton … Bref vous avez comme un sentiment de liberté. Mais ce que vous ne savez pas, c’est qu’il n’y aura plus personne pour vous réveiller le matin quand vous paressez au lit. Vous ne rentrerez plus à 16 H et trouverez votre plat d’okok* déjà préparé à la cuisine. Vous devez donc apprendre à être votre propre mère, père, grand-frère avant d’être vous-même. Soyez fort !

2- En deuxième position nous avons l’envahissement des amis. A la maison, les parents jouaient un peu le rôle de gendarme. Les amis ne vous rendaient pas visite n’importe comment et à n’importe quel heure. Mon ami à la fac si vous ne faites pas gaffe, c’est à 2h du matin qu’un ami va toquer à votre porte prétextant une perte de clés (histoire de dormir à vos cotés), ou alors un kongossa* à tuer. Soyez rigoureux !

3-  La porte ouverte au libertinage. HEiin voici la partie que tous les parents redoutent. Maintenant que leur fils a une chambre sans surveillance, il pourra bring les petites chez lui sans problème et sans limitation, la porte est ainsi ouverte à la débauche et ce qui va avec MST, SIDA … Pour les filles c’est encore plus grave, elles sont très souvent victime de beaux parleurs mais surtout de bons menteurs. Sachez-le à chaque rentrée les anciens étudiants sont toujours au taquet auprès des nouveaux. Ils font à chaque fois ce qu’on appelle « le déballage des nouveaux arrivants ». C’est le seul moment de l’année où les amphithéâtres sont plein de chasseurs de jeunes filles naïves. Faites attention !

4-  Les amphithéâtres. Voici alors votre premier choc universitaire. Au lycée, pour ceux qui ont eu des grands frères déjà « facaires » vous avez entendu parler d’Amphi 1000, Amphi 600 comme pour signifier respectivement 1000 et 600 places assises. Mais grande sera votre surprise lorsque pour votre premier cours qui débute à 9h, vous arrivez à 8h45, et vous trouvez un amphi réservé à 1000 places recevoir 6000 étudiants. C’est là alors que vous confirmez vraiment que vous êtes à la fac. Je vous épargne les détails de vocabulaires grossiers qui seront déferlés tout au long du cours comme au marché Mokolo. Ce sont les insultes et les koch que vous voulez voir ?

5-  Le réveil de 4h du matin. Eeeh oui ! Si tu n’es pas un gars paresseux et que malgré le fait que les amphithéâtres soient remplis tu as quand même envie de suivre les cours … tu te lèveras chaque matin à 4h pour aller réserver une place. Quitte à terminer ton sommeil dans cet amphithéâtre, ou alors revenir le terminer à la maison au risque de le perdre parce qu’un mec plus costaud que toi est venu le récupérer. C’est là bas qu’on commence à perdre les premiers étudiants plein de volontés et de projets.

6-  Les fascicules. Tu l’auras compris, à la fac tu n’as pas de liste de livres au programme. En principe tu as une bibliothèque pour faire tes propres recherches, mais je dis bien en principe parce qu’il y a des gens qui terminent leurs cursus de premier cycle universitaire sans connaître le chemin de la biblio. Mais par contre il y a ce qu’on appelle, le fascicule du Docta, hein tout un concept. Chaque année il y a une nouvelle édition où le seul changement n’est que la couleur de la couverture. Et si tu veux augmenter tes chances de validation de l’UV (unité de valeur) concernée par le document, tu devras payer le livre du prof, et bien sur en écrivant ton nom sur une liste lors de l’achat (comprendra qui pourra)

7-   Les techniques de tricherie. Oh la la ! Rien que d’y repenser, je ris tout seul. Que tu le veuilles ou non tu seras spectateur ou acteur des techniques de tricherie les plus rocambolesques, les unes des autres. Ça commence quand au fond de l’amphi y a un ancien étudiant qui te parle de ces techniques tel un film de James Bond, avec la gestuelle et le suspens qu’il faut ; d’ailleurs tu te demanderas pourquoi avec tout ça il est toujours là à faire le même cours cette année encore. Mon ami c’est simple, y a un proverbe universitaire qui dit que « fait quoi fait quoi, un ancien sera encore ancien l’année suivante ». Mais la vrai wandayance* sur les techniques de tricherie c’est le jour de l’examen, quand tu vois ta voisine soulever, sa jupe jusqu’à la hanche pour lire un cours qu’elle a pris le soin de recopier sur un bout de papier et de scotché dans son entrecuisse (oui oui, qui va se négliger). Le même jour tu verras subitement ton voisin avec un rhume terrible simplement pour utiliser des serviettes hygiéniques (lotus, sans publicité bien sur) ; mais le way* qui va te wanda c’est que le djo* use toujours le même lotus et bizarrement ce lotus est bleu à des endroits, c’est tout simplement que son cours est écrit dessus. Je pourrai écrire un livre la dessus non pas que j’ai été un acteur actif, mais surtout un spectateur attentif (rires).

8-  La bringue, les bars. Tu es étudiant et comme tout étudiant qui se respecte tu aimeras la fête, le mouvement, les boites de nuit, les bars…Bref le NJOKA ! Même si tu n’y étais pas habitué avant, tu devras faire avec, au moins une fois dans l’année. Les premières cuites, les premiers délires d’adultes libertins (tu feras beaucoup de choses pour la première fois) … les tentations seront légions. Soit fort d’esprit !

9-  Qui dit tentation dit déviance mystique et mauvaise secte de tout genre. Ce que vous suiviez auparavant dans les faits divers à la télé deviendront une réalité pour vous si vous ne faites pas attention. La jalousie, l’envie, la recherche de la facilité, du « vivre heureux et mourir jeune » seront vos tendons d’Achille, vos points faibles. A la recherche du bien être et du paraitre vous serez tentés de tremper vos mains dans des trucs pas sains. Ne fonctionnez jamais par suivisme inconditionné. Les sectes là existent popoooh ! Faites très attention !

10-  Le babillard, communément appelé le corbillard. Seule devant ton destin, monte ooh ! Descend ooh ! Tu feras face au corbillard. C’est à cet endroit qu’on publie les résultats des examens. C’est là bas que tu vas comprendre que 7/20 peut être le 18/20 de certaines personnes (le gars va moduler, mdrr, moduler ces termes propres à nos universités). C’est là-bas que tu vas comprendre que quand un prof disait qu’il ne va faire réussir que 3 personnes à son examen ce n’était pas la blague (le bon étudiant, le meilleur tricheur et sa petite). Ce lieu a été le point de diagnostic de nombreux cardiaques qui s’ignoraient.C’est aussi là-bas que tu comprendras que l’été pour toi sera synonyme de « front » (révision ardu)  et non de plages, de vacances. C’est aussi là-bas que tu feras le bilan de ton année et de tous les sacrifices que ta famille a fait pour t’offrir ces études. Attention au Babillard, ça fait très mal, et ça peut tuer le génie qui est en vous !

Voilà donc 10 réalités auxquelles vous devez faire attention jeunes bacheliers. Ce monde est plein de belles expériences à vivre et d’apprentissages quotidiens. Vous y forgerez votre identité et votre personnalité. Alors faites les bons choix, armez-vous de courage et ne perdez pas de vue vos objectifs. Bonne rentrée académique à tous les jeunes universitaires du Cameroun et d’ailleurs.

 

Traduction 

Facaire : étudiant dans un faculté d’université
Djoumez : entrez
Okok : plat de nourriture camerounais
kongossa : commérage
bring : apporter
wandayance : action d’étonnement
way : chose
djo : homme

Auteur : dartnaud

L'Afrique mon essence, le Cameroun ma muse ... J'aime la tchop (le kouakoukou et le riz), les mots(la poésie), la musique (Bikutsi, Hip-Hop). Blagueur et toujours en mode sourire. Si tu veux me "vexe", touche mes dos !