Les 10 raisons pour lesquelles les Mbenguistes ne rentrent pas au pays - Auletch

Les 10 raisons pour lesquelles les Mbenguistes ne rentrent pas au pays

Publié le 1 mars 2015, par dartnaud

 

mbeng

Vous avez déjà tous entendu ce refrain chez un proche, un ami, ou à la télé « Mbeng* est dur », « L’Europe ce n’est pas le paradis », « Gars vous croyez qu’on cueille l’argent là bas ? ». Oui on connait tous ce refrain là, mais le way* qui nous wanda* encore plus c’est que ces mêmes personnes ne rentrent pas au pays. Heureusement il y a encore des courageux qui ont osé franchir le cap du retour au pays natal, mais ce ne sont pas ceux là qui nous intéressent aujourd’hui. Today* on va un peu djoss* des raisons qui font que les mbenguistes ne rentrent pas. On a recensé 10 cas mais je suis sur que la liste est loin d’être exhaustive, à vous de la compléter en commentaire. Allons-y lançons les hostilités !

1-      En premier lieu, il y a la tchop*. Ça peut vous paraître banal mais la nourriture est l’une des raisons. Je vais vous dire pourquoi. Déjà, oubliez les ways du genre « le djo* ci think* qu’on ne tchopait pas au pays ? ». Mon ami, tu tchopais, mais tu n’avais pas 5 morceaux de viande dans un plat. Au pays, le gésier c’était pour ton père, ici tu tchop ça comme plat de résistance. Tu ne buvais pas le yaourt en dessert (uniquement lors d’un rencart avec une go, où lors de la visite d’un tonton). Tu n’avais pas le service social où tu pouvais go falla* le riz, les sardines, le lait, le beurre, les pâtes (deux jours avant leur date de péremption). Les étudiants de la France know bien le système du secours catholique, même les musulmans se confondent là bas.

2-      En deuxième position, les aides sociales. Massah, il y a des gens ici qui ne vivent que de ça. Aide médicale ooh, aide au logement ooh, aide pour les femmes enceintes oohh, aide pour les sans-kaolo ooh. Avec ça vous voulez que quelqu’un back dans un pays où il peut mourir à l’entrée d’un hôpital parce qu’il n’a pas les do’os pour tchoko* l’infirmière ?

3-      Vient ensuite le job, le pointage. Mine de rien à Mbeng, si tu te bats tu vas au moins laver les assiettes dans un restaurant. Si tu te bats encore plus, tu vas obtenir un diplôme du pays hôte et postuler à des postes correspondants à ton parcours. Si tu n’arrives pas à trouver le boulot et que tu te bats encore plus eiinh, tu peux même créer ta part de boulot facilement. Mon frèèèère au pays, si tu n’as pas le cœur solide, courageux et persévérant, tu vas seulement voler !

4-      Voici alors le plus dangereux : la honte. Qui va back dire que Mbeng l’a dépassé jusqu’à il a fuit ? Il ya flop de gens qui sont coincés ici à cause du « qu’en dira-t-on ». Ils ont soit tellement duré ici qu’ils ne peuvent pas back sans 4×4 ou avec le pou’u* d’argent. Ou alors la famille s’est tellement endettée pour payer le billet d’avion, si bien  qu’il n’a pas le droit de dire qu’il abandonne, même sa conscience ne va pas le lep*. Et pourtant …

5-      En cinquième position, le mec qui dit « je rentre dans 10 ans », le temps de travailler et accumuler les do’os. Sauf que entre temps le gars bosse, il construit une famille, il achète un logement, il prend surtout un gros crédit, il fait des enfants, ces enfants vont à l’école, et c’est comme ça que 20 ans sont passés. Le gars est coincé entre le crédit, sa famille à construire et à préserver, l’éducation de ses enfants et les do’os qu’il n’a toujours pas accumulé. Dans ces conditions là, le pays va attendre.

6-      La sixième cause, c’est le climat ambiant au pays. Je veux parler de l’insécurité, de la corruption, du climat politique, de la promiscuité, des cercles vicieux, de la débauche, du système qui a tendance à freiner la création d’entreprise … bref, tous ces fléaux qui minent notre société. Je ne veux pas justifier cette décadence sociale mais le mbenguiste oublie souvent que c’est là bas qu’il a grandi. Il a tellement été loin de tout ça qu’il se dit qu’il ne peut pas supporter, mieux il reste lui en Mbeng.

7-      Voici un autre type de mbenguetaire alors, le vantard. Pour lui, vivre en Mbeng est un accomplissement, un but réel dans sa vie. Le mec dans sa tête n’est pas loin de penser « je vis en Mbeng et vous, au pays, vous n’êtes rien ! ». Il aime la sensation qu’il a à chaque fois qu’il rentre au pays en grand boss, et le fait d’être appelé Présiiii Présiiii – tout ça pour une Castel – et de gonfler la tête des filles naïves (si naïves elles le sont vraiment, suivez mon regard…) ; même comme son whitisage* commence dès qu’il pose les pieds au pays, et finit quand il commence à chercher son passeport sans trouver.

8-      En huitième position nous avons le confort de vie que nous apporte l’étranger. Les voitures, les infrastructures médicales, les transports urbains, un boulot bien payé même comme il dépense tout dans le loyer, la nutrition, l’assurance maladie, le carburant, l’assurance du véhicule, les loisirs et j’en passe ; au point même d’être endetté à la fin du mois. Ce confort là beaucoup de personnes ont du mal à se projeter sans.

9-      Le neuvième est très fréquent. On ne le comprend pas et il nous fait faire des choses inimaginables. Il s’agit de l’amour. Beaucoup de personnes rencontrent l’amour dans une autre culture, épouse cette culture et y reste par amour. Ô amour quand tu nous tiens … tu gattes notre cerveau (rires)

10-   Et enfin, c’est le plus wandayant, des wandayant : Mbeng, c’est mbeng ! Même sur les photos ça se voit : prend le même appareil photo tu filmes Mbeng et le pays. Molla, y a toujours une différence, même si c’est un appareil photo de 50 mégapixels. Je ne sais pas ce qu’on a planté dans les pays là. Mais faut accepter quand même que ça fait rêver !

Voilà donc selon moi les 10 principales raisons qui font que les Mbenguistes ne back pas au koh*. C’est sur, cela ne s’applique pas à tout le monde mais chacun d’eux s’y retrouvera un tout petit peu. Je ne terminerai pas sans saluer le courage de ceux qui ont osé back*, mais comme le dit un vieux proverbe de chez nous, c’est chacun qui souffle la chaleur de sa cuillère.

 

Légende:

Mbeng : etranger (europe, asie, canada, usa )
way : choses
wanda : etonner
today : aujourdh’ui
joss : parler
tchop : nourriture, manger
djo : gars
think :  penser
falla : chercher
kaolo : papier
pou’u : paquet
lep : laisser
koh : pays
whitisage : parler avec l’accent européen
back : rentrer

 

Auteur : dartnaud

L'Afrique mon essence, le Cameroun ma muse ... J'aime la tchop (le kouakoukou et le riz), les mots(la poésie), la musique (Bikutsi, Hip-Hop). Blagueur et toujours en mode sourire. Si tu veux me "vexe", touche mes dos !