Le Djade, un rite consacré à la fête du travail des belles-mères chez les Maka

Le Djade, un rite consacré à la fête du travail des belles-mères chez les Maka

Publié le 14 janvier 2019, par Charly ngon

Le Djade était une pratique dans la tradition Maka qui consistait pour un beau fils, d’inviter sa belle famille, à l’occurrence les femmes (les  belles-mères) du village de sa femme à venir lui prêter main forte dans ses travaux champêtres. A la fin des travaux, celles-ci se livraient à des danses et avançaient des propos obscènes aux hommes. Une situation qui a vite fait de considérer le Djade comme un rite de rébellion de la femme Maka.  Aujourd’hui, on vous dit tout ce qu’il faut savoir sur l’exécution du Djade.

Source: Agripo. net/ Image illustrative

Le Djade, c’est la fête des belles-mères. Autrefois chez les Maka, lorsqu’il fallait lancer une grande campagne agricole, certaines familles sollicitaient l’assistance de leurs belles-familles. Conscient de la difficulté des travaux et du manque de main d’œuvre, l’homme était contraint de demander l’assistance de sa belle-famille. Il invitait donc les femmes du village de son épouse et ses belles-mères, à venir travailler sur ses parcelles de terre. Le moment était solennel, un mini festin était organisé pour rendre leur séjour agréable.

L’exécution du Djade

Aux premières lueurs du matin, les femmes marchaient en file indienne en chantant en direction du champ. Elles formaient un groupe composé de plusieurs femmes dont l’âge variait entre seize et cinquante ans, avec à leur tête une doyenne qui faisait office de chef. Comme une armée prête au combat, elles avaient comme armes de défense des houes ou encore des machettes, pour couper les herbes ou encore retourner la terre. En fait, tout dépendait du travail qu’elles avaient à faire. L’ardeur et le rythme qu’elles mettaient dans l’exécution des tâches, écourtaient la durée du travail.

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A la fin de leur mission, en dehors de l’argent qu’elles recevaient, un grand repas leur était offert, accompagné de plusieurs litres de vin de palme. Pendant les réjouissances,  elles profitaient de l’occasion pour lancer au beau-fils des paroles provocantes. Celui-ci pour éviter de se faire avoir, il préférait se retirer à l’abri de leur regard. Elles entonnaient des chants à caractères sexuels, laissaient entrevoir certaines parties intimes de leur corps. Elles proféraient des insultes aux hommes, couraient après eux, celui qu’elles réussissaient à arrêter, elles lui demandaient de montrer son sexe ou de payer. Les hommes qui tombaient dans ce guet-apens préféraient payer plutôt que de se faire ridiculiser. Cette manière de pratiquer le Djade n’avait rien avoir avec l’ensemble de la communauté Maka.

Le Djade chez les hommes…

Le Djade a toujours été présent dans la société Maka. Il ne concernait pas seulement les femmes, même les hommes aussi. Les beaux parents qui voulaient construire une nouvelle case ou faire un champ, faisaient appel aux services de leur beau fils. Pour les honorer , celui-ci se déplaçait avec sa famille et ses amis. Ils avaient en guise de remerciements non seulement un repas, mais aussi de tonnes de viande comme présents. Ils avaient aussi le droit d’exprimer leur humeur, s’ils n’étaient satisfaits de l’accueil.

Pour le démontrer, les camarades du gendre remettaient leurs excréments emballés dans les feuilles à la belle-mère de leur ami. Une belle- fille aussi après avoir travaillé dans les champs de son beau père pouvait s’autoriser une danse moqueuse et des propos désobligeants. C’était aussi ça le Djade, prouver à l’autre qu’on est meilleur que lui en se moquant ou en lançant des injures.

L’interprétation de ce rite

Aujourd’hui, on ne parle plus trop du Djade. Avec le temps, ce rituel a été remplacé par ce que l’on appelle  « des équipes de travail ». Elles ont été créées au même moment que l’on introduisait la culture du cacao et du café dans l’Est du Cameroun dans les années 50. Une situation qui a fait disparaître le Djade progressivement.  Notons tout de même que, même si les hommes avaient leur manière à eux de pratiquer le Djade, ce rituel était d’abord pour les femmes.

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C’est la raison pour laquelle on le considérait comme la « fête du travail des belles-mères ». Sa particularité résidait sur les propos et les scènes désobligeantes observées lors de son exécution. Pour les historiens, cela n’avait pourtant rien d’anodin. Le Djade ne devait pas être vu comme une sorte de désobéissance ou de rébellion, mais comme une forme d’expression des femmes pour montrer aux hommes leur importance au sein de la société. Vu que leur rôle ne se réduisait qu’à exécuter. C’était aussi une forme de représentation des rapports entre l’homme et la femme chez les Maka.

Source: La visite des belles-mères chez les Maka

 




 

 

 

 

 

 

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch