L’affaire Theophilis London : le rappeur américain qui a plagié les œuvres du célèbre auteur camerounais Francis Bebey

L’affaire Theophilis London : le rappeur américain qui aurait plagié les œuvres du célèbre auteur camerounais Francis Bebey

Publié le 10 avril 2020, par Charly ngon

Après Manu Dibango, Tala André Marie, Tim & Foty ou encore le groupe Zangalewa, c’est autour de Francis Bebey d’être plagié. Quelques oeuvres musicales de l’icône de la musique camerounaise , tout comme ses prédécesseurs ont été samplées par un artiste américain sans aucune mention du propriétaire de la version originale.

Ce n’est pas une première, d’entendre dire que l’œuvre musicale d’un artiste camerounais a été plagiée. On ne peut pas toujours faire un procès d’intention à un artiste parce qu’il a créé une œuvre musicale, car la créativité en elle même a toujours été la pierre angulaire sur laquelle tout artiste se distingue des autres. Cependant, on peut tout de même s’interroger sur les mécanismes ou encore le travail qui a été fait en amont pour l’aboutissement de cette œuvre. En dehors du génie créatif qu’on reconnait à certains, d’autres artistes par contre se paye toujours le luxe de reprendre des classiques qui ont eu un franc succès par le passé pour donner un coup de pouce à leur carrière. De Soul Makossa de Manu Dibango, à Hot Koki de Tala André Marie en passant par Douala by Night de Tim & Foty pour ne citer que ceux là, ces artistes ont vu leurs œuvres être reprises sans leur permission. Aujourd’hui, c’est autour d’une œuvre musicale d’un autre monument de la musique camerounaise ; Lily de Francis Bebey qui vient d’être repris par un artiste américain.  

Francis Bebey – Lily

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 Apparemment les artistes américains ont un gros faible pour la musique camerounaise. On peut par exemple citer Michael Jackson, James Brown, Missy Elliot et sans oublier l’artiste Shakira. Tous sont allés se ressourcer dans le répertoire musical camerounais, ce qui leur a valu des hits qui ont battu des records mondiaux. Aujourd’hui c’est autour de Theophilis London de compléter cette liste. Le jeune artiste vient de mettre sur le marché son troisième album. Un album très attendu d’ailleurs depuis qu’il a quitté son mentor Kanye West pour voler de ses propres ailes à travers son label « Bebey records » (Tiens tiens comme par hasard …). Cependant, à peine sorti, l’album fait déjà la une de l’actualité pour une histoire de plagiat. En effet, deux éléments pour le moins non négligeable, démontre à suffisance les similitudes qui existent entre l’album de l’auteur de « Le fils d’Agatha Moudio» et celui du ressortissant de Trinida et Tobago. Des arguments rejetés en bloc par l’artiste qui se montre très furieux lorsqu’il est interpellé sur sa page Twitter.

Tout abord sur le visuel de l’affiche ; Theophilis London a utilisé la même image que celle employée par Francis Bebey sur son album « Si les gaulois avaient su ». C’était le portrait d’une jeune femme noire arborant une coiffure de couleur jaune, avec des lèvres pulpeuses ornées d’un rouge à lèvres. L’élément le plus flagrant, c’est la chanson « Bebey » dont les notes musicales sont identiques au morceau «Lily» qui figure dans l’album qui est sorti en 1986 à Paris. A côté de ce titre, on peut aussi citer Le grand soleil et Immigration Amoureuse qui ont été revisités avec subtilité par l’artiste de 33 ans. 

Theophilus London – Bebey (feat Giggs) [SN1 Road Mix] Official Music Video

Listen to Bebey (feat Giggs) [SN1 Road Mix] here – http://smarturl.it/theophilusbebeysn1 Listen to Bebey (Original) here – http://smarturl.it/theophilusbebey

Derrière ce énième plagiat qui touche le patrimoine artistique de l’une des icônes de la musique africaine et camerounaise en particulier ; se joue plusieurs enjeux. Theophilis London est un artiste bien coté sur la scène musicale, il a bénéficié de l’accompagnement de Kanye West pour gagner en visibilité. On lui a même déjà prédit un avenir meilleur, et il l’a prouvé avec ses deux précédents albums qui ont très bien marché. Vu que l’artiste n’a pas fait montre d’élégance en demandant tout au moins l’accord des héritiers du poète pour faire cette reprise, c’est donc parti pour une saga judiciaire qui va certainement se solder par une compensation financière mirobolante.

Si l’affaire ne s’arrête pas seulement à un arrangement, il pourra voir sa carrière basculée pour plagiat. Mais au-delà de cette histoire de plagiat qui fait bouger la toile avec la sortie de plusieurs camerounais qui manifestent leur colère depuis quelques jours ; il y a aussi que, même si le geste est répréhensible, c’est aussi tout à l’honneur du Cameroun. C’est la preuve que nous avons un patrimoine musical riche et varié que nous devons préserver et valoriser par la même occasion. C’est aussi la preuve que les nouvelles générations doivent prendre à bras le corps leur destin culturel, de peur que celui-ci soit phagocyter par les cultures étrangères. Avec cette affaire, la musique camerounaise risque être une nouvelle fois au centre des interrogations, pour chercher à savoir ce qui fait vraiment sa particularité au point de pousser les gens au plagiat. Une chose est sure, on a du bon au Cameroun !

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch