La punition en Mbeng (Pourquoi n'arrivons-nous pas à punir nos enfants en Mbeng ?) - Auletch

La punition en Mbeng (Pourquoi n’arrivons-nous pas à punir nos enfants en Mbeng ?)

Publié le 9 février 2015, par dartnaud

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C’est l’histoire de Sophie ou encore de Corinne, ça aurait pu être votre histoire ou la mienne. Une chose est sûre c’est ce que vivent beaucoup de parents africains en Mbeng. Le way c’est quoi? Vous quittez votre Afrique chérie, vous arrivez en Mbeng, vous étudiez, vous tombez amoureux(se), vous vous mariez, vous avez votre premier enfant … vous êtes heureuse!

Votre enfant grandit et il commence à faire quelques bêtises. En bonne africaine, vous corrigez votre enfant, on sait comment ça se passe au pays, une bonne petite fessé ou une giffle bien placée, rien de bien méchant enfin… ça dépend pour qui!

Un jour votre voisine toque à votre porte. Avec un sourire jaune, elle vous fait la remarque comme quoi elle entend beaucoup de bruits d’enfants dans la maison. Innocemment, vous répondez: « oui, c’est l’enfant. Il pleure beaucoup » ; et la voisine de répondre toujours avec le sourire jaune :  » oui, les enfants! Vous savez, il faut les cajoler, les chouchouter… Ils sont tous comme ça à cet âge. Il faut prendre soin d’eux ». Tu wanda d’abord que euuye, la go ci djoss quoi comme ça ? Elle pense que je ne know pas m’occuper d’un muna ? Et c’est comme ça qu’elle revient une deuxième fois, même discours même scénario. La troisième fois, vous ouvrez la porte et vous tombez sur la police : « Bonjour madame, police nationale. Nous pouvons entrer ? Oui, on nous a fait comprendre que vous maltraitez votre enfant » . Voilà comment les problèmes de quelqu’un commencent.

En Mbeng, il est difficile de punir un enfant quand on vient du pays. Chez nous, la fessée, la gifle, ou même les punitions du style « va nettoyer le champ » sont légions. En Mbeng, les munas sont des petits rois. Quand un enfant te casse les pieds, tu l’envoies au coin – du mur – pour le punir (wanda xxl), tu entames une séance de négociation verbale ou, pire, tu lui expliques la théorie du bien et du mal pendant une heure. Certains parents ne grondent carrément pas leur enfants parce qu’ils ont peur d’être détestés par ceux-ci. Et c’est comme ça qu’un laisser-aller s’installe dans les habitudes du muna. On wanda qu’il devient insolent au school, désordonné à la maison, délinquant à l’adolescence. Ça ne rigole pas ici! Si on se rend compte que tu claques ton muna de temps en temps, c’est le service social qui va tcha le relais sur son éducation. C’est à tel point que les rôles sont inversés ; des fois c’est le muna qui te menace en prétextant qu’il va appeler le service social pour dire qu’il est battu. A l’école c’est la maîtresse qui pose la question au muna pour vérifier qu’il n’est pas sujet à des humiliations. Malheur à toi si le matin tu as refusé qu’il touche au chocolat, le gars peut te gnan comme les blagues !!

Au pays, la structure familiale veut qu’il y ait un pater sévère qui joue le rôle du flic méchant et à coté, la mater, la gentille, mais qui ne prend jamais ta défense quand le pater te punit. la fessée est normale. Je ne parle pas bien évidemment des parents qui maltraitent carrément leurs munas ein, ceux là sont à lapider. Au pays, on est éduqué en inculquant la crainte, on a peur de faire des bêtises parce qu’on pense à la fessée, et au fur à mesure qu’on grandit les parents nous font comprendre qu’ils sont durs avec nous pour notre bien, pour qu’on puisse faire la différence entre le bien et le mal, mais surtout pour ne jamais faire du mal tant que nous sommes sous leur responsabilité.

On speak, on rit mais c’est dur de gronder son muna en Mbeng hein ! Tout est négociation. Mais ce n’est pas plus mal, on peut comprendre cette surveillance de l’Etat surtout quand on voit ce que subissent certains munas livrés à des parents psychopathes, zinzins, dérangés où tout simplement fous.

Il faut trouver le juste milieu dans l’éducation des enfants, qu’ils soient nés en Mbeng ou pas. Je vous assure que, des fois en lookant ce qu’un enfant fait subir à ses parents en Mbeng, tu es persuadé qu’une bonne claque arrangerait la situation sans problème. Mais on va faire comment ? On est en Mbeng, l’intégration veut notre mort.

Auteur : dartnaud

L'Afrique mon essence, le Cameroun ma muse ... J'aime la tchop (le kouakoukou et le riz), les mots(la poésie), la musique (Bikutsi, Hip-Hop). Blagueur et toujours en mode sourire. Si tu veux me "vexe", touche mes dos !