Interview : Xzafrane est sur Auletch pour nous djoss de son nouvel album "Le Cameroun d'abord"

Interview : Xzafrane est sur Auletch pour nous djoss de son nouvel album « Le Cameroun d’abord »

Publié le 30 août 2021, par Charly ngon

Depuis les bancs de son lycée jusqu’à son entrée dans l’univers professionnel de la musique, la pointe de sa plume est restée engagée, incompris par certains, combattu par d’autres, malgré l’adversité, il n’a jamais abandonné le navire de la révolution dans lequel il est monté comme un gars qui traverse le désert pour go en mbeng avec ses potes. Sept ans après la sortie son premier album « Un million de problèmes« , avec au passage un EP et de nombreux singles. C’est avec la rage dans le ventre comme un gars qui vient d’avoir sa carte d’identité nationale que Xzafrane nous présente son nouvel album  » Le Cameroun d’abord« . Un album de 16 saveurs musicales parfumées comme le riz d’Orca avec des thématiques inspirées des réalités du quotidien. La critiques est presque d’accord sur le fait que c’est un chef d’œuvre d’une profondeur impressionnante qui met à l’honneur le talent artistique du rappeur. Today, il a fait une halte sur le Auletch pour nous faire un Toli toli sur ce deuxième album de sa carrière.

Xzafrane

 

Hello Xzafrane, comment vas-tu ?  C’est la first fois que tu cames au letch ?

Bonjour à vous, je vais bien. Je suis sur Au Letch en prime aujourd’hui, mais j’ai toujours été. Et vous d’ailleurs avez toujours été là pour moi chaque temps chaque temps ( rires).

Avant de poursuivre, Gars djoss nous un peu comment tu as géré ta période de confinement ? Est-ce que ce moment t’as permis d’avancer dans certains de tes projets notamment ton nouvel album ?

La période du confinement a été hyper difficile pour moi. Non seulement les activités de ma petite entreprise ont pris un coup, mais également rien ne tournait. C’est vrai qu’artistiquement cela m’a permis d’avancer avec mes projets studio.

Xzafrane

Parlons justement de ce nouveau projet. En 2016 au cours d’une interview accordée au magazine Kamitamag, tu annonçais la sortie de l’album « Le Cameroun d’abord » en 2017. Ce n’est que cinq ans plus tard que l’album voit le jour. Comment tu expliques que ça ait mis autant de temps à sortir ?

 L’album « Le Cameroun d’abord » qui sort aujourd’hui a été enregistré à 70% depuis plus de 3 ans. Pendant le confinement, j’ai plutôt profité pour enregistrer un autre album de 14 titres  et un EP de 6 titres qui sortiront après l’album « Le Cameroun d’abord ». Donc je dispose actuellement d’un album complet et un EP en studio.

« Le Cameroun d’abord » c’est 16 titres avec de nombreuses collaborations. La plupart ne surfe pas sur le registre engagé auxquels tu nous as habitué. Qu’est-ce qui t’a influencé ? Parle-nous de la direction artistique de cet album au niveau des choix de thèmes abordés.

Déjà, les collaborations dans ce projet n’obéissent pas à une démarche stratégique. Elles se sont faites au feeling, j’ai voulu non seulement mélanger les générations, m’ouvrir à d’autres possibilités, mais aussi révéler des talents. Je n’ai pas verbalement fait toutes les collaborations que j’avais souhaitées dans l’album, mais je suis fier de toutes les collabos qui sont dans l’album car à la fin je m’en rends compte que c’est véritablement ces collabo qu’il me fallait et celles que je n’ai pas pu faire. Vous savez, nos artistes, qui ont un peu de visibilité, ont horreur de partager, je ne sais pas pourquoi. Il est même des collègues artistes qui m’ont clairement dit qu’ils ne souhaitent pas figurer dans mon projet parce que je fais de la musique engagée, ils ont peur des représailles.

Dans le titre « Larmes » tu parles d’un sujet de société qui touche beaucoup de fille/femme au Cameroun … les abus sexuels en tout genre ! Texte très émouvant, parle nous de l’écriture de ce dernier et ton regard sur ce fléau social.

Effectivement comme je le dis dans le titre « Le Cameroun d’abord » « Mon pays est malade, je viens de faire le diagnostic/Le mal est en chacun de nous, il est social et politique/Pour le soigner c’est gratuit, pas de besoin de dépenser/L’amour est le seul médicament qui pourra nous soigner ». Vous comprenez ici qu’au-delà de la politique, il y a des problèmes sociaux qui ne sont pas moins graves et qui méritent effectivement qu’on en parle. C’est le manque d’amour pour l’Humain, pour la patrie qui pousse certaines personnes à être aussi méchante envers les autres. La maltraitance des enfants, le viol, les abus sexuels, la violence faite aux femmes… sont autant de maux dont souffrent beaucoup de nos sœurs, il fallait en parlé, il fallait bien que quelqu’un en parle. Comme chacun de mes textes, l’écriture s’est faite de façon naturelle, sans forcer. J’ai voulu à travers ce son, non seulement poser le problème, mais aussi motiver les femmes à davantage se battre dans la vie.

Franko, Ivee  et toi sur le titre « Ils ont eu tord » … nous à la rédac le match est très très très serré. On n’a pas pu dire lequel de vous 3 a tchop les deux autres. Bon on avoue un peu Ivee part avec un léger avantage. Gars on veut tout savoir sur cette collabo, de l’idée à la matérialisation.

Cette collaboration a été réalisée en 2019, sans trop de tracas, j’ai appelle Franko pour lui faire cette proposition et il a validé sans prise de tête. J’ai envoyé la prod déjà avec le refrain, et le reste s’est fait naturellement. Ivee, c’est plus qu’un frère donc ça été facile. Laroche a fait la prod et le tube s’est dessiné tout seul.

Xzafrane

Quel est le morceau qui t’a poussé dans tes derniers retranchements au moment de la composition ?

« Ouga Ouga » est le morceau le plus profond de cet album, car je ne sais pas moi-même de quoi je parle, mais je sens que je dis des choses énormes. Quand, j’enregistrais ce son, je me suis senti investi d’une force spirituelle, un truc de ouf que je n’avais jamais senti. C’est comme si une personne me soufflait des mots et moi je rappais seulement. Il y aussi le titre « Sans titre » qui est un rescapé de l’album « Un million de problèmes » chaque fois, il refuse de sortir. Mais là, il est sorti.

On remarque qu’il y a beaucoup de musicalité, de mélodies dans le choix des prods mais pas que … on constate aussi que tu chantes également en gardant cette authenticité culturelle dans ton accent. Les titres « NTI » ou encore « Fatigué » en sont la preuve. Gaaaaars tu as tchop quoi nooon ? Parle nous de cette métamorphose.

Quand on a la chance d’avoir bien fait ses bancs dans l’école du rap, on peut surfer avec brio dans n’importe quel style en restant consistant. Je n’ai pas voulu fermer cet album, car il est destiné à tous les Camerounais, il fallait que chacun selon ses kiffes et ses sensibilités se retrouve. C’était mon plus grand pari, car les messages sont divers et la cause pour laquelle je milite est plurielle, il fallait effectivement que je ne reste pas calfeutré dans un registre. C’est aussi ça l’importance d’avoir un fil conducteur, un positionnement artistique, car j’ai opéré cette mutation, mais j’ai gardé le fond de mon message et mon identité ce qui a fait en sorte que public de base ne se retrouve pas choqué, mais agréablement surpris.

En regardant la fiche technique de cet album on se rend compte que tu t’es entouré d’une dream team. Parle-nous du cercle privé qui t’a accompagné dans la réalisation de cet album !

Ce travail que vous appréciez tant n’aurait pas été aussi fin et professionnel, si je n’avais pas eu toutes ces personnes avec moi.

@Fabrice Ngock (Laroche)

Est celui qui a assuré l’enregistrement de 90% de l’album. Avec lui j’ai appris la patience et la détermination. Dieu seul sait que c’est au studio que j’ai terminé l’écriture de presque toutes les chansons. J’ai écrit souvent au feeling et lui il a su resté patient et toujours engagé. Cet album est aussi le tiens frère.

Laroche est également le beat maker derrière les pistes 3, 10, 12 et 16 de l’album

Dark’Os Beatz ( @Junior Ovassa)

Un mec hyper distrait et passionné. Pour moi, il est dans le TOP 5 des meilleurs Beatmakers de ce pays. Je travaille avec Dark’Os depuis 2015, il a toujours eu le même amour et la même créativité. C’est grâce à lui que j’ai réussi cette ouverture vers d’autres styles car il a sû interprété ma pensée profonde et la transformé en musique. J’ai voulu faire un album ouvert sans perdre le fond, je crois que ce pari a été tenu. Merci frère, cet album est également le tient.

Dark’Os est le beatmaker derrière les pistes 1,2,4,5,7,9,11,13,15 Vous allez par vous-mêmes constater sa polyvalence.

Julien Epouhé (P.A.P)

Un mec hyper rigoureux et professionnel, c’est le cerveau derrière les mix et mastering de ce projet. Il a mixé et fait les masters de tout l’album excepté la piste 3 qui a été mixée et mastérisée par Laroche.

Avec P.A.P on a travaillé en harmonie et dans un esprit de collaboration et de respect. Le mec a fait de cet album son projet personnel. Petite confidence, il a rédigé et posé le speech qui vient après le premier couplet du titre 1 (Le Cameroun d’abord). Il m’a seulement envoyé le résultat final du son j’ai trouvé le speech génial on a validé.

De nos jours, c’est vraiment rare de trouver des jeunes qui travaillent dans un projet avec autant de détermination et d’amour. Mon frère reste comme tu es ne change pas.

@Lesensei Faucon (Faucon Amenté)

C’est le seul dans ce showbiz qui a réellement été mon mentor. C’est même grâce à lui que j’ai continué dans le rap. Un moment (2005-2008) tout a tellement été difficile dans ma vie que j’ai failli abandonner cette musique. Nous sommes ensemble depuis 2004 à la création du Masters Of The Game, j’ai vu ce mac sacrifié tellement de choses pour l’amour de la musique. Il m’a tenu la main dans mes débuts, m’a introduit dans le circuit et m’a encouragé chaque fois qu’il a fallu. C’est mon seul mentor, je n’ai pas eu d’autres !

Pour moi, ça été un honneur qu’il participe à ce projet malgré ses multiples occupations. Il a réalisé les prises de voix des pistes 1 et 7 de l’album. Merci frère !

@Landry Mbassi

C’est le chef d’orchestre, un grand artiste dans l’âme. Celui-là qui est à la planification et à la supervision générale de tout le projet depuis sa sortie du studio. Un fou de l’art et de la culture, une grosse plume, un esprit libre.

Il m’a dit qu’on va briss avec le projet ci, j’ai répondu YESS !

@Ayuba Said

C’est le talentueux graphiste derrière les visuels de l’album. Un gars bien et d’ailleurs gros big-up à lui

@Rodrgue Mbock

C’est Rodrigue Mbock qui a réalisé le shooting photo du visuel de l’album. C’est un shooting que nous réalisé à l’Extrême-Nord du pays en 2019. Notamment dans une périphérie de Maroua.

La cover de cet album est très expressive. On te voit en tenue de tirailleurs africains avec une épée à la main en position de combat. Est-ce qu’aujourd’hui en tant qu’artiste tu te sens avoir l’âme ou la responsabilité d’un combattant ?

Je porte une tenue de tirailleur dans la cover de l’album en hommage à nos grands-parents qui ont été forcés où contraints de combattre pour la France au prix de leurs vies. Ici, j’ai arboré d’abord cette tenue parce que je me sens contraint et obligé de combattre pour mon peuple qui se trouve en danger. Donc le peuple par sa situation actuelle m’a contraint à me battre pour le libérer de toutes les vicissitudes avilissantes. Par ailleurs, les armes que je porte et la posture adoptée fond de moi un guerrier, un soldat qui au péril de sa vie se bat pour défendre une cause noble. Cet album est une arme concoctée pour détruire ceux qui transforme le Cameroun en enfer, une bouffée d’air pour donner la force à ceux qui se battent encore pour un Cameroun meilleur.

Que penses-tu du rap au Cameroun actuellement ? Très peu ont une lame dans la bouche comme tu le dis dans le morceau « ils ont eu tort » ! Est-ce que le rap en lui-même n’a pas perdu un peu de son esprit dénonciateur, engagé ?

 Je suis fatigué de cette question frère ! Nous vivons une époque où les héros sont transformés en con et les gosses en héros. Une époque ou plus c’est bête, plus ça plaît. Le rap Cameroun aujourd’hui, c’est simplement le Jamel Comedy Club. Les gars disent qu’ils falla les do, mais je wanda alors que depuis là ils sont toujours nguémé.

Quand on est un artiste engagé comme toi avec les textes qui dénoncent le comportement de certains dirigeants. Comment on vit au quotidien, dans un pays où on a vu des injustices pour moins que ça ?

On survit tout simplement comme 90% des Camerounais ! Mais malgré tout, je garde mes valeurs et mes principes. Je garde ma fierté et je ne suis pas prêt de m’arrêter

Alors c’est quoi la suite ?

Les albums encore plus engagés, la campagne de sensibilisation, le projets de développement…

Merci de nous avoir accordé cette interview. Un dernier mot pour la communauté AULETCH

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Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch