Interview : Samuel BAMAL « Pas besoin d'être un CEO pour être un entrepreneur»

Interview : Samuel BAMAL « Pas besoin d’être un CEO pour être un entrepreneur»

Publié le 9 mai 2017, par Dickson

On a rencontré Samuel BAMAL, le promoteur de Cloomify, l’application de géolocalisation qui fonctionne avec ou sans connexion internet  au Cameroun. 

Samuel Bamal

Samuel Bamal

Bonjour Monsieur BAMAL Samuel, vous êtes connus pour être à l’initiative du projet Cloomify de la startup GeoSmart ! Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous ? D’où venez-vous ? Quel a été votre parcours ?

Je suis BAMAL SAMUEL Aymard, Bassa de BABIMBI, camerounais et amoureux de l’okok avec du manioc. J’ai fait mon primaire à CEBEC BETHEL (Carrefour 2 Eglises), mon secondaire au lycée de New-Bell et des études d’ingénierie à la Faculté de Génie Industriel. Je ne suis pas atteint de la « diplomite » donc je préférerais qu’on dise que je suis un passionné de technologies.

Quand avez-vous décidé de vous lancer dans cette aventure ? Quel a été le déclic ?

Depuis, étant en 2e année université, je travaillais sur un projet que j’avais baptisé ShoOwer. C’était un réseau social complet, mixé à des recommandations de visites de lieux pour se détendre, manger, sortir etc. J’ai toujours personnellement eu certaines difficultés à retrouver certains lieux dans la ville où je me trouve car les plans de localisation sont quasi inexistants, et quand bien même ils sont donnés, ils sont assez « abracadabrantesques ». Mais jusque lors, je n’avais pas encore été touché par la foudre. Puis vint le jour où j’ai perdu un être cher cette nuit là… Du fait que l’urgence censée intervenir déjà ne savait pas exactement comment retrouver direct notre maison, et en plus du fait qu’on n’avait pas l’information de tous les lieux pouvant sauver la vie à cette personne aux alentours…Depuis ce jour, les problèmes de déplacements dus à l’adressage au Cameroun sont devenus mon souffle de vie. Ce problème je m’étais fixé pour but de le résoudre!!

Parlez-nous de Cloomify…

Ainsi, dans un sursaut de noir vengeur et fier, j’ai décidé de mettre au point « la » solution aux problèmes de déplacement que provoque l’adressage au Cameroun. J’ai balayé et reconstitué ShoOwer en city guide, en une plateforme qui permettrait à chaque individu de retrouver où est situé n’importe quel lieu dans sa ville, avec ou sans connexion internet. Elle devait également fournir des adresses à tous ceux qui n’en ont pas encore et être téléchargeable sur Google Play, AppStore et Windows phone et utilisable simplement via des SMS depuis n’importe quel téléphone. Aujourd’hui, elle s’appelle Cloomify et est disponible sur Google Play sous le même nom.

cloomify

Quelles sont les défis que vous avez où que vous rencontrez dans votre parcours ?

Le plus grand aujourd’hui est la mise à jour des informations de localisation des lieux, car certains tombent, d’autres ouvrent d’autres changent de localisation. Mais nous avons une parade mise au point depuis quelques mois et elle fonctionne de manière assez acceptable pour le moment, mais nous avons les compétences pour le relever! Également, l’un des grands maux qui nous rongent c’est la quasi impossibilité de rencontrer les ministres rattachés directement à notre domaine d’action. Pour les rares que nous avons eu la possibilité de rencontrer, ils nous ont fait des promesses, que des promesses et toujours des promesses. Donc voilà! Mais s’il fallait juste se résumer à cela, on ne serait pas où nous sommes aujourd’hui. Certes ce n’est pas encore extraordinaire et ahurissant comme les startups à grand succès connues de tous, mais nous sommes confiants et nous ne pouvons que mener à bien cette mission.

On a vraiment l’impression que créer sa start-up aujourd’hui est plus simple qu’à l’époque de nos parents. Qu’en pensez-vous ? Qu’est ce qui a changé ?

En fait, notre société a toujours fonctionné ainsi. Y a qu’à voir la vitesse à laquelle les commerces naissent chez nous. La grande différence avec aujourd’hui est basée sur les effets de l’avènement de nouvelles technologies et du mobile en Afrique. Ainsi, on a bien voulu habillé ceux qui toucheraient directement ce secteur avec un fort potentiel de croissance ! Et le nom de baptême de ce kaba-ngondo : Startup.

Selon vous, quelles sont les pré requis pour être entrepreneur dans le contexte socio-économique camerounais ?

Déjà l’entrepreneuriat n’est pas un métier, c’est un état d’esprit, une manière de penser, une manière d’agir selon sa vision unique de la vie. Ainsi, je ne peux pas dire qu’il y a une école ou un centre où on formerait à devenir entrepreneur. Vous direz les incubateurs? Ils vous aident à comprendre le pourquoi de votre choix d’être un entrepreneur. On n’est pas forcément entrepreneur parce qu’on a un projet ou une entreprise. Je répète, pas besoin d’être un CEO pour être un entrepreneur, car entreprendre c’est juste une façon de penser et d’agir. Ainsi les pré-requis : être préparé au manque de confort, à faire des choix qui vont contrarier les proches, avec un mental en adamentium et trouver la raison pour laquelle on le fait. Si vous pensez que la raison n’est pas assez puissante et ne vous convient pas vous-même, alors peut-être ceci n’est pas fait pour vous.

Une anecdote marquante de votre parcours d’entrepreneur …

J’ai été dépouillé de mon matériel de travail il y a quelques mois. Les gros bras ont repris ce qui leur appartenait. Personnellement je n’avais plus ni smartphone, ni PC, ni même un cordon USB. Cela a considérablement ralenti les travaux de l’équipe. Mais aujourd’hui je suis toujours là, continuant le chemin et plus déterminé que jamais!

Où est-ce que vous vous voyez dans 5 ans ?

Dans 5 ans, je vois Cloomify comme : La plateforme utilisée par 90% des camerounais lorsqu’il s’agira de retrouver un lieu.  La plateforme qui fournira des adresses physiques aux camerounais; exploitables pour retrouver plus simplement des habitations.

Si on devait mettre en lumière une autre start-up ou initiative camerounaise actuellement, selon vous ce serait laquelle ? Pourquoi ?

Je dirais le projet DroneAfrica car leurs possibilités dans la cartographie et les prises d’images couplées aux positions GPS sont d’une grande complémentarité avec ce que nous faisons et le problème que nous résolvons.

Quel est le top 3 des applications mobiles ou de bureau que vous utilisez actuellement ?

Les Applis: Bit Defender (Antivirus) – Office – Photoshop

Si vous étiez un plat camerounais, ce serait lequel ?

L’okok salé (+viande os mangeable, important : beaucoup de viandes) avec du manioc doux bien cuit, un peu doré et sans fibres.

Un mot pour la fin … un message à l’endroit de la jeunesse camerounaise !

Vous avez un potentiel brut et tellement puissant qu’en contrôler la propagation et canaliser le substrat en devient une paire de manche venue de saturne. Je ne vous demande pas d’adopter l’état d’esprit de l’entrepreneur car beaucoup diront que rien ne vaut le confort d’un bel emploi stable, fiable et bien remunéré. Je vous appelle simplement à ne pas regretter vos choix, à faire ce qui doit être fait, sans état d’âme ou d’émotion pour atteindre votre objectif. Je ne vous demande pas de devenir des homos, marabouts, sorciers, vampires, sectaires ou assassins. Je vous demande de faire ce qui doit être fait car au fond de nous, on sait toujours ce qui doit être fait mais la différence réside dans ceux qui osent et ceux qui font taire cette voix de la raison interne. On n’est jamais mieux servi que par soi-même alors n’attendez pas trop des autres, donnez plutôt le meilleur de vous et gardez l’esprit positif, même le ventre vide, tout ira bien à la fin. Si ça ne va pas bien, c’est que ce n’est pas la fin. Aller ciao.

Auteur : Dickson

Je fais partie de la Génération Androïde donc jamais sans mon phone. All les days, je jongle entre les fonctions de mélomane, d'internaute et de noctambule. En résumé, je suis un camerounais déjà avancé !