Interview de Jean-Baptiste Essissima, le promoteur de la plateforme Afritubes

Interview de Jean-Baptiste Essissima, le promoteur de la plateforme Afritubes

Publié le 15 septembre 2020, par Charly ngon

Afritubes est une plateforme de musique exclusivement dédiée à la promotion et à la valorisation des artistes africains et afrodescendants.

Jean-Baptiste Essissima, AfriTubes 

La bataille culturelle n’est pas que un slogan, mais un fait à prendre en considération. Et l’une de ses manifestations, c’est l’absence ou encore la suppression de certaines œuvres africaines et afrodescendantes sur certains plateformes de musique. Quand bien même elles y sont, ces œuvres sont soumises à certaines conditions avant d’être diffusées. Pour contourner cette discrimination afin de donner plus de visibilité aux contenus d’origine africaine, et de permettre aussi à ces artistes de gagner de l’argent à la hauteur de leur popularité, Jean-Baptiste Essissima a créé Afritubes. C’est une plateforme qui s’est inspirée du géant YouTUBE, mais qui est essentiellement réservée aux africains. Installé au Canada depuis de nombreuses, l’entrepreneur camerounais est aussi à la base de plusieurs autres projets réservés toujours au public africain. Today sur Auletch, il nous en dit un peu plus.

Hello Jean-Baptiste Essissima, bienvenue sur Auletch.

Bonjour à l’équipe du magazine !!

C’est la première fois d’entendre parler de notre webzine ? (Si c’est le cas, merci encore d’avoir accepté de répondre à nos questions)

Mais non ! Auletch, c’est un ancien webzine que j’ai souvent visité sur internet. Je pense que ça doit déjà faire 10 ans que vous existez.

Aujourd’hui vous vivez au Canada, et vous faites partie de cette génération d’entrepreneurs du 237 qui ont des grandes ambitions pour l’Afrique et le Cameroun en particulier. Est-ce que vous pouvez vous présenter aux letchois ?

Je suis développeur web de formation. J’ai commencé ma carrière professionnelle en 1998. J’ai travaillé à Newtech, fournisseur d’accès Internet à Yaoundé. En 2002, je suis embauché à la Sopecam (Société de Presse et d’Edition du Cameroun), affecté à la rédaction de Cameroon-Tribune, au poste d’administrateur du site web du quotidien national en ligne. J’ai travaillé pendant 12ans dans cette entreprise jusqu’au moment de mon départ du Cameroun en 2012. Aujourd’hui, je suis entrepreneur web. J’ai lancé un certain nombre de plateformes numériques a l’instar du réseau social afro www.netiwooki.comet www.Afritubes.com, qui est la plateforme de partage de vidéos afro.

Vous venez de lancer «Afritubes», la première plateforme de partage de vidéos exclusivement dédiés aux artistes africains, qu’est-ce qui vous a motivé à le faire ?

La plateforme est dédiée à tous les créateurs de contenus audiovisuels afro et afro descendants. Ce qui m’a motivé, c’est que depuis quelques temps, certains afro voyaient leurs contenus censurés sur Youtube. Aussi, j’avais remarqué que les artistes africains et les créateurs de contenus ne vivaient réellement pas de leur travail en publiant gratuitement dans cette plateforme. Alors, l’idée m’est venue de créer une plateforme exclusivement afro, pour permettre aux créateurs de contenus vidéo de la communauté africaine de pouvoir s’exprimer librement. Aussi Afritubes leur propose un système de monétisation direct de leurs œuvres.

Vous conviendrez avec nous que la première idée qui passe par la tête d’une personne lorsqu’elle entend parler d’« Afritubes », c’est le rapprochement avec YouTube. Quelle est la différence qui existe entre les deux plateformes, ainsi que les autres ?

Il existe de nombreuses plateformes de partage de vidéo : Dailymotion, VK, Brighteon, Tidal et la plus connue des africains Youtube. Toutes ces plateformes fonctionnent sur le même principe. Afritubes ne va donc pas réinventer le fil à couper du beurre. Nous avions juste voulu proposer une plateforme exclusivement afro communautaire, et surtout permettre à nos utilisateurs de gagner décemment leur vie en proposant un système de monétisation direct. Contrairement à Youtube, qui leur propose un système flou. Un artiste par exemple ne saurait vous dire quand il doit recevoir un chèque de Youtube, et ainsi que le montant.

 On peut avoir une simulation sur les bénéfices qu’un artiste peut générer à partir d’« Afritubes » ?

Nous allons partir sur une base simple. Un artiste qui a de l’audience et qui fait 400.000 vues sur Youtube, si l’artiste publie la même vidéo sur Afritubes.com, et seulement 15% des 400.000 personnes qui ont regardé  gratuitement la vidéo sur Youtube décident de payer 1euro pour regarder l’intégralité de la vidéo, l’artiste gagne 60.000 euros, soit 39.357.400 Fcfa brut. Ils ne pourront jamais percevoir ce montant de Youtube.

Les revenus gagnés sur « Afritubes » par un artiste sont-ils supérieurs par rapport aux autres plateformes ?

Il faut que les artistes sachent que les likes et les vues ne sont pas un retour sur investissement et que les utilisateurs sachent que la gratuité n’est pas un droit. Les artistes pour entrer en studio dépensent des sommes énormes, et même pour produire un clip vidéo. Nous proposons une politique de monétisation directe. Et l’artiste sait exactement combien il gagne en fonction du nombre de vues. Ainsi, nos revenus sont supérieurs si les fans de ses artistes comprennent que l’artiste doit vivre de son art. Le vrai fan ne se contente pas de la gratuité, mais il soutient son idole.  Avec la situation sanitaire mondiale actuelle, les artistes doivent trouver un autre moyen de gagner leur vie. Et ce n’est pas en publiant gratuitement leurs œuvres sur Youtube que cela sera possible.

Depuis le lancement de la plateforme, combien d’artistes se sont déjà abonnés ? Et peut-on savoir de quels pays d’origine sont-ils ?

 Depuis le lancement de la plateforme, on ne note pas encore la présence des grands noms, mais la plateforme a déjà plus de 850 utilisateurs en moins de 15 jours, plus de 180 vidéos publiées, plus de 22.000 vues au total. Certains grands artistes ont promis créer leur chaîne.

Quelles sont donc les conditions à remplir par les artistes pour intégrer la plateforme ?

Aucune condition. La plateforme est entièrement gratuite pour toute personne qui veut créer une chaine et publier ses productions.

Puis que nous parlons de musique, j’aimerais vous demander votre point de vue sur le projet de loi portant organisations des associations culturelles et artistiques que le ministère des arts et de la culture est sur le point d’adopter au Cameroun ?

J’ai suivi l’actualité par rapport à ce projet de loi. Sans être expert dans le domaine, je pense que le ministère des arts et de la Culture est dans son rôle d’organiser et de promouvoir les activités culturelles. Si les experts de ce ministère ; en concertation avec les différents acteurs de la chose culturelle, sont tombés d’accord pour créer un environnement favorable pour permettre aux artistes de  vivre de leur art, je pense que c’est une bonne chose. Mais si les artistes pensent que ce projet n’est pas à leur faveur. Il serait plus sage de se concerter de nouveau pour aplanir les divergences et permettre une bonne compréhension de ce projet de loi.

Comme nous le disions au début, vous êtes un entrepreneur aux multiples casquettes, « Afritubes » n’est qu’une partie des projets que vous avez déjà mis en place. Vous pouvez nous en dire un peu plus sur les autres ?

Il est important pour les africains de créer un écosystème numérique. Et qu’on arrête de consommer ce qui vient toujours d’ailleurs et créer la valeur pour ces entreprises, qui en retour ne reverse rien en Afrique. 10$, c’est le montant que facebook gagne sur chaque individu qui se connecte dans son réseau social. Plus 2% d’augmentation au niveau de sa capitalisation boursière. Vous voyez donc que c’est notre présence qui crée la valeur pour ces plateformes. Et si les africains commençaient aussi à créer des plateformes propres à l’Afrique, nous allons créer la valeur de ses entreprises plus proches de nous. Raison pour laquelle, j’ai lancé le réseau social communautaire afro www.netiwooki.com. J’ai aussi lancé une plateforme d’éducation en ligne pour les élèves du secondaire www.schoolmobile.net. Un site de financement participation pour tous ceux qu’ils veulent ouvrir une cagnotte pour un projet, une cause ou un évènement www.harambii.com. Et enfin, une webtv www.goafricatv.comqui fait la promotion des initiatives des africains de la diaspora et ceux qui sont restés sur le continent.

Est-ce que toutes ces activités, vous les menez exclusivement depuis le Canada, ou il y a des agences aussi au Cameroun et dans d’autres pays ?

Pour le moment, les sièges de ses activités sont basés au Canada. Mais nous comptons les installer dans les pays africains ont présente des conditions meilleures pour le déploiement de ses projets.

Avant de nous séparer, nous allons jouer à un petit jeu de préférences. Plantain pilé avec la sauce d’arachide ou Feuille de manioc sans sel ?

Plantain pilé avec la sauce d’arachide.

Cameroun ou Canada ?

Humm ! Une vraie colle cette question. Je dirais Canada.

Un dernier mot pour les lecteurs d’Auletch Magazine.

J’invite les lecteurs de votre magazine, de nous rejoindre sur netiwooki.com et afritubes.com. Ces plateformes sont les leurs. C’est ensemble que nous allons atteindre le niveau de l’occident.

Merci de m’avoir permis de m’exprimer sur votre plateforme.

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch