Interview : A.N.G dit tout sur son nouveau projet O.D.B

Interview : A.N.G dit tout sur son nouveau projet O.D.B

Publié le 16 octobre 2023, par Au Letch

Pochette rouge. Visage caché. Original Deïdo Boy est animé par la fureur. Un sentiment fort et une manière d’être à Deïdo, ce quartier chaud du 1er arrondissement de la ville de Douala. Du début jusqu’à la fin de cet opus, le village transpire sur toutes les prods, tous les samples, toutes les interpolations des anciens succès de la musique. Today, nous sommes allés discuter avec l’auteur de cet album : A.N.G, le beatmaker le plus chaud/show de Londres. Entretien court (on espère l’avoir rapidement sur TOLI-TOLI) mais fort.

 

1- Bonjour ah moto, na njé ? Comment t’es venu l’idée de faire un projet baptisé  »Original Deïdo Boy » ?

“ODB c’était un peu la suite logique des choses après 3 Ep’s et 1 album je pense que j’avais fait le tour et qu’il était temps de présenter mon propre son”.

2- Au delà, de tes origines à Deido, qu’est-ce que cet album tente de retracer ? Ton parcours ? Ta vie ? Tes choix ? Tes doutes?

“C’est Deïdo dans toute sa splendeur, mes inspirations, ma culture, ma famille , mon rapport avec le spirituel, la connaissance de soi , mes origines, fusion de mes influences depuis ma jeunesse jusque dans la grisaille de londres . Dans cet album j’ai proposé le meilleur de moi même dans mon plus grand dépassement en matière de son et même dans les thèmes abordés”.

3- ODB compte des références aux anciens. Avant d’aller plus loin, qu’est ce qui différencie le sample de l’interpolation ?

“Je vais faire simple ; sampler c’est utiliser un partie de la musique (instrumental ou une partie chantée ) d’un autre artiste et sortir de là avec une chanson , l’interpolation quant à elle fait plustôt intervenir la partie Lyricale de la chose cet a dire reprendre les lyrics d’un autre artiste puis rechanter a sa façon.”

4- Douleur, Ben Decca, Petit Pays, Longue Longue, Toto Guillaume etc … Pourquoi tes choix se sont principalement portés sur ces artistes ?

“Ah , honnêtement je ne pourrai te répondre, c’était pas un choix personnel c’est ce qui est venus lors du processus créatif 😅😅 , lors de la préparation de cet album je me suis beaucoup replongé dans les musiques qui ont influencés mon enfance, je voulais retranscrire cet émotion du week-end dans une maison familiale à Deïdo.

5- Par ailleurs, au delà du retour aux sources évident, on voit que tu tends la main aux plus jeunes … AzPRN, Big DO, de Malik, Mats Bille, etc.. Pourquoi tu le fais ?

“Parce que je fais de la musique et la musique ça se partage , parce que this thing is bigger than “ME” . Parce que c’est important de préparer les plus jeunes pour la suite et je me ravis de savoir que ce petit coup de pouce que j’applique sur notre industrie porte des fruits. En l’occurrence, la jeune génération de beatmakers/Producers qui comprennent et qui fait évoluer un travail que j’ai commencé il y’a une dizaine d’années déjà ( cf : les #237ONAIR) mais aussi les jeunes loups ; les rappeurs qui aspirent a des carrières plus stables et longues. “

6- Revenons à cet aspect collaboratif. Des vidéos de Douleur et Toto Guillaume circulent sur le web. On t’y voit! Qu’est-ce que tu recherches en workant avec les paters là ?

“On apprend tous les jours ! Je ne cesse jamais d’apprendre, même chez les petits j’apprends alors combien de fois ces mastodontes de la musique camerounaise.

 

7- Tu ouvres le projet avec la voix de Douleur. Tu le refermes avec une mélodie de JR Nelson. En quoi mettre autant les anciens en avant a contribué à faciliter ton work ? Dis-nous tout !

“En Duala, on dit : “Kwan nde yeï peña” comme je dis dans Elong’a , ça veut dire que rien de nouveau ne se créé tout est un éternel recommencement avec des transformations mais la base reste la même. Il n’est pas véritablement question de mettre les anciens en avant juste de musique . C’est spirituel. Et puis quand tu as été bercé par autant de musique dans ta jeunesse comme moi et que tu es pratiquant, toutes ces influences finissent par ressortir tôt ou tard”.

8- Tu as l’image d’un artiste posé entre les paters et la new-generation. Tu te situes où par rapport à ça ?

“Comme j’ai dit plus haut , quand je suis avec ces paters on discutent entre musiciens, j’apprends mais à aucun moment il y’a manque de respect ou bien ils me rabaissent au contraire, c’est toujours bonne ambiance et beaucoup de leçons ,  le plus drôle c’est qu’eux mêmes veulent aussi comprendre comment on fait les choses de nos jours et ils sont sans jugements”

9- Si valoriser ta culture passe obligatoirement par le maniement de ta langue, pourquoi certaines personnes tendent souvent à minimiser l’usage de l’anglais et le français quand des artistes  défendent leur letch mais pas en leur langue. Quelle est ta compréhension de ce  »paradoxe » ?

“ Je pense que c’est un choix , je ne pourrai repondre pour quelqu’un d’autre mais je peux dire qu’il y’a rien de plus original qu’être soit même, maintenant chacun l’exprime à sa manière” .

10- Un mot pour la fin ?

MUKENGUE TO THE WORLD 😉