Interview: «La photographie est un métier, et donc si vous voulez vraiment y aller, pliez vous en deux, apprenez puis mettez vous au travail» dixit Max Mbakop

Interview : A la découverte du talentueux Artiste Photographe Max Mbakop

Publié le 9 juin 2020, par Charly ngon

Max Mbakop est sur Auletch.

Max Mbakop est cité aujourd’hui parmi les meilleurs photographes du mboa. Ces clichés sont toujours des instants magiques empreints d’une authenticité qu’il prend le soin d’immortaliser avec son appareil réflex ( Nikon). Plus qu’un art, la photographie est une passion pour lui. Humaniste dans l’âme, depuis de nombreuses années il partage sa passion avec de nombreux jeunes qui participent chaque année aux ateliers de formation Kam’Art qu’il a mis sur pied. A travers une interview accordée à Auletch, il a bien bien voulu djoss un peu de lui, mais pas trop hein. D’ailleurs il n’aime pas lui les ways d’affichage là ( rires).

Credit Photo: Kam’art corp

1- Bonjour Max, avant toute chose on sait que l’actualité est gouvernée par la crise sanitaire qui secoue le monde et le Cameroun en particulier. Tout le monde à peur, comment tu vis ça ?

Stressé moi aussi. La Covid-19 a tout stoppé. En même temps ça nous permet de nous remettre en question et mieux réfléchir afin de mieux planifier demain. Pas facile mais on s’y adapte. Se morfondre ne sert à rien. La véritable question c’est, qu’est-ce qu’on fait après la Covid-19 ? Pour moi c’est ça l’essentiel. 

2- Quelle est ta routine depuis qu’on parle de ce virus au Cameroun ?

Introspection, famille, maturité de certains projets et création d’autres projets. A côté y a la famille et le Divin qui ont toujours été au centre de tout. 

3- Avant de parler de l’artiste, on va parler de l’homme, en quelques mots qui est Max Mbakop ?

Max Mbakop est un individu qui est à la recherche de la clé du bonheur de l’Humanité. Il est chef d’entreprise et chef de famille. 

Credit Photo: Max Mbakop

4- Comme dans plusieurs métiers, chacun a un modèle, qui est (ou était) ton modèle ? 

Je citerai le feu Goddy Leye, Vincent Ndoumbe, Lionel Manga et Nabil Boutros. Ces personnes m’ont aidé à devenir ce que je suis aujourd’hui de part leur conseil et leur suivi. Surtout leur sagesse. Je ne fais presque rien sans penser à ces personnes. Ils m’ont énormément boosté. 

5- Quelles sont tes influences ?

 L’amour, la vérité et la justice. Ces mots me suivent au quotidien et je me bat pour les refléter. 

6- Quel est le moment le plus important avant de prendre une photo

La connexion avec le sujet. Tant qu’il y a pas ça, difficile de bosser. 

7- Quelle place occupe la retouche photo dans ton travail ?

10% ou pas du tout. Ma démarche me pousse à être hyper proche de ce que mon œil a vu. Donc difficile d’aller ailleurs. 

8- Au moment d’appuyer sur le déclencheur, qu’est-ce qui te passe à la tête ?

Comme je l’ai dis plus haut, j’ai besoin d’être en symbiose avec le sujet que je photographie. Cette symbiose me permet de trouver le meilleur du sujet afin de le capter. Pour moi, c’est capital. 

9- Depuis quelques années, tu organises des ateliers de formation qui reçoivent des jeunes débutants en photographie ou encore des professionnels qui veulent affiner leur travail, tu peux un peu nous en dire plus ?

Les Ateliers Kam’Art est une initiative qui donne l’opportunité à ceux qui aspirent aller plus loin ou faire de la photographie un métier. Nous sommes tous conscients de notre contexte où l’accessibilité aux formations ou à une école de photographie n’est pas aisée. Etant passé par là, et connaissant les difficultés à apprendre juste un peu, j’ai pensé mettre en place cet atelier gratuit pour 15 jeunes par an. C’est ma part de contribution à l’émancipation et à la promotion de la photographie professionnelle au Cameroun. 

10- On sait que c’est un projet qui te tient à cœur, puisque à chaque édition les formateurs qui viennent d’assister sont des professionnels chevronnés, comment tu fais sans subvention pour réussir ce challenge ?

C’est bien de poser cette question. Je profite de cette occasion pour une fois de plus remercier sincèrement tous les formateurs qui croient et continuent d’encourager ce projet en donnant de leur temps pour partager leur expérience. Encore merci. 

En fait chaque fin d’atelier, je me prépare pour l’année prochaine. J’essaie de mettre un peu d’argent de côté pour permettre que l’édition prochaine soit top. Aussi je n’y arrive pas seul. Il y a des amis qui m’encouragent en apportant leur contribution, les entreprises aussi. Et je profite aussi pour inviter les entreprises à nous aider à aller plus loin parce que grâce à ce projet, des vocations naissent. Des emplois se créent. Des entreprises naissent. L’espoir renaît chez ces jeunes. Donc de grâce, si vous pouvez aider, n’hésitez pas. 

11- Nous allons te proposer juste trois noms, la liste est longue mais on préfère s’arrêter là. Tes impressions par rapport à ces personnes.

Alain Ngann

Ce grand frère m’a appris la rigueur et la magie de la lumière en studio. Son sens de la reparti m’a toujours bluffé. Il n’est pas ce qu’il est pour rien. Son humilité aussi me grandit. J’en parle et je suis tellement content de l’avoir comme un aîné qui a toujours été là pour moi. Merci encore Alain. 

Henri Lottin

Mon frère d’un père et mère différents. Hyper rigoureux et très très chiant quand tu ne le connais pas. Je l’aime beaucoup parce que qu’on le veuille ou pas il est l’un des meilleurs dans ce qu’il fait. Son acharnement dans le travail et dans l’apprentissage font de lui un génie. Ce qui est encore bien est que malgré que nous soyons frère, si je degamme il ne me suit pas. Ahahahah… sacré Henri. Ça te permet de te remettre sur les rails. 

Lionel Manga

Celui-ci alors c’est mon Sensei ! Mon autre Papa. Sobre, discret, mais hyper tranchant tant sur le conceptuel que sur les faits. Aussi très intègre. Il m’a appris l’humanité, la sobriété, le relâchement et regarder au-delà de ce qu’on croit voir. C’est un illuminé. 

Credit photo: Kam’Art Corp

11- Quel est le bilan que tu peux  dresser depuis le début de cette aventure ?

Ça évolue plutôt bien. Ça se tisse de plus en plus mieux. Le seul truc qui nous manque sont des moyens pour mener le projet plus loin. 

12- On sait que la photographie est un domaine d’activité où on rencontre des personnes qui sont spécialisées dans un domaine bien précis, selon toi pourquoi on ne trouve pas assez de photographes spécialisés au Cameroun ? 

Le contexte nous amène à être polyvalent. Aussi il y a un manque d’organisation et de Synergie. 

13- Comment expliquer que la plupart des photos qui concernent la culture camerounaise sont toujours prises par des photographes étrangers et non camerounais. Est-ce que c’est toujours pour justifier le manque de moyen ou tout simplement le manque d’intérêt pour la chose culturelle ? 

Les deux. Parfois tu as toute la volonté de le faire. Mais sans moyens tu ne peux rien faire. Et quand bien même tu arrives à demander un quelconque soutien, et qu’il tombe entre les mauvaises mains, faut dire au revoir à ton projet. Du coup l’intérêt est porté vers ce qui donne de l’argent qui puisse permettre de gérer les fins du mois. 

14 – Tu n’as pas un peu l’impression qu’on a plus de photographes que de photographes artistes ? C’est-à-dire quelqu’un capable de faire d’une photo un chef-d’œuvre ou point d’en faire un mythe ?

Délicate cette question. Mais ça revient un tout petit peu à ce que j’ai dis plus haut. Pourquoi je m’attèlerai à faire de l’art alors que je n’arrive même pas à nourrir ma famille ? 

En fait tout réside à pourquoi on veut devenir photographe ? Moi par exemple j’ai tout abandonné pour ne faire que de la photographie. A la base je suis photographe artiste, mais compte tenu du contexte et comme je ne voulais faire que ça, il a fallu que je trouve comment allier commercial et artistique. Voilà comment j’arrive à tenir le coup et à rester de temps en temps dans mes délires artistiques. Sinon ce n’est pas vraiment pas facile. Il faut un moral d’acier. 

15 – Avec les téléphones portables qui sont dotés aujourd’hui des mêmes fonctionnalités que les appareils photos, le métier de photographe a encore un bel avenir au Cameroun ?  

Un portable ne sera jamais un reflex. On a toujours besoin d’un bon reflex pour certains travaux. C’est clair que les téléphones prennent de plus en plus de place. Mais pour ceux qui savent ce qu’ils veulent, contacteront toujours un bon photographe avec son reflex. 

16- Quel est le regard avant-gardiste que tu peux porter sur le métier de photographe au Cameroun ?

La photographie commence déjà à avoir des beaux jours. De plus en plus les gars s’y mettent et travaillent durement pour avoir un certain niveau. Avant donner 10 000 pour avoir une seule photo était un rêve. Aujourd’hui ça se fait déjà et avec beaucoup de plaisir. Donc oui… la photographie avance à grand pas au Cameroun. 

17-Pour ceux qui veulent embrasser le métier quel est le conseil que tu peux les donner ? 

N’y venez pas si vous n’avez pas la passion. Si vous ne savez pas ce que vous cherchez. La photographie est un métier et donc si vous voulez vraiment y aller, pliez vous en deux, apprenez puis mettez vous au travail. 

18- Un dernier mot aux letchois ?

Ne désespérez jamais malgré l’adversité. Toujours croire en soi et en ses projets. Se mettre au travail sans relâche. Avoir aussi la capacité de se remettre en question et cultiver l’humanité. C’est la clé. 

Merci Max d’avoir accepté cette interview.

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch