Erreur for Vikinga Na Damé for Gringo Woman (2) - Auletch

Erreur for Vikinga Na Damé for Gringo Woman (2)

Publié le 14 mai 2013, par LGM

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Ce jour-là à l’aéroport, Vikinga avait plus de 100 personnes venues lui souhaiter bon voyage. Il partait pour la France – d’ailleurs qu’il n’y a pas deux destinations pour un francophone. Son sac plutôt petit pour un voyageur  au dos, Vikinga l’enfant prodige, l’espoir de tout un peuple, la pépite d’or du pays devait aller gagner leur avenir commun aux pays des blancs. Des sacs de tubercules on lui en avait apporté. Des condiments dans des sachets, il y en avait à profusion. Des bénédictions et recommandations, on lui en avait transmis. Des doléances on lui en avait soumis de toutes sortes. Après tant d’années d’économie d’une pauvre maman résultant de sa vente de beignets et des multiples cotisations encaissées, il y avait de quoi engendrer tant de fontaine de larme au de l’aéroport. Plusieurs femmes avaient des mouchoirs pour s’essuyer les yeux.

–          Ne pleure pas maman. Je t’ai toujours dit qu’en investissant pour mon avenir, tu assurais celui de la famille aussi, consolait Vikinga.

–          Je sais mon fils, sanglotait la pauvre septuagénaire. C’est juste que tu vas nous manquer…

A ces mots, tel un chœur donné par un ténor, les autres femmes déclenchèrent des cris stridents en prononçant le nom de Vikinga. Surpris le jeune homme rassura :

–          Ne pleurez pas ! Je serai toujours avec vous !

–          Toujours avec nous ? s’étonna sa pauvre maman. Tu vas dans un autre coin du monde. Tu vas rencontrer d’autres personnes, parler d’autres langues et…

–          Non ! non ! non ! Moi je ne vous quitterai pas. C’est mon avenir qui s’en va chez les blancs.

–          Hein ? s’étonna la mère. Peut-être qu’on ne parle pas la même langue hein ?

–          En fait, tu as investi pour mon avenir ; pour qu’il soit meilleur. Alors ce sera le cas. Mon avenir cherchera à mieux gagner pour nous tous. Et quand tout sera bien de son coté, je pourrai aller la rejoindre et vous aurez tout ce que vous demandez, expliqua Vikinga.

–          Je dis hein, souleva un de ses multiples oncles, quand on t’entend là, ton « avenir » semble être une partie de toi qui n’est pas forcément toi. Tu fais dans la magie déjà ou quoi ?

–          Non ! Justement j’attendais ce jour pour vous le présenter.

–          Quoi ? pesta la maman. Ça veut dire quoi tout ça ? Et tous ces cadeaux qu’on a préparés pour toi alors ?

–          Garde patience maman. Gardez tous patience, rasséréna Vikinga. Tout sera réglé dans deux minutes

 

Tout le monde demeura dès cet instant sur le qui-vive. Des murmures fusaient dans la masse. L’on se demandait bien dans quelle stylistique cet universitaire comptait encore embrouiller les gens. Alors que l’on scrutait minutieusement l’horloge, voilà qu’un silhouette fit son apparition : Athase. Elle était sublime et surtout elle était accompagnée d’un garde du corps grand et massif. Quand Vikinga la vit, il sauta de joie : « maman, vous tous, qu’est-ce que je vous disais ? Voici mon avenir ! »

–          Où ça ? demanda la masse.

–          Mais elle ! C’est magnifique demoiselle !

–          Dame ! corrigea le garde du corps.

Les yeux tout ronds, l’on vit juste Vikinga approcher la jeune femme. Il lui passa des papiers qui étaient alors faits en son nom. Il lui remit également un sac contant la totalité des économies que tous les membres de la famille avaient sué pour recouper. Athase le prit avec un grand sourire. Alors que Vikinga avec un grand sourire niais, sous les yeux hypnotisés et embués de larmes de honte de sa famille, s’approcha d’Athase, son fameux avenir, pour obtenir un bisou. C’est un gigantesque coup de poing qui s’abattit sur son face, lui cassant le nez et lui arrachant plusieurs dents. Le plus sensibles perdirent connaissance à la vue du sang.

–          Ne t’approche jamais de ma femme, petit morpion, gronda alors celui qu’on croyait être la garde du corps.

–          Quoi ? Mais Athase, mon bébé… Mais pourquoi, sanglota le con encore couché au sol.

–           Mais pour ça ! Tu n’es pas encore sorti de l’œuf. Tu es un mougou et les mougous servent à ça : ravitailler les poches des grands, n’est-ce pas mon amour ?

–          Ouais ma chérie, confirma le colosse.

Athase et son black Schwarzenegger  allaient vers le sas de l’avion pendant que les pleurs de joie de la famille d’Athase s’étaient transformés en pleurs de deuil. Sa propre mère s’écroula sur le champ, victime d’un arrêt cardiaque ; d’autres mères s’arrachaient les cheveux ou se déchiraient les vêtements ; certains hommes préférèrent aller se prendre des bières pour oublier cette insulte dont ils ont été l’objet.

Vikinga est resté assis là jusqu’à ce que la sécurité le jette dehors. Aujourd’hui il traine aux abords de l’aéroport avec des cheveux hirsutes et sales, une barbe semblable à celle de Mathusalem et des vêtements en lambeaux. Son job ? Fouiller des poubelles. Son domicile ? Les caniveaux. La seule phrase qu’il prononce encore à ce jour ? «  Athase don do me with his massa before dem go fo mbeng* »

*(Athase m’a traité avec son amant avant qu’ils ne partent en France)

Auteur : LGM

Passionné d’art contemporain et de culture afro, j’aime la cosh, l’humour et l’écriture. Regardeur de jolies filles au carrefour (sauf en hiver), ancien katika au Djambo, j’adore la combinaison okok + saucisse de manioc en robe de raphia et fibre de bananier. Mon tag préféré : ‘’sourire’’.