Ernest Ouandié, le dernier leader nationaliste camerounais assassiné à Bafoussam

Ernest Ouandié, le dernier leader nationaliste camerounais assassiné à Bafoussam

Publié le 15 janvier 2019, par Charly ngon

Ernest Ouandié et deux de ses camarades seront condamnés à la peine de mort par les autorités administratives camerounaises avec le soutien de la France. Le 15 janvier 1971, ils seront exécutés sur la place publique de Bafoussam.

Ernest Ouandié est né en 1924 à Badoumla, une localité située dans l’arrondissement de Bana. Certaines sources affirment qu’il serait originaire de Bangou. Une filiation difficile à confirmer, puisque son père était un grand notable de Badoumla. Issu d’une famille polygamique, Ouandié qui veut dire « qui est dans la maison ? » ou encore «  qui est en sécurité ? », est une expression qui diffère en fonction des langues maternelles qu’on trouve dans les hauts plateaux de l’Ouest. Il est le cinquième d’une fratrie de sept enfants. Entre 1933 et 1936, il fréquente l’école publique de Bafoussam, puis il est admis à l’examen de ceux qui doivent continuer le cycle primaire en 1937. Il se retrouve donc à l’école régionale de Dschang de 1937 à 1939. Il obtient son certificat d’études primaires élémentaires en 1940. La même année, il obtient également  le concours d’entrée à l’École primaire supérieure de Yaoundé. Il en sortira avec le Diplôme des moniteurs indigènes (DMI).

Vie familiale

Il va épouser en première noce une certaine Njila, mais leur union va connaître de nombreux déboires, dont la mort de leur premier enfant. Finalement, il va se séparer d’elle. Lorsqu’il est affecté dans la localité d’Edéa en tant qu’enseignant, il fait la rencontre d’une fille Bakoko nommée Marthe Eding. Ils se marient le 5 décembre 1948. De leur union, ils ont cinq enfants et parmi ses enfants, l’un portera le nom de son camarade d’arme, Um Nyobé : Philippe, Mireille, Irène, Monique et Ruben Um Nyobé. En dehors de ses enfants légitimes, Ernest Ouandié a eu une autre fille du nom d’Ernestine avec une femme ghanéenne alors qu’il était en exil au Nigéria. En 2009, son corps est retrouvé sans vie à Foumbot où elle vivait, et, jusqu’aujourd’hui, les causes de sa mort restent sans suite. A cause de son engagement politique, surtout pour la lutte pour l’indépendance du Cameroun, Ernest Ouandié va mener une vie de reclus jusqu’à son arrestation.

Son arrestation

Après de multiples traques, Ernest Ouandié est finalement arrêté dans la ville de Mbanga le 19 Août 1970. C’est une grande victoire pour les autorités camerounaises soutenues par l’administration française. Ernest Ouandié était le dernier leader nationaliste encore en activité. Conscient du fait que son l’arrestation est une opportunité pour mettre une fois pour tout un terme aux velléités des autres nationalistes qui combattent le régime, Jean Fochivé alors patron de la police, sera chargé de mener les interrogatoires. Une mission qui sera vaine, Ernest Ouandié reste ferme dans ses positions.

Source: nofia. media/ Ernest Ouandié et ses camarades condamnés à mort.

Pour les autorités de l’époque, Ernest Ouandié a trahi son pays, un message qui est relayé à travers les médias contrôlés par le régime Ahidjo. La manœuvre était de présenter Ernest Ouandié non pas comme un héros mais plutôt comme un rebelle. Il fallait aussi dissuader tous ceux qui auraient l’intention de rejoindre la lutte nationaliste ou encore de la continuer. Il fallait à tout prix éviter la renaissance d’une nouvelle vague de leaders politique. Les membres influents de l’UPC, avaient tous été tués, Um Nyobé le 3 septembre 1958, Félix Roland Moumié, le 15 octobre 1960, et Ossendé Afana, le 10 mars 1966.

Son exécution

Après un procès expéditif, il est condamné à la peine de mort. Le jour de son exécution, il était menotté et escorté par une escouade de soldats camerounais. Il avançait avec fière allure, son visage ne laissant transparaître aucune inquiétude, au contraire on le sentait plutôt détendu et joyeux. Pour les populations présentes ce jour, l’instant était douloureux en même temps historique. Ernest Ouandié refuse de se faire bander les yeux. Au commande du peloton d’exécution, un certain Sémengue.

Avant d’être exécuté, Ernest Ouandié prononce quelques paroles qui vont sonner comme l’appel à lutter pour la liberté. Il exprime toute sa fierté et sa gratitude d’avoir combattu pour l’intérêt de son pays, tout en prophétisant que le combat était loin d’être terminé, mais que d’autres prendront le relais jusqu’à la victoire finale. Après avoir chanté, l’ordre fut donné de tirer. Les premiers tirs sont mortels pour Gabriel Tabeu alias Wambo le Courant et de Raphaël Fotsing ses deux camarades. Quant à Ernest Ouandié, il ne meurt pas sur le coup, il aura le temps de crier « Que vive le Cameroun ».

Quant au jeune officier qui va tirer à bout portant sur la tête d’Ernest Ouandié, certaines sources affirment qu’il était un européen vu que l’administration française voulait à tout prix s’assurer de la sentence tout comme avec Um Nyobe. Par contre, d’autres soutiennent la thèse selon laquelle c’était un camerounais. Loin de cette date du 15 janvier 1971, qu’avons-nous fait aujourd’hui de l’héritage d’Ernest Ouandié et les autres ?

Sources: Africa Infos

 

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch