Entretien avec A.K.O, le rappeur derrière 'Man Of Gut' - Auletch

Entretien avec A.K.O, le rappeur derrière ‘Man Of Gut’

Publié le 9 août 2016, par Mota__Savio
A.K.O

A.K.O

Quelques mois après la sortie  de  l’EP « Man Of Gut » de A.K.O né Ako Eta Agbor, Au Letch est allé à la rencontre d’un artiste aussi imprévisible que talentueux. Son récent projet continue de rythmer les journées des fans de musique urbaine. Rencontre avec A.K.O, un rappeur fait de pépites de tout type mais surtout fidèle à lui-même.

 

  • Hello A.K.O. Bienvenue Au Letch. Comment tu vas ?

 Bonjour Au Letch ! C’est how ? Je vais très bien merci.

  • Tu as sorti le 04 juin 2016 un EP. Sur la pochette, tu es tout de blanc vêtu avec juste à droite le titre « Man Of Gut ». Pourquoi Man Of Gut ? Pourquoi pas Man Of God ?

 En fait, Man Of Gut représente l’état d’esprit avec lequel je suis rentré dans le game, avec beaucoup de… Comment dire… De « couilles », de cran. J’ai pris la décision de laisser tomber mes doutes et mes peurs et de rester constamment en quête du truc en plus, aller là où les gens ne m’attendent pas. Je veux être perçu par le public comme un artiste imprévisible. Les gens doivent savoir que lorsqu’ils écoutent A.K.O, ils doivent s’attendre à ressentir une émotion différente et particulière à chaque fois.

  • Quels sont les thèmes que tu abordes dans cet EP ?

Il n’y a pas de ligne précise. Les thèmes sont tirés des réalités de notre quotidien. Je suis né à Douala, originaire de Mamfé. Mes potes viennent d’horizons diverses. J’ai même un pote qui a sa go allemande (Rires). Il était donc difficile pour moi de n’aborder qu’un seul thème tout au long du projet même si je sais le faire. J’ai voulu exploiter la diversité de mes influences culturelles et c’est ce que j’ai fait.

  • Il y a ce titre qui retient l’attention de tous ceux qui écoutent ce projet. Le texte est poignant, le flow est saccadé, on se fait des images de ce que tu essayes d’exprimer. Parle-nous du titre « Clando ». Pourquoi t’être appesanti sur le thème de l’immigration clandestine ?

Écoutez, en tant que rappeur, c’est plus ou moins important d’aborder des sujets de société qui nous touchent. Quelle qu’en soit la manière. C’est vrai que la question de l’immigration clandestine est ancrée dans nos mœurs. Tout le monde veut go. Peut-être de moins en moins, parce que le pays devient de plus en plus sucré (Rires). Mais pour beaucoup les opportunités se font rares. J’ai mon partenaire qui bosse dans une grosse société au port, un licencié, on lui donne 60 kolos de salaire. Gars, sérieux on peut faire quoi avec 60 kolos dans le pays-ci ? Mieux tu go !

A.K.O

A.K.O

 

  • OK mais selon toi pourquoi les camerounais ne comprennent pas qu’on peut briss au mboa ?

Comme je disais plus haut, c’est une question d’opportunités. Les gars voient le feu sur le terrain. Le coût de la vie est élevé, mais les possibilités de se faire les do se font très rares. Les jeunes sont obligés d’abandonner leurs vrais rêves pour djoum dans les ways qui les frustrent. J’ai connu une nga Bassa qui a fait le concours de la police, seulement parce qu’au moins là-bas, le salaire allait lui permettre de gérer son muna. Le corps même pour tenir l’arme tu ne vois pas. Et tout ça, elle va se placer en route pour taxer les usagers. C’est un cycle infernal. Mais je ne suis pas pessimiste, c’est partout pareil dans le monde, l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Moi je vais seulement stay ici et briss !

  • Ça te gêne quand on te qualifie de rappeur « underground » ?

Pas forcément. Je reste vrai, et je ne laisse pas ma musique être complètement influencée par le public. C’est le piège dans tout ce qu’on fait là. Je sais que j’ai un message à transmettre à travers mon art. Je veux pouvoir voyager entre les musiques populaires que tu peux écouter dehors et les sons qui touchent l’esprit que tu peux ya en solo dans la came (Rires).  Je n’ai pas de restriction.

A.K.O

A.K.O

 

  • Est-ce la raison pour laquelle tu as collaboré avec des beatmakers tels que A.N.G , Cheetah, Philjohn, Dj Knory, NC Brown ? Du moins pour faire ressortir ce côté de toi ?

Je poursuis le talent, le bon travail et la qualité. Ça dépend aussi de mon inspiration au moment donné. Ces artistes là sont très bons dans leurs domaines, si je pense que la touche musicale de l’un ira mieux avec un son ou concept, je fonce. Je ne me stresse pas (Rires).

  • « Victory » avec la chanteuse Ewube, hors mis la cameovoice de Mr Doc dans Clando est le seul featuring de l’EP. Comment s’est faite la collabo ?

La vérité c’est qu’on ne s’est jamais rencontré. Tout s’est fait par l’intermédiaire de Didi Blaise, son manager qui est un très bon ami de mon ingé son Dj Knory. La go là a une voix exceptionnelle, gars, je lui souhaite beaucoup de succès.

  • Le public te découvre sur ce projet, mais tu es dans le game depuis, apparemment…

Je fais de la musique depuis plusieurs années, mon premier projet officiel c’est mon street album « The Prologue » sorti en 2009. Après, je suis retourné dans mon bunker pour mieux me concentrer sur ma musique et voir comment la peaufiner pour qu’elle devienne ce qu’elle est aujourd’hui et sera demain.

A.K.O

A.K.O

  • On arrive au terme de cet entretien Mollah mais avant donne-nous trois raisons d’écouter « Man Of Gut »

Père, c’est njoh, c’est high, c’est la mort ! (Rires). Au plaisir de vous revoir et merci d’être passé.

  • Merci A.K.O pour ton temps.

 Merci la team Au Letch. On est ensemble. Un autre EP sortira avant la fin de l’année. Le clip de Clando aussi arrive fort, je vous préviens déjà oh !

Télécharger l’EP Man Of Gut

Auteur : Mota__Savio

Mollah, moi je suis Africain hein ! Camerounais et fier de l’être. Team: Vert-Rouge-Jaune ô Bosso. Internet ma muse, je n’oublie pas pour autant le ndolè et les missolè de mes ancêtres. Bref, je suis un gars comme vous : Un gars « connecté ». Hein ! Mollah