Ekambi Brillant : le James Brown camerounais

Ekambi Brillant : le James Brown camerounais

Publié le 19 décembre 2022, par Charly ngon

Alors que sa carrière musicale n’est encore qu’à ses débuts, Ekambi Brillant tombe d’admiration pour l’artiste américain James Brown. Il décide de s’inspirer de lui pour construire son identité. De ses tenues vestimentaires jusqu’à sa fougue sur la scène, l’artiste a pris le temps de tout apprendre de celui qu’il considérait comme un mentor.

Ekambi Brillant

Ekambi Brillant fait partie de ces artistes camerounais qui possèdent un impressionnant répertoire musical. Des variétés musicales aussi riches les unes que les autres, surfant sur des rythmes langoureux et entrainants chantés pour la plupart en sa langue maternelle. Des chansons intemporelles qui ont su marquer toutes les générations à travers le monde. Mais au-delà du talentueux artiste qu’il était, Mot’a muenya ( l’homme distingué en langue Douala) comme il se fait appeler affectueusement par les intimes a aussi un autre atout qui le rend le spécial : son style vestimentaire. Cette alchimie entre ses mélodies et son style singulier a contribué à écrire l’histoire de la légende musicale africaine et camerounaise en particulier qu’il est devenu.

Le declic…

Ekambi Brillant est le premier artiste à incarner le mot « star » au Cameroun. Il s’est donnée tous les moyens pour y parvenir en travaillant sans relâche pour faire de son rêve une réalité. Lorsqu’en 1976 Maxi Voom Voom, de son vrai nom M’vam Georges Collinet arrive au Cameroun et projette au cinéma le Wouri des images géantes et des films mettant scène l’artiste américain James Brown. L’animateur radio d’origine camerouno-franco-americain était loin de se douter que cette projection va avoir un impact sur jeune artiste camerounais.

C’est donc à la suite de cette diffusion qu’Ekambi Brillant décide de donner à sa carrière musicale une toute autre orientation. « Je suis retourné dans la chambre que je louais à Bali ; j’ai fait installer des miroirs sur les murs pour me créer mon décor. Je me suis enfermé pendant huit mois dans cette chambre. Mon décor est là, il me regarde. Je mets les chansons dans ma radio-cassette, toute la journée, je danse sans arrêt, en pratiquant le jeu du lancer de micro. J’avais aimé ce jeu que James Brown avait initié. Et puis, moi je l’ai perfectionné à la façon d’EKAMBI Brillant. Jusqu’ aujourd’hui, ce pied de micro est chez moi… » propos d’Ekambi Brillant a retrouvé dans le livre « Les icônes de la Musique Camerounaise » de l’écrivain Arol Ketchiemen.

Ekambi Brillant et le style James Brown

Il ne se gêne pas alors d’imiter tout de lui : des pas de danse jusqu’aux tenues vestimentaires en passant par la coiffure. Il ira même jusqu’à dessiner ses propres tenues de scènes en prenant le soin de protéger la paternité de ses créations. Lorsqu’il monte sur la scène avec ses pantalons ultras moulants, le tout assorti des accessoires scintillants, il ne faut pas attendre longtemps pour voir la magie de l’auteur des titres à succès « Moussoloki », « Elongui » mettre le public en transe.  Une bête de spectacle qui n’a aucune limite à son imagination quand il s’agit de mettre plein la vue pendant ses prestations. Tout au long de son parcours, il va garder cette énergie débordante qui rendait ses shows inoubliables.

Ekambi Brillant : le James Brown camerounais

Source : wikimedia

La rencontre avec son idôle américain

Au sommet de son art, Ekambi Brillant n’a pas chassé de son esprit l’envie de rencontrer celui qui a eu une grande influence sur lui. En 1985, lorsqu’il débarque aux États-Unis, il va faire la rencontre qu’il a attendu pendant des années. Pendant qu’il fait ses courses, il croise de manière fortuite James Brown dans le magasin où il est entré pour faire aussi ses achats. Les deux hommes vont échanger dans une ambiance amicale durant des heures avant de se séparer. Un grand moment  qui est resté graver dans la mémoire d’Ekambi Brillant qu’il a immortalisé par des clichés qui sont dans ses archives. Il a fallu attendre neuf ans pour cela soit possible.

Ekambi Brillant : le James Brown camerounais

Source : Arol Ketchiemen

Passionnée jusqu’au bout

À 74 ans sonné, Ekambi Brillant avait encore des choses à réaliser malgré son état de santé chancelant. Lors de ses rares sorties, il évoquait sans cesse son envie de remonter sur la scène. Le James Brown camerounais n’était pas encore prêt de prendre sa retraite, il avait encore quelque chose à partager avec son public qui le suit depuis ses premiers succès jusqu’à ce jour. Mais le fils d’Ekambi Brillant et d’Ekambi Claire que la localité de Dibombari a entendu pousser le premier cri un 18 juin 1948, a vu grandir jusqu’à devenir une étoile parmi tant d’autres, a poussé son dernier soupir le 12 décembre 2022 à Douala à quelques kilomètres de chez lui. L’artiste Ekambi Brillant, c’étaient près de 20 albums, Prix du jeune artiste décerné par l’ORTF ( Office de radio diffusion Télévision Française) en 1971, officier de l’ordre national de la valeur, disque de diamant avec l’album Africa Oumbe dans lequel se trouve la chanson « Elongui » pour les citer.

 

 

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch