LA DURE REALITE DE L'EMPLOI CHEZ LES IMMIGRES - Auletch

LA DURE REALITE DE L’EMPLOI CHEZ LES IMMIGRES

Publié le 10 mai 2013, par dartnaud

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On dit que Mbeng*, c’est l’Eldorado ? Que quand tu arrives là bas, tu es au paradis ? Les gens au bled pensent seulement que, Mama, là-bas il pleut les do’os* jusqu’à ! Quand on te passe la commande, c’est seulement pour une cargaison de produits dernier cri, des produits hauts de gamme … comme si dès que tu as posé les pieds à l’aéroport, tu marchais sur les do’os ! Sans oublier les sommes d’argent colossales qui, quand tu réussis à envoyer ce que tu peux, on te kosh* : « Mon frère, tu es Mbenguiste ou pas? C’est quel argent ça ! Moi je veux les vrais dollars et les euros !  » .

Si seulement ils savaient que dans le Mbeng ci, le travail est dur et que, quand tu arrives avec tes diplômes du bled, ils ne sont pas reconnus ! Donc … retour à la case de départ pour pouvoir obtenir des diplômes locaux et travailler. C’est notamment le cas dans mon cher Canada adoré où, un pater* de 50 ans ayant 30 ans d’expérience en médecine doit back au school pour réapprendre ce qu’il a pratiqué pendant plusieurs décennies dans son pays d’origine. Pourquoi ? Diplôme local oblige !

Dieu merci, je n’ai pas eu affaire à ça parce que je suis arrivée quand j’avais terminé mon année de 2nde, mais ce n’était toujours pas suffisant : on m’a rétrogradée de deux années d’école parce que je n’avais pas l’âge pour passer au niveau pré-universitaire (au Québec, le secondaire c’est 5 ans et non 7 ans comme au pays). Il y’en a qui réussissent à percer, à gravir les échelons petit à petit et à se faire une place, mais pas avec la même facilité qu’une personne d’origine québécoise !

Je me rappelle une histoire qui m’avait choquée à mort. Après 3 années passées au Canada, j’avais accumulé de l’expérience en « travail divers sur le marché », genre des petits jobs école-travail (Mon frère, il faut que tu work* pour subvenir à tes besoins. Qui va payer tout ça pour toi ? Pas ma mater* en tout cas ! Elle avait déjà le loyer et les factures sur le dos, donc mes petits besoins de jeune fille là je devais m’en charger !) .Voilà donc que je me présente à une pharmacie proche de chez moi pour postuler à une offre d’emploi en tant que commis de bureau, ayant de l’expérience ! 1 mois, 2 mois, no phone call. Je me dis « ok, pas de soucis ! Il y’a surement beaucoup de candidatures ! » Je retourne donc là-bas buy* mes ways* parce que … voilà c’est la pharmacie, c’est là que je buy mes huiles, mes savons et mon maquillage ! Je me rends compte que l’annonce sur la porte a disparu, ok ! Au moment de passer à la caisse, la caissière a du mal ; elle perd du temps, elle n’arrive pas à scanner les ways. Elle s’excuse et me dit : « Excusez-moi hein, c’est la première fois que je me sers d’une caisse ». En souriant, je lui demande si elle vient d’être embauchée ; elle me dit oui, qu’elle a postulé pour le poste de commis de bureau la semaine passée et on l’a rappelée hier, so elle a commencé today ! Malchance ; j’étais kata* là-bas à la caisse. Popoh*, j’ai wait* 2 mois ; aucun coup de fil ! Je lui demande si elle avait déjà work avant et elle me dit : « Non, en fait, je faisais juste du babysitting et je promenais des chiens !  J’ai eu envie de quelque chose de nouveau alors j’ai postulé pour cet emploi. »

J’ai cru que j’allais m’évanouir. Moi, Nellie, j’ai de l’expérience en tant que caissière, mais aussi dans la paperasse de bureau, et ils préfèrent call* une go qui n’avait jamais work, jamais touché à une caisse enregistreuse, et qui faisait de la promenade pour chien ! J’ai payé mes ways dans le easy* et je suis partie ! Ah moff midé ! J’ai confirmé que, dans le Québec ci, être Québécoise est un atout si tu veux avoir une chance sur 4 d’avoir du travail, même si en tant qu’immigré, tes expériences sont de loin supérieures à celles des personnes originaire de la place ! Si ça ne vous est jamais arrivé, tant mieux, mais popoh je ne vous le souhaite même pas !

 

Si vous aussi avez vécu des histoires similaires, partagez avec nous afin que nul ne soit ignorant. On ne veut plus de mythe sur Mbeng (ndlr)

 

Traduction

Mbeng : Europe

Do’os : argent

Kosh : intrigue

Pater : père

Work : travailler

Mater : mère

Buy : acheter

Way : chose

Kata : fini

Popoh : sincèrement

Wait : attendre

Call : appeler

Easy : calme

Auteur : dartnaud

L'Afrique mon essence, le Cameroun ma muse ... J'aime la tchop (le kouakoukou et le riz), les mots(la poésie), la musique (Bikutsi, Hip-Hop). Blagueur et toujours en mode sourire. Si tu veux me "vexe", touche mes dos !