Découvrez le mythe des pierres de pluie chez les Mofu

Découvrez le mythe des pierres de pluie chez les Mofu

Publié le 4 mai 2017, par Charly ngon

Les zones montagneuses du Mandara sont habitées par plusieurs groupements ethniques qui se déplacent à la recherche des terres arides. Mais chez les Mofu, ce n’est pas le cas. Il paraît que, depuis des générations, grâce au pouvoir des pierres dites « de pluie », dont ils gardent le secret, ils ont toujours maîtrisé les saisons pluvieuses, c’est wandayant non ?  Mais quelles sont ces pierres qui ont le pouvoir de faire venir la pluie ? Zoom sur ce mythe… 

MOFU-

Le grimba c’est quelque chose onong ! Les Mofu sont un peuple vivant dans les zones montagneuses du Mandara. Avec un prolongement tout autour des montagnes-îles, jusqu’à la plaine du Diamaré. Leur pays se trouve au sud du 2eme parallèle, ce qui rend le volume de pluies insuffisant par rapport à leurs besoins. Mais contrairement à certains peuples vivant dans la même zone, qui doivent se déplacer pour des terres fraîches, les Mofu font l’exception, car grâce au pouvoir des pierres dites de pluie, qu’ils auraient  en leur possession, ils connaissent moins les difficultés de sécheresse.

Chez les Mofu la présence des pluies est intimement liée à la manipulation des pierres de pluie. Appelés biziyam, elles sont sous la protection du chef. Qui ne les consulte qu’en cas de sécheresse. Etant considérées comme des pierres mystérieuses, leur trouvaille relève du hasard. Comment ça non ? On les trouve presque toujours à l’intérieur de quelque chose, généralement dans la terre, en recueillant de l’argile, en creusant des trous à côté de puits, ou encore en faisant la chasse aux rats des champs et en agrandissant leur terrier. Parfois, lorsque le tonnerre est tombé, on découvre qu’il a fendu des rochers à l’intérieur desquels on trouve également des pierres de pluies, présentées alors comme « tombées du ciel » avec la foudre.

Communément appelés « enfants de la pluie », ces pierres ont de formes arrondies comme des œufs, avec de dimensions et des formes variables. Elles sont gardées toutes ensemble dans une poterie soigneusement recouverte dont elles ne sortent que pour être manipulées lors des rites de pluie.

Toutes les pierres n’ayant pas le pouvoir de faire tomber la pluie, on procède toujours par une vérification. Celle-ci s’effectue en soufflant sur la pierre, si elle dégage de la fraîcheur, alors c’est une vraie biziyam. Pour maintenir leur pouvoir, on les protège du soleil pendant la saison pluvieuse.Avec le temps ces pierres prennent de l’âge et meurent, paraît-il. Alors pour vérifier leur puissance, on les trempe dans de l’eau. A la fin de cette expérience, le chef retire les pierres qui n’ont plus le pouvoir de faire tomber la pluie. Lorsqu’un chef décède, il est enterré avec celles-ci. Tout individu n’ayant pas été choisi ou initié, ne doit pas être en possession de ses pierres de peur d’être foudroyé par la foudre.C’est la raison pour laquelle les pierres à pluie sont gardées dans la maison du chef, dans un de ses greniers ou dans sa propre chambre à coucher. Seul le chef peut les manier, car il peut neutraliser leur côté dangereux par des remèdes magiques appropriés à base d’herbes. En dehors de lui, deux personnes peuvent les toucher, un serviteur et un notable, tous deux nommés à vie par lui.

Alors chers letchois, en attendant de lire le prochain article sur les pierres qui bloquent la pluie chez les Mofu, nous vous laissons le soin d’apprécier cet article par vos commentaires, tchao.

Source : Jeanne-Françoise Vincent, « Le chef et la pluie chez les Mofu, montagnards du Nord-Cameroun », Systèmes de pensée en Afrique noire, 1 | 1975, 137-164.

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch