Comment le kougang est né dans la chefferie Bansoa?

Comment le kougang est né dans la chefferie Bansoa?

Publié le 28 septembre 2020, par Charly ngon

Le kougang est l’une des sociétés secrètes les plus connues et respectées en pays Bamiléké. Elle joue de nombreux rôles au sein de la chefferie. Elle contrôle les actions du chef, et veille à la protection du village. Ses origines sont différentes d’un village à un autre. Aujourd’hui on vous parle de celle de la chefferie Bansoa. 

Société secrète Kougang

 Le kougang est l’une des sociétés secrètes les plus connues et respectées qu’on rencontre dans la plupart des chefferies à l’Ouest Cameroun. Son mode de fonctionnement et ses pratiques ne sont connus de personnes en dehors de ses membres. Elle jouit d’un pouvoir traditionnel légitime qui lui confère un niveau de respectabilité important. Elle forme un véritable contre-pouvoir à celui du chef qui doit toujours se référer à elle pour toute décision importante à prendre. Ses décisions sont sans appel. Et chacun doit les respecter sous peine d’être frappé d’un mauvais sort.

Ce n’est que lors des cérémonies exceptionnelles que le kougang apparaît au milieu des gens. Une apparition souvent bien orchestrée pendant laquelle les membres esquissent quelques pas de danse particuliers. Ceux-ci, impulsés par la cadence des instruments de musique. Les populations admiratifs du spectacle qu’ils ont devant leurs yeux, redoutent tout de même le plus souvent leur réaction. Dans cette confrérie, les membres ont la réputation d’avoir les pouvoirs particuliers, tels que manger des aliments crus, faire pousser un bananier à une vitesse éclaire, avaler des objets tranchants et contrôler les éléments de la nature. Le kougang a toujours existé dans certaines chefferies en pays bamiléké. Mais les origines de cette société secrète restent un mystère. Cependant, plusieurs arguments tentent de démonter comment ce groupe s’est installé dans la chefferie Bansoa.

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La chefferie de Bansoa est située dans le département de la Menoua, dans la commune de Penka-Michel. Pour certains chercheurs, le Koungang qu’on retrouve dans cette chefferie serait parti de Fotouni. Une localité située dans le Haut-Nkam dans l’arrondissement de Bandja. Ils s’appuient pour cela sur le récit historique d’un jeune prince Fotouni qui aurait quitté son village pour étayer leurs arguments. Le prince Mbah Sengang dont il est question ici, était un héritier de la chefferie de Foutouni. N’ayant pas eu le privilège d’accéder à la chefferie, il préféra prendre la fuite. À la recherche donc d’une nouvelle terre d’accueil, son voyage va prendre fin à la chefferie de Bansoa. Aux dires des historiens, le prince Mbah Sengang de Fotouni était un personnage énigmatique. Il ne va pas tarder à le démontrer au chef Fomene dit Ta’atohh Ntu’u.

Le chef Fomene de Bansoa qui était de la 13 ème dynastie de la chefferie Bansoa, va se servir des dons ( pouvoirs surnaturels) de son hôte pour agrandir son territoire. Il va annexer plusieurs villages sans faire le moindre effort. Tout ceci grâce à la magie du prince Mbah Sengang. Malgré la prospérité de la chefferie, le chef Bansoa n’avait pas le coeur à se réjouir, car au fond de lui, il avait un vide qu’il n’arrivait pas à combler: celui d’avoir un héritier. Voyant ses forces diminuées chaque jour, il craignait de mourir sans pouvoir laisser une personne digne à la tête de sa chefferie. Mis au courant de la situation, Mbah Sengang décide d’apporter une nouvelle fois son aide au chef Bansoa. Avec sa riche connaissance de la pharmacopée traditionnelle, il va composer un produit miracle, qui va permettre au Fomene d’avoir un garçon avec l’une de ses femmes. Celui-ci portera le nom de Tchinde I descendant de TCHINDE II DJONTU Jean de Dieu, roi des Bansoa.

Après ce nouvel exploit de Mbah Sengang, celui-ci va bénéficier de la confiance totale du chef. Il va devenir une  personne ressource au sein de la chefferie Bansoa. Chaque fois qu’il y avait un problème, c’est à lui que revenait la charge d’apporter les solutions.  Un rôle qui est dédié à la confrérie koungang qui accompagne le chef tout au long de son règne. Mais cette considération du chef Banso à son égard sera à l’origine de plusieurs mésententes. Pour éviter un envenimement de la situation, ce dernier va aller s’installer avec sa famille à l’écart du village sous instruction du chef. Installé sur ses nouvelles terres, il va créer sa propre chefferie, puis il va l’agrandir en se servant de ses pouvoirs pour chasser les Baloum. À l’analyse de cette histoire, toute porte à croire que, Mbah Sengang serait l’un des fondateurs d’un clan Kougang dans la chefferie Bansoa.

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L’historien et anthropologue camerounais Jean Paul Notue, spécialiste des arts et de la culture ancienne de l’Afrique Centrale a sa petite idée sur la genèse du koungang. D’après ses analyses et ses recherches, il est arrivé à la conclusion selon laquelle, ce groupe serait originaire du village Banka. Et que leur présence dans plusieurs villages est le fruit d’une série de migrations. Cependant, pour le cas de la chefferie Bansoa, il est établi que bien avant l’arrivée de tous ses clans, il existait déjà une autre forme de koungang dans la chefferie Bansoa qui n’avait rien à voir avec les autres. Nous vous en rappellerons dans un prochain article.

Source : « Du costume de la confrérie Koungang de Bansoa à  la création picturale : proposition d’œuvres plastiques », Thème de mémoire de Willy Valdès KENGNE(Licencié en Arts Plastiques et Histoire de l’Art).

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch