C'EST CA QU'ON MANGE ? - Auletch

C’EST CA QU’ON MANGE ?

Publié le 1 décembre 2013, par Cega

onmangebig

Vraiment, qui m’avait même envoyé ici en mbeng* ? Par ce que la qualité de froid qu’il y a dehors là c’est une autre dimension. Ce sont les visages crispés dehors que tu veux voir ? A voir les gens marcher presque en courant dans la rue on aurait dit qu’ils sont tous constipés, alors que c’est le climat qui les travaille.

Il y a quelques jours, j’entreprends de braver ce froid pour rejoindre quelques amis, question de passer le temps. Dans le fil de nos discussions, je me suis égarée un moment, tellement j’étais comme le chien devant la télé sur tout ce dont ils parlaient à savoir l’environnement internet, les pages web, les réseaux sociaux, le flux d’informations, l’état actuelle de la mentalité des internautes et leur perception sous un angle digitale, bref le Web 2.0 en long et en large. A un point où je me suis demandé si j’avais le même internet qu’eux, donc je suis si déconnectée que ça ? Je les écoutais moi seulement discuter nooon ; donc après la musique, c’est le net qui est mainant* à la mode keh* ! Massah* les réseaux sociaux ont vraiment libéré les gens… Ce sont les pages à aimer et les invitations dans les groupes que tu veux voir ?

Moi, je demande seulement que hein, dans tout ça là qu’est ce qui est produit ? Je vous explique. Je rentre d’un séjour plus ou moins long au Cameroun (3 mois, je vous laisse en juger), et ce qui m’a frappé…

  1. Il n’y a pas d’eau. Je ne parle pas d’eau potable hein ! Je parle du thé de Camwata*. Mon frère, même ça il n’y a pas ! Je vous promets, j’ai craqué un soir.
  2. L’électricité manque. Pas les blagues hein, j’ai sonné 2 jours sans électricité en plein Dschang-ville (quoi, ce n’est pas la ville ? Il y a l’Université là-bas hein ? Look out !). Massah, c’est l’apocalypse que tu veux voir ? Pas de courant, pas de portable, donc pas de business, mais surtout pas de FACEBOOK ! C’est chacun qui cherchait seulement l’endroit où il y a un groupe électrogène pour avoir une barre de batterie… Le top du top, c’est que hein, si on cut* le courant, c’est comme si on avait aussi cut* le wireless en même temps. Mon frère, le courant est recame* mais on était dimanche après-midi…on a cherché la connexion de Camtelécom* waaaah ! On a sauf que déduit qu’il n’y avait personne pour remettre en marche les machines…Qu’est-ce qu’on pouvait dire d’autre ?
  3. Et c’est là où je veux en venir, on ne produit rien ! J’ai remarqué une fois qu’il était inscrit sur une boîte de sardine « made in Morocco », et j’ai décidé de m’amuser à chercher l’origine des produits transformés que nous consommons … Le résultat est de loin décevant ! A part les ressources naturelles (agriculture, bois, minerais…) et la bière (encore que là, je ne mettrai pas ma main à couper), on ne produit RIEN. Ah si ! il y a des usines de savon et d’huile… mais notre secteur industriel est très pauvre, quasi inexistant. Tout est importé, le riz, les boîtes de sardine, les spaghettis, la confiture … TOUT ! Même les collants sont importés mon frère !!! Vous croyez que je mens ? voici la preuve ! (photo marché de Dschang)

collant

Bizarrement, sans électricité, on a quand même le bouquet Canal Sat et la PS3 à la maison hein ! Peut-être que ça fonctionne au moteur diesel, qu’est-ce que j’en sais ? Et si la SONEL fait trop sa difficile, le bar du coin a installé le groupe. On  va aller couper une Beaufort avec écriture, ou une Castel bien glacé … sur fond de Position d’ékonguèr !

Je demande moi que hein, tous vos trucs que vous publiez là, ok c’est drôle, ok c’est divertissant, mais c’est ça qu’on mange ? Pendant qu’on danse, pendant qu’on rit, pendant qu’on s’extasie devant les merveilles du net, les qui produisent la nourriture qu’on va manger ? On a pointé du doigt les  » Autres », ceux-là qui viennent chez nous, s’installent, s’intègrent si bien que même Mamie Makala a déjà les concurrents ; mais lequel de nous est chaud pour prendre sa place ? On se plaint du fait que la richesse de notre sol acquiert de la valeur ajoutée ailleurs que chez nous ; qui a ouvert une usine ou créé une industrie ? Je ne parle pas de trucs compliqué hein, même juste moderniser le process de fabrication de notre Atangana Bread national (Bâton de Manioc), il n’y a personne ou pas grand monde. Le way* qui me tchop*, c’est que j’ai appris que Ferrero (oui, le même du Nutella et des Ferrero Rocher) s’installe dans la région du Sud-Ouest (photo du journal) … de quoi me donner des envies entrepreneuriat dans l’industrie. Qui m’avait même envoyé compter l’argent à l’école hééé ?

presse

Que ce n’est pas ce que vous avez appris à l’école ? Que l’environnement n’est pas propice à l’entreprenariat ? Allez lire Africa Ba’a. C’est un roman de Rémy-André Medou Mvomo qui raconte comment Kambara, jeune villageois ayant réussi à s’intégrer relativement bien en ville, décide de rentrer au village pour changer les choses… Mieux encore, essayez de discuter avec toutes personnes dont on pense souvent qu’elles ont un sot métier. Vous serez surpris des grandes choses qu’elles ont pu réaliser grâce à ce dernier. Comme quoi quand un arbre tombe, on l’entend ; quand la forêt pousse, pas un bruit (Proverbe africain)

Bon il fait froid, je retourne sous ma couette pour continuer à rêver d’une Afrique meilleure dans les années à venir, et j’y crois fermement.

Legende:

Mbeng = Occident ;                                                 Mainant = Maintenant ;
Camwater = Société des eaux au Cameroun ;
Cut = Couper ;                                                        Recame = Revenir ;
Way = Chose ;                                                        Tchop = Dérange ;

 

Auteur : Cega

Un mot pour me décrire ? Rire ! Je ris de tout, de rien mais surtout de ce qu’il ne faut pas ! Ma passion ? l’aventure … ou la curiosité. J’assume ! Mamie Kongossa, c’est moi. Et puis ? Quoi te fait ? J’aime aussi manger. Bon, de toi à moi hein, je préfère d’abord la tchop à tout le reste. Tu ignores quoi ? C’est le ventre qui porte le cou qui soutient la tête !