Célébration du DÔM chez les Bafia, ce qu'il faut savoir sur le rite

Célébration du DÔM chez les Bafia, ce qu’il faut savoir sur le rite

Publié le 4 juillet 2021, par Charly ngon

Perdre un membre de sa famille est toujours un moment douloureux. Pour le cas des personnes très âgées, on ne se lamente pas, les cérémonies funéraire sont plutôt marquées par des scènes de joie. Chez les Bafia, ce rite est appelé le DÔM.

Bafia

Image illustrative : première de couverture de l’ouvrage rédigé par Le Patriarche Moute à Bidias Camille

En général dans les traditions bantou, on accompagne les morts vers leur dernier voyage comme on aime bien le dire en organisant une série de cérémonies traditionnelles. À cheval parfois entre la tristesse et la joie, celles-ci permettent au reste de la famille d’honorer dignement les personnes décédées. Les rites et les coutumes auxquelles les familles endeuillées se soumettent comme l’exige la tradition, contribuent à renforcer d’une part le lien d’affection avec les défunts, mais également pour que ces derniers puissent intercéder en leur faveur auprès de leurs aïeux pour avoir les bénédictions. Cependant, toutes les cérémonies funéraires n’ont pas la même portée sur le plan symbolique et la même forme d’organisation. C’est le cas du DÔM chez les Bafia. 

Le DÔM est un rite traditionnel principalement réservé aux personnes qui ont été des modèles dans leur communauté par leurs actions sur le plan social, économique, culturel et spirituel. Les personnes qui ont laissé une descendance composée de nombreux fils, petits-fils ou arrière-petits-fils. Ce qui est une grâce pour le défunt, mais également une  bénédiction pour les familles d’avoir eu des personnes qui ont pu vivre au-delà des espérances fixées par la science. Ce n’est pas toujours donné. Celles personnes qui parviennent à atteindre ce niveau de longévité sont érigées au statut de patriarche ou encore de matriarche au sein de leurs familles et de leurs communautés. Ainsi à leur mort, on ne se lamente pas, on célèbre leur long parcours sur la terre sous une ambiance festive. Avec l’évolution des mentalités, même les personnes qui n’ont pas laissé une descendance, mais qui ont vécu longtemps peuvent mériter ce rite.

Voici comment se déroule ce rite chez les Bëkpäg (Bafia).  Avant l’ouverture des cérémonies, le chef de famille s’adresse au mort pour lui faire part des raisons qui ont emmené sa famille à organiser le rite du « DÔM ». Après son interlocution, il se sert d’un poulet comme totem pour purifier les tam-tams et autres instruments de musique qui serviront à animer la cérémonie. Cette manœuvre a pour but d’éloigner les esprits malveillants autour du lieu du deuil en frottant la volaille sur chaque instrument. Une fois cette étape passée, les danseurs entrent en scène en suivant la cadence des batteurs. La mise en scène est bien orchestrée jusqu’aux mélodies qui sont jouées, car elles portent un message. Pour satisfaire les attentes de la famille et le public venu nombreux vivre ce moment, les danseurs du « DÔM » n’ont qu’une seule requête : avoir de quoi manger et boire à tout moment. A la fin de l’enterrement du patriarche ou de la matriarche, le chef de la grande famille va remettre aux autres chefs de famille une nervure de palmier nouée qu’on surnomme « Këzunga », qui représente un pacte qui lie tous les membres de la famille avec la personne décédée. Elle marque aussi la promesse de prendre part aux festivités du DÔM qui aura lieu dans un an à compter du jour de l’inhumation. Une fois cette entente conclue, chaque chef de file va rentrer pour se préparer.

Le jour-j, le chef de famille va une nouvelle s’adresser à l’assistance par un discours de bienvenue et de présentation des activités qui seront à l’ordre du jour pendant l’exécution DÔM. Après sa prise de parole, il va introduire la personne qui va diriger la cérémonie, ce dernier est issu de la famille maternelle du défunt. Le choix a été porté sur lui parce qu’il maîtrise tout le processus d’exécution du rite. C’est lui qui va appeler chaque chef de famille et sa descendance avant le lancement de la cérémonie. Il faut noter que chaque famille doit apporter un présent selon son niveau social. Les bœufs pour les riches et les autres peuvent venir avec un mouton, une chèvre, un bélier ou encore un poulet. Après la présentation de chaque chef de file et sa descendance, le maître de cérémonie va procéder par une séance de purification qui consiste à asperger un breuvage appelé « Fëfoè » fait à base de certaines plantes. Il va d’abord commencer par asperger la tombe du défunt ensuite chaque membre de la famille. Au cours de ce rituel, il va prononcer des paroles sacrées en guise d’intersection auprès des aïeux pour avoir leur protection tout au long de la cérémonie.

Une fois cette étape passée, les chefs de famille et leurs descendances doivent encore se soumettre à un autre rituel important. Celui-ci consiste pour chaque membre de famille d’accrocher à son cou un animal vivant. Ceux qui sont venus avec les poulets, la manœuvre est moins contraignante. Par contre, pour les autres, le geste est plutôt symbolique, ne pouvant pas accrocher les bêtes qu’ils ont apportées, on leur fait tout simplement passer autour du cou les cordes qui ont servi à les attacher. Dans l’ouvrage du patriarche Moute à Bidias Camille, il est dit que « Si le défunt ou la défunte qu’on honore n’est pas en harmonie avec une personne, cette corde passée au cou se rompt et la bête tombe. Cette personne doit, dès cet instant, quitter la cérémonie ». Si tout se passe bien, tous les membres de la famille se retrouvent au milieu de la cour pour l’exécution de la danse du DÔM. La cérémonie se déroule sous le contrôle du maître de séance qui veille au respect de l’exécution des pas de danse au rythme des instruments du DÔM. À la fin de la danse, chaque membre de famille se dirige vers l’abattoir avec sa bête où on procédera au partage. Une partie de la bête lui sera remise et le reste reviendra à la famille organisatrice du DÔM.

Source : Mbam’Art.net

Auteur : Charly ngon

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