Ce qu’il faut savoir sur la pratique du veuvage chez les Bamoun

L’organisation du veuvage dans la communauté Bamoun s’articule autour de trois étapes qui doivent être respectées par la veuve. 

Source : DW

Le veuvage chez les Bamoun est encadré par un ensemble de rites comme on le voit ailleurs dans d’autres communautés. Une fois le deuil déclaré, la veuve est obligée de se soumettre aux contraintes de la tradition. Réputé très dangereux au regard des dérives qui sont souvent observées lors de son exécution, il semblerait que chez les Bamoun l’approche est plutôt différente. Contrairement à ce qui se passe ailleurs ( toute proportion gardée), chez les Bamoun, la belle-famille et celle de la veuve s’impliquent de manière significative avant, pendant et après le rite. Elles veillent à ce que toutes les étapes soient respectées. Cette solidarité entre les familles permet donc à ce que la veuve puisse aborder le Nyî kü (entrée en veuvage) en toute sérénité.

Pour le Wume kü(respect du veuvage), il y a un certain nombre d’interdits que la veuve doit respecter durant cette période. Elle a l’obligation de dormir au salon sur un matelas ou sur une natte selon les familles à même le sol. Dès cet instant, c’est le seul lieu où elle est autorisée à rester pour recevoir les visites puisqu’elle n’a pas l’autorisation de sortir. Considérée comme une paria, elle n’a pas le droit de toucher aux mêmes objets que le reste des membres de la famille. Pour éviter le contact, des dispositions sont prises à l’avant pour qu’elle ait ses objets personnels. Ceux-ci sont dans un sac en paille encore appelé sac de veuvage qu’elle aura toujours à portée de main. Les sorties étant proscrites, elle n’a pas le droit de saluer les étrangers. Le veuvage étant aussi une période de pénitence, il est également demandé à la veuve de rester silencieuse. Un mutisme qu’elle devra garder jusqu’à la fin du veuvage. Elle fera aussi une croix sur sa garde-robe et ne mettra que des vêtements noirs.  Tout ceci va durer au moins un an.

À l’approche de la sortie du veuvage encore appelé  Ntum kü, la veille de celle-ci, la veuve doit rester éveiller toute la nuit. D’après la tradition, quand une femme perd son mari, son esprit est toujours errant, il ne veut pas partir. De peur d’être emporté par celui-ci dans son sommeil, on interdit à la veuve de dormir. Dans la matinée, la veuve est emmenée dans une rivière accompagnée d’un groupe de femmes pour prendre un bain de purification. Une fois la séance terminée, on lui retire les vêtements noir qu’elle portait pendant le veuvage avant de lui remettre de nouveaux vêtements sur le corps. Après donc cette étape, elle peut aisément reprendre ses activités.

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