Ce qu’il faut savoir sur la cérémonie d’intronisation d’un roi chez les Sawa au Cameroun

Ce qu’il faut savoir sur la cérémonie d’intronisation d’un roi chez les Sawa au Cameroun

Publié le 14 avril 2023, par Charly ngon

Chez les Sawa le paradigme du processus d’intronisation d’un roi  se déroule en cinq étapes selon la tradition sous la houlette des initiés.

Ce qu’il faut savoir sur la cérémonie d’intronisation d’un roi chez les Sawa au Cameroun

La transmission d’un pouvoir royal obéit à un ensemble de rituels qui permet au nouveau monarque d’asseoir son autorité. Ceux-ci se déroulent souvent durant plusieurs semaines à l’abri des regards et ce n’est qu’une fois que le rite est achevé qu’on présente le roi ou le chef à sa population. Chez les Sawa par exemple, cette cérémonie est appelée « Paousse Embamba ». Elle s’articule autour de cinq étapes à savoir : l’ermitage, l’onction mystique, les ablutions publiques, la remise des attributs, les insignes de pouvoir et la procession triomphale.

Dès l’instant où le nom du nouveau roi ou encore le successeur est connu, les notables prennent les dispositions pour que les choses se déroulent conformément à la tradition. Et l’une de ses dispositions, c’est la construction de la case sacrée où va se dérouler le rituel d’initiation du roi. On la surnomme en langue Duala « Dibala ». C’est une case construite avec des feuilles de palmiers et de raphia. On y accède pied-nu en tournant le dos et les pas. Cet espace est réservé uniquement aux initiés. C’est donc dans cette hutte que le nouveau roi va séjourner durant trois nuits. Contrairement au pays Bamiléké où les femmes accompagnent le chef au La’akam, chez les Sawa les femmes n’ont pas le droit d’entrer dans cette case.

Au troisième jour, notables et autres personnalités pénètrent dans la case afin de préparer le nouveau roi à la deuxième étape qui est l’onction mystique. Aidé par les notables, le nouveau roi est vêtu d’un drap rouge, puis il est installé au milieu de la case sacrée dans un cercle formé par les initiés. À l’époque ce rituel s’accompagnait avec le sacrifice d’un être humain en guise de présent aux ancêtres. Aujourd’hui on préfère utiliser une chèvre noire. Avant de passer au sacrifice de la bête, celui qui est chargé de diriger la cérémonie, mâche, puis fait mâcher aux autres trois variétés de jujube en nombre impair.

Par la suite, il va asperger le contenu de sa bouche sur la chèvre en prononçant des paroles. Il s’agit en effet d’un message qu’il transmet aux ancêtres par le canal de l’animal pour informer à ces derniers l’identité du nouveau roi. Après cela, la chèvre est égorgée. Le sang est recueilli dans un vase comportant des décoctions. Ce mélange va être utilisé par tous les notables présents dans la case pour badigeonner le corps du nouveau roi. À la fin de cette séance de purification, le roi qui bénéficie dorénavant de la reconnaissance de ses ancêtres est vêtu d’un autre drap, mais celui-ci est de couleur blanche.

Au cours de la quatrième étape de la cérémonie qui s’appelle « Dindo », l’initié va présenter la chèvre qui a été utilisée pour le sacrifice au public. En communion avec toutes les personnes présentes, la bête va être préparée dans un bouillon qui sera servi à tout le monde. La consommation du repas sera suivie d’une série de danses initiatiques qui seront exécutées jusqu’au matin. La foule qui a également veillé peut donc voir son roi sortir de la case sacrée. Un moment de joie qui se traduit par des acclamations et des chants traditionnels pour accueillir le nouveau roi. À sa sortie, il porte une tenue royale, un couvre-chef tissé et orné de cauris, une plume de perroquet et une épine de porc-épic. Devant le public, il sera remis au roi un chasse-mouche et une fibre de feuille de bananier.

L’entrée triomphale du roi marque la cinquième et dernière étape de la cérémonie d’intronisation. Elle est suivie avec la remise des cadeaux. Pour recevoir tous ses présents, on fait porter au roi une hotte encore appelée en langue Duala « Esoko » sur le dos. Au rythme des instruments de musique, le roi se déplace en allant vers la foule. Et chacun va mettre dans sa hotte un cadeau symbolique. La portée de cet acte s’explique par le fait que, le roi doit accepter les bonnes et les mauvaises  choses, car durant son règne il devra faire face à de nombreux défis et il sera amené à prendre des décisions délicates.

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch