Ce qu’il faut savoir sur la cérémonie de la "recherche du chef" après la mort de ce dernier chez les Douala

Ce qu’il faut savoir sur la cérémonie de la « recherche du chef » après la mort de ce dernier chez les Douala

Publié le 28 septembre 2021, par Charly ngon

Muwasó (du verbe « Wasa », chercher, en langue duala) qui signifie la recherche, est un rituel funéraire exécuté à l’occasion de la disparition d’un monarque, d’un haut dignitaire ou encore d’un Chef de grande famille chez les Douala.

Douala, recherche du chef

Crédit photo : Fier d’être Sawa

Dans la tradition bantou, la mort d’un chef ne se célèbre pas comme un simple événement de la vie quotidienne. C’est moment particulier marqué par un ensemble de cérémonies rituelles où les populations se mobilisent pour rendre hommage à ce dépositaire de la tradition. Les cérémonies durent parfois plusieurs semaines comme le veut la tradition. Et celles-ci dépendent le plus souvent des us et coutumes de chaque communauté. Chez les Sawa par exemple, après le décès d’un chef, on assiste à un rituel ancestral connu sous le nom « la  recherche du chef« . Ce rite est mené par les femmes Sawa de tout âge confondu, vêtues de kaba noirs en signe de deuil, elles font le tour des différentes chefferies soit disant qu’elles cherchent le chef. À chaque arrêt dans un canton, elles sont reçues par chaque chef. Mais derrière cette mise en scène se cache toute une symbolique. Dans la quasi-totalité des cultures et sociétés négro-africaines, le Roi est assimilé au soleil qui jamais ne s’éteint.

Recherche du chef

Crédit photo : Fière d’être Sawa

Lorsqu’a sonné l’heure pour son âme, d’entamer le grand voyage sans retour, des mécanismes ont été pensés et mis sur pieds par les anciens, afin de garantir et d’assurer la continuité du pouvoir. Il est donc entrepris un ensemble de rites, dont le but est non seulement d’alléger la charge karmique du disparu, afin que sa traversée soit des plus sereines, mais également de le retrouver symboliquement, à travers un éventuel successeur. Mais pour retrouver ce Roi dont on n’a plus de nouvelles et pour lequel le village s’inquiète, il faut le chercher…

Rite, recherche du chef

Crédit photo : Fier d’être Sawa

Muwasó (du verbe « Wasa« , chercher, en langue duala) qui signifie la recherche, est un rituel funéraire exécuté à l’occasion de la disparition d’un monarque, d’un haut dignitaire ou encore d’un Chef de grande famille, consistant en une procession de Ngon (natives) et de Bito (épouses) du clan ou du lignage du disparu. Cependant, il n’est pas exclu que d’autres clans et lignages rejoignent les rangs.
Il s’agit pour ces braves Dames, s’inquiétant de n’avoir pas aperçu  » Sango’asu » (notre père, notre guide) depuis le moment relativement long qui sépare son départ effectif de ses obsèques officielles, de se rendre physiquement dans tous les coins et endroits que ce dernier avait l’habitude de fréquenter. S’il était le souverain d’une grande communauté, le Muwasó s’effectuait en priorité dans les contrées de ses homologues exerçant le commandement traditionnel de même rang.

Recherche du chef

Crédit Photo : Fier d’être Sawa

Parce que pour le Sawa, le chant est le langage des dieux, la procession arpente les rues, l’air et le pas déterminés, en scandant un air consacré à la circonstance et bien répandu dans le Sawaland :

_Di m’ala ‘wasa Sango’asu e !
Di m’ala ‘wasa Sango’asu e !
Nga a kwedi nde iyo e, nde a dimbea bunya e ?!

(Nous allons chercher notre Chef,
Nous allons chercher notre Père,
Se serait-il endormi,
Oubliant que le jour s’est levé ?! »

Autrefois, la cérémonie se pratiquait aux aurores, au moment où la nuit se sépare du jour.
Mais au gré de l’urbanisme et du contexte sécuritaire dans la ville de Douala, ces villages d’hier devenus aujourd’hui des quartiers parfois dangereux, il a fallu procéder à des réaménagements, le plus important étant le respect et la perpétuation du symbole. Ce n’est qu’après l’avoir cherché et fouillé partout et apparemment sans succès, qu’est officiellement actée la vacance du trône. Cependant le successeur ne saurait tarder à être désigné et proclamé, le Muwasó n’aura donc pas été vain.

Le Roi est mort, vive le Roi !

Article coécrit avec la contribution de Ndoumbe Armel aka killa Mel.

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch