Bindi talk avec Papy Anza : « Je n’aime pas la notification registre, je suis musicien, j’essaie juste de m’exprimer comme je peux»

Bindi talk avec Papy Anza : « Je n’aime pas la notification registre, je suis musicien, j’essaie juste de m’exprimer comme je peux»

Publié le 10 octobre 2022, par Charly ngon

Durant un brunch organisé dans un restau de Douala, Papy Anza s’est exprimé sur son parcours, son actualité du moment et les perspectives de sa carrière.  

 

Papi Anza

En route pour la République centrafricaine où il doit prendre part au TI-Î festival. Papy Anza a entrepris depuis plusieurs semaines la ronde des médias camerounais avec son équipe pour parler de cette deuxième édition où il va participer en tant qu’invité de marque. Ti-Î qui veut dire « notre festival » en langue locale est un événement culturel dédié à la promotion des musiques et des artistes centrafricains en particulier et du continent africain en général. Le projet est porté par la chanteuse Idylle Mamba qui préside l’association Duke’Ziki. Une plateforme de promotion et de développement culturel en Centrafrique.

Le séjour de l’auteur de « Meesanedi » en terre centrafricaine sera marqué par une série de concerts et une master class. Mais pas seulement, il va également profiter de la visibilité que lui offre ce festival pour faire des rencontres qui pourront certainement aboutir vers des collaborations. C’est aussi l’un des enjeux de ce festival, être un point de relais entre les artistes africains. Présenter un autre visage de la destination centrafricaine qui n’a rien à voir avec ce que les médias présentent au quotidien. Absent lors de la première édition qui s’est tenu à Douala du 2 au 3 décembre, Papy Anza va profiter de cette nouvelle fenêtre pour non seulement partager son expertise, mais aussi apprendre celles des autres. Un échange interculturel dont l’objectif est de promouvoir le développement des cultures africaines.

Papy Anza

Après la radio et la télévision, l’artiste nous a invités à un tête-à-tête ainsi qu’avec d’autres médias en ligne et la presse écrite. La rencontre s’est déroulée au restaurant la baleine à Akwa dans une ambiance plutôt conviviale. Réunis autour d’une table soigneusement préparée pour l’occasion, nous avons eu une discussion fructueuse avec Papy Anza, mais surtout décalée. Dès lors, nous avons eu l’occasion de découvrir un autre visage du chanteur qui n’a rien à voir avec la star qu’il est. Nous avons donc profité de ce moment privilégié pour lui poser toutes les questions qui paraissaient pertinentes. Au cours de nombreuses heures de conversation, le mec un peu timide que l’on croyait avoir en face de nous s’est révélé être un très bon orateur, doté de connaissances et sachant satisfaire notre curiosité.

C’est dans un style très décontracté que Papy Anza s’est présenté à nous. Dreadlocks, jeans bleu un peu délavé, chemise kimono et une tennis pas tape à l’œil. Un accoutrement qui montre d’emblée toute la simplicité qui caractérise le personnage. Un côté un peu pudique qu’on a pu remarquer dès sa prise de parole. Malgré tout, il a essayé de parler de sa modeste personne. Comme du jour où il a décidé de se lancer dans la musique contre l’avis de ses parents. Un choix qui a été difficile d’accepter principalement par son géniteur qui n’arrivait pas à comprendre ce virage à 360 degrés. Titulaire d’une licence en biochimie obtenue à l’université de Buea, ce dernier voyait plutôt son premier fils poursuivre une carrière dans le domaine sanitaire.

Mais la passion pour la musique était tellement forte que Papy Anza a dû dans un premier temps faire des études et obtenir des diplômes pour faire plaisir à ses parents, avant de poursuivre son véritable chemin. Ce choix était dans une certaine mesure prévisible dans la mesure où il a été influencé très tôt par les artistes Makossa de l’époque « Mon père  n’écoutait que les chansons d’Eboa Lotin. J’ai donc grandi en étant bercé par ses mélodies. À force de les écouter j’ai fini par les mémoriser si bien que lorsque je me mettais à chanter, les gens étaient surpris de m’entendre reprendre du Eboa Lotin pourtant plusieurs années nous séparaient. Par la suite, j’ai fait l’effort de conserver toutes les cassettes de mon père, particulièrement celles d’Eboa Lotin » dit -il.

Papy Anza

Dans ses propos on ressentait de la nostalgie qui dégageait de son regard scintillant lorsqu’il parlait de ses parents, surtout de sa maman avec qui il avait une relation particulière.  Bien qu’il n’ait pas pu profiter davantage de ses conseils, le peu qu’il a reçu d’elle a été un déclic pour ses premiers pas dans la musique. « Au-delà d’avoir une maman qui était médecin. Elle disait, je sais que tu aimes la musique, mais si tu as envie d’écrire une histoire, est-ce que tu vas faire la musique qui sera passagère comme tout le monde. Qu’est-ce que tu vas pouvoir raconter aux gens qui vont rester pendant longtemps ? », une remarque qui a touché l’adolescent qu’il était à cette époque. C’était aussi selon lui l’un des derniers messages de sa génitrice avant qu’elle ne décède alors qu’il est âgé de dix-sept ans. Il va marquer un léger silence avant de poursuivre avec une voix un peu tempérée « Moi je me disais, si je dois faire de la musique, je dois pas faire la musique comme tout le monde. J’avais tellement envie de ressembler à ce papa déjà par la profondeur de ses textes, par l’aura qu’il dégageait. C’est la première personne à laquelle je voulais m’identifier musicalement ».

Une touche qu’il a pris le soin de suivre à la lettre depuis qu’il a commencé à rédiger ses premiers textes. Une identité artistique qui se veut intemporel pour marquer les générations. Pour ce qui est de son registre, Papy Anza refuse d’être enfermé dans un style musical. Il se définit plus comme un artiste qui a tout simplement une envie d’exprimer ses émotions, avec cette liberté il peut se permettre d’aller d’un rythme à un autre en fonction de son inspiration. « Je n’aime pas la notification registre, je suis musicien, j’essaie juste de m’exprimer comme je peux. Je n’aime pas avoir un genre. Dans ma musique vous trouverez un peu de tout » se défend le chanteur. Des sonorités diverses parmi lesquelles le jazz, blues, Makossa, Essewe, Bolobo et Mangambeu pour les citer.

 

Alors que nous cheminons vers la fin de la discussion, Papy Anza a fait savoir qu’il travaillait sur plusieurs projets. Il n’a pas voulu s’étaler sur certains notamment sur sa tournée européenne le temps pour lui d’être bien fixé. Pour ce qui concerne son deuxième album qui est en cours de préparation, il a fait une présentation sommaire en évoquant tout de même les notes musicales surprenantes que le public va découvrir. Pour l’instant sa tête est focalisée sur le festival de Ti-I qui va se dérouler du 20 au 22 octobre au centre culturel Samba Panza à Bangui.

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch