Adina Ntankeu, la militante de la cause albinos en Afrique

Adina Ntankeu, la militante de la cause albinos en Afrique

Publié le 26 février 2019, par Ngo Mbia

Adina Ntankeu a été longtemps maltraitée, stigmatisée pour le simple fait d’être albinos. Aujourd’hui, elle se bat pour amener la société africaine à sortir des fantasmes qu’elle développe vis-à-vis des albinos. 

Source : Express

L’histoire d’Adina Ntankeu n’est pas celle d’un conte de fées. Les premières années de sa vie sont marquées par de nombreuses frustrations à cause de son albinisme. Maltraitée, et stigmatisée pour le simple fait d’être albinos, la femme de 41 ans n’a pas eu une enfance paisible. « J’ai été maltraité par ma propre famille parce que j’étais albinos  » explique-t-elle sur Salut les terriens  de Thierry Ardisson.

Née au Cameroun, Adina Ntankeu voit le jour dans une famille polygamique. La vie étant ce qu’elle est, de tous les enfants de son père, elle est le seul enfant albinos. Une situation qui lui a valu d’être mise à l’écart des autres et malheureusement même par ses proches.

A l’âge de 5 ans, à cause  de sa particularité, ses parents décident de l’éloigner de sa famille. Elle rejoint en France, un membre de sa famille. Pendant plusieurs années, elle subit haine et stigmatisation du fait de son albinisme. Des maltraitances qui l’ont éprouvées jusqu’à l’adolescence. Prise en charge par les services sociaux à l’âge de 19 ans, Adina retourne durant 6 mois au Cameroun, pour renouer des liens avec sa famille.

Désabusée, elle commence ainsi à comprendre l’étendue des difficultés rencontrées par les personnes albinos en Afrique. En effet, ces épreuves ont forgé son esprit au point de développer en elle un caractère de combattante qui lui donne aujourd’hui la force nécessaire de venir en aide aux plus vulnérables.

Son engagement humanitaire

C’est en février 2011, révoltée par les massacres d’albinos en Afrique, qu’elle crée l’association ANIDA. La femme outrée et révoltée passe le cap de l’inaction à l’action en 2011 grâce à son association « ANIDA ».  Une ONG qui vient en aide non seulement aux albinos du Cameroun, mais de tout le continent africain. Au-delà de l’aide, la mission première de l’association est d’éduquer et de sensibiliser les communautés à protéger  les personnes albinos.

Adina Ntankeu veut ainsi détruire et déconstruire les mythes et les fantasmes que le public s’est construit lui-même par ignorance sur les personnes albinos. « J’ai décidé  de mener le combat, avec d’autres associations pour défendre la cause de ces personnes. Mon combat n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan mais e veux aider, soigner et donner de l’espoir à mes frères et sœurs dans le monde. Je veux aussi changer les mentalités et dire aux ignorants qu’être albinos n’est pas une tare.’’ déclare-t-elle dans le site de son association « Anida ».

L’association a créé des pôles dans différents pays africains pour apporter le soutien sanitaire aux communautés albinos avec des produits pour la protection de la peau (crème solaire, sticks à lèvres, savons  ou crème hydratante). Des actes dont la portée se fait ressentir petit à petit sur le terrain. Un terrain, l’Afrique en occurrence, encore peu ouvert à l’épanouissement des albinos.

Les albinos africains victimes d’une véritable chasse à l’homme

Avec le soutien de certains médias qui relaient à grand écho ses actions en faveur des albinos,  Adina Ntankeu fait tout son possible pour en finir avec les préjugés sur l’albinisme. En Afrique, et au Cameroun, par exemple, certaines familles continuent de stigmatiser les albinos. Moqués, brimés et isolés par plusieurs personnes, le quotidien des albinos n’est pas du tout facile.

En Tanzanie, les meurtres d’albinos liés à la sorcellerie perdurent. On leur confère des pouvoirs magiques. Non loin de là, le Malawi n’est pas en reste. Selon une enquête dûment menée par l’ONU,  les 10 000 albinos que compte le Malawi sont menacés de disparaître. Il en ressort clairement que cette population est un « groupe en danger, menacé de disparition méthodique ». Tant de choses qui poussent Adina Ntankeu à se battre pour éduquer, changer et faire évoluer les mentalités.

La mode pour changer les mentalités

Hormis son combat qu’elle mène depuis 2011 avec son association, Adine Ntankeu veut s’appuyer sur la mode pour essayer d’entendre raison aux bourreaux des albinos. Passionnée de glamour, elle a mis sur pied sa propre marque de vêtements. La « boutique d’Adina » comme elle la surnomme, est un temple de la mode qui mélange  héritage africain et modernisme.

Adina qui a travaillé avec les grands créateurs de mode a trouvé dans ce nouveau projet un équilibre véritable entre sa passion pour les vêtements et son engagement humanitaire. Sa prochaine collection qui sortira en Mars prochain s’intitulera « Chic and  Choc ».

‘’Le vêtement est une seconde peau pour celle et celui qui le porte,  lui conférant une attitude similaire à celle des rois et reines des royaumes africains.’’ L’ensemble de la collection se veut un voyage futuriste avec des coupes fluides qui rappelle l’Afrique. Un témoignage d’amour pour ce continent qui l’inspire tant malgré les injustices commises envers  les personnes albinos.

 

Auteur : Ngo Mbia

Accro à la télévision, passionnée de mode, musique et beauté... kongosseuse à ses heures perdues mais aussi passionée de journaliste