A la mémoire de DIKA MPONDO AKWA, signataire du traité Germano-Duala de 1884

A la mémoire de DIKA MPONDO AKWA, signataire du traité Germano-Duala de 1884

Publié le 6 juillet 2017, par Charly ngon

En signant le  traité Germano-Duala de 1884, le King Dika Mpondo Akwa voit en celui-ci une opportunité devant régulariser les échanges commerciaux et ramener la stabilité au niveau de la côte, menacée par la guerre de leadership entre les rois et certains chefs. Mais cette idée n’est pas perçue de la même manière par le colon, qui voit  plutôt là un moyen d’assouvir les peuples autochtones. Constatant cette divergence de vue, le King va manifester son mécontentement envers l’administration allemande pour le non-respect des clauses du traité. Malgré toutes les tentatives de celle-ci pour le convaincre à soutenir leur action, il va rester fidèle à son combat jusqu’à sa mort.

Dika-Mpondo-Akwa

Après la signature du traité, les  activités commerciales ont presque repris au niveau de la côte, du moins comme l’ont souhaité le King Dika Mpondo Akwa et les autres chefs. Surtout que ce traité est orienté dans la préservation de leurs intérêts commerciaux et leur prestige que tout autre chose .Or, les Allemands qui au départ ne pensent pas à la colonisation vont très vite changer d’avis, à la surprise générale des chefs Sawa qui se rendent compte de la duperie dans laquelle ils sont tombés. C’est ainsi que le 19 juin 1905, ils (les chefs traditionnels signataires du traité) adressent une pétition au Reichstag et à la Chancellerie Impériale, pour se plaindre du comportement de certains fonctionnaires allemands vis-à-vis des peuples autochtones et l’un des mis en cause est le gouverneur Jesko Von PUTTKAMER. Furieux par l’initiative prise par les chefs, il va les traîner en justice pour diffamation de nom, et le 6 Décembre 1905, ces derniers vont être condamnés à des peines de prison.

Dika Mpondo Akwa qui lui n’était signataire de cette pétition, puisqu’il purgeait une autre peine, va se voir à nouveau être condamné à 9 ans de prison avec travaux forcés. Une peine qu’il ne fera pas, puisque son fils ainé, le prince héritier Ludwig MPONDO AKWA va plaider en sa faveur auprès du Reichstag pour annuler cette condamnation. Mais le 26 Octobre 1906 Dika Mpondo va être condamné à 18 mois de prison par un juge indépendant en charge de réviser ces précédentes condamnations. Pendant son incarcération, il va être destitué par l’administration et remplacé par Adolf DIBUSI DIKA, un de ses fils qui est un pro-allemand. Après le limogeage de Jesko Von PUTTKAMER, celui-ci est remplacé par Théodor SEITZ qui connait bien le peuple Douala, pour y avoir travaillé en tant que premier chef de district de 1895 à 1899. Sa mission est de segmenter Douala en municipalité et d’amnistier Dika Mpondo Akwa et les autres chefs si ces derniers renoncent à s’opposer à l’administration.

Conscient des enjeux, le nouveau gouverneur va se rapprocher du King dans le but de négocier avec lui, mais celui-ci ne va demander qu’une seule chose : que les clauses du traité soient respectées. Malheureusement pour lui, cette demande n’est pas acceptée par l’administration. Il va encore rester en prison pendant un bon bout, jusqu’à ce que  sous ordre de la chancellerie allemande, il va être libéré avec les autres chefs et notables le 20 décembre 1907, mais ne sera pas rétabli dans ses droits. Lorsqu’en 1911 la procédure d’expropriation des peuples sur le plateau Joss est engagée, Dika Mpondo Akwa se met à la tête d’un collectif de contestations pour s’insurger d’une telle décision. En Septembre 1911, il est arrêté et envoyé en exil à Campo jusqu’au début de la 1ère guerre mondiale. Pendant son exil, il va être  de nouveau approché par l’administration allemande, afin de renoncer à ses prises de positions s’il veut être libre, ce qu’il va refuser catégoriquement. Son exil va durer jusqu’à la fin de première guerre mondiale. Et c’est finalement en janvier 1915 qu’il rentre triomphant d’exil, avec l’aide du chef des forces alliées, le général DOBELL qui le rétablit sur son trône à Akwa, malgré l’interdiction de séjour qui pesait encore administrativement sur lui.

Ayant retrouvé sa légitimité, il va transmettre une lettre à l’administration française le 15 avril 1916. Dans celle-ci, il va rappeler aux français, les termes de l’accord qu’il a eu avec les allemands lors de la signature du traité de 1884 et qu’il est prêt à collaborer avec eux dans les mêmes dispositions. Or, les français qui ont eu le temps de lire les différents rapports allemands concernant Dika Mpondo Akwa et plus encore ne veulent pas entendre parler de collaboration, voit en lui un trouble-fête et pense aussitôt à le renvoyer en exil. Il se raconte que le second exil du King pour Campo est dû à un évènement de circonstance que les autorités auraient utilisé pour l’éloigner des siens.

En effet, dans la nuit du 27 au 28 avril 1916, un policier français en patrouille croise sur son chemin  sa maitresse, une veuve nommée Hanna Dipoko en compagnie d’un rival autochtone. Epris de jalousie, il va ordonner aux tirailleurs qui l’accompagnent de bastonner ce dernier. Alertée par les cris de ce dernier, la population va s’en prendre aux tirailleurs qu’ils vont molester et ligoté sous le regard complice d’un fils du King, le prince Din Dika. Après cet incident, les autorités vont prendre en charge l’affaire et vont procéder par des sanctions.C’est ainsi que le 2 mai 1916 le tribunal de circonscription condamne le prince Din Dika a trois années de prison. Quant au King Timothy Dika Mpondo Akwa, bien qu’il ne soit au courant de l’incident, il va lui aussi être arrêté, et par décision du général commissaire du gouvernement Joseph AYMERICH en date du 10 mai 1916, va être renvoyé en résidence surveillée. Avec comme motif incitation à la violence, non-respect des autorités, tout ceci pour justifier son arrestation. Le 12 mai 1916, il est embarqué à bord d’un bateau dénommé « Haoussa » en direction de Campo, et le 6 Décembre 1916, il va rendre l’âme dans son lieu d’exil de suite d’une maladie rénale alors qu’il est âgé de 80 ans.

Mais cette thèse est rejetée par certains observateurs, qui semblent dire que sa mort serait un crime maquillé pour réduire l’influence qu’il a sur la population. Il va d’abord être enterré à Campo, puis son corps va  être exhumé et ramené au Cameroun dans la nuit du 27 Décembre. Le lendemain après les offices religieux et traditionnels, une marée humaine va constituer le cortège funèbre qui va prendre d’assaut le quartier Akwa pour accompagner la dépouille du King jusqu’à sa dernière demeure, dans un lieu choisit par lui-même de son vivant (actuel Douala- bar).

Partagez avec nous (en commentaires) certains détails de cette période de l’histoire du Cameroun qu’on aurait oublié…

 

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch