A la découverte de Nanga Eboko : une ville, une histoire

A la découverte de Nanga Eboko au Cameroun : une ville, une histoire

Publié le 16 mars 2017, par Charly ngon
Le Chef Nanga Eboko

Le Chef Nanga Eboko

La ville de Nanga Eboko est située dans le département de la haute Sanaga, plus précisément dans l’arrondissement qui porte son nom. Située sur la nationale no1 qui relie la région du centre à celle de l’Est. Elle est limitée au Nord par Yoko, au Sud par Nkong, Lembe et Yezum, à l’Est par Minta et à l’Ouest par Ntui.

Une virée à Nanga Eboko ça ne se raconte  pas. Le climat qui est de type équatorial offre un cadre idéal pour s’épanouir. Un écosystème riche et varié qui ne laisse personne indiffèrent avec sa faune et sa flore. La fertilité du sol qui est un atout, permet aux populations de se lancer dans les cultures de rentes (cacao et café) et les cultures vivrières. Les guerres tribales et les migrations des peuples ont fait de Nanga Eboko une ville cosmopolite.

Comme toute communauté villageoise, le peuple Nanga célèbre chaque mois de juin sa diversité culturelle grâce à son festival Nkon Ngon. Pendant deux semaines, les fils et les filles de la Haute Sanaga font parler leur culture. Pour exemple, la consommation et la préparation du Mbol. C’est un mélange de courges de pistache, avec quelques épices et du poisson qu’on surnomme le Kanga, le tout noyé dans une sauce gluante bien pimentée. Ca passe bien avec du couscous de manioc et un bon Matango bien frais.

Nanga Eboko c’est aussi un pan de l’histoire pré-coloniale du Cameroun. La forte présence d’une architecture de type germanique, donne un grand aperçu de ce que représentait cette ville pour les Allemands. La même architecture qui rappelle les lieux historiques à Bonanjo dans la ville de Douala. On n’oublie pas les chutes de Nachtigal qui offre un panorama époustouflant, quand on se retrouve à Nanga Eboko.

A l’origine de ce nom, l’histoire d’un redoutable chef guerrier nommé Nanga Eboko. Pourchassé, traqué par les Yezum, Nanga Eboko se réfugie chez le chef Yebekanga. Profitant de l’hospitalité que lui offre ce dernier, il va prendre pour épouse l’une de ses filles. Ce qui va l’obliger à s’installer définitivement chez son beau-père au village Nkolndong, qui deviendra plus tard la ville qui porte son nom.

De son union avec la fille du chef Yebekanga, il obtient la protection et le soutien nécessaire dont il a besoin, pour monter une armée et repartir à la conquête des terres qu’il a perdues. Malheureusement toutes ses campagnes guerrières se soldent par des échecs. Car en face de lui, la plupart des chefs ont signé des alliances entre eux, pour se soutenir mutuellement en cas d’attaque par un quelconque ennemi. Mais avec l’arrivée des Allemands, le destin de Nanga Eboko connaîtra une autre mésaventure.

L’histoire raconte que, le chef Yebekanga apprenant la venue des Allemands prit peur, et envoya plutôt son beau-fils sachant que ce dernier était un redouble  guerrier. Arrivé auprès des  troupes allemandes, Nanga Eboko ne se présente pas comme le porte- parole du chef, mais plutôt comme le chef de Yebekanga.  Malin et ambitieux comme il était, il réserve aux Allemands un accueil des plus chaleureux. A cet instant, les colons Allemands ont compris que, pour combattre le redoutable chef rebelle Nguelle Menduka et intensifier la pacification du pays Maka, il fallait compter sur le soutien de Nanga Eboko.

En guise de remerciement pour sa loyauté, Nanga Eboko se voit octroyé le pouvoir administratif sur un territoire plus grand que ce qu’il imaginait. Grâce aux Allemands, Nanga Eboko est redevenu le grand chef qu’il a toujours rêvé être. Mais lorsque la guerre déclenche, les Allemands sont chassés par les troupes franco-anglaises. Dans leur fuite, ils partent avec le chef Nanga Eboko vers la Guinée Equatoriale, plus précisément à Bata. C’est sur cette terre d’asile qu’il va mourir en 1920, loin des siens. Malgré son exil forcé, les populations ressentaient toujours sa présence et certains pensaient souvent à un retour foudroyant du guerrier. Les populations ont tellement attendu le retour de leur chef, que les gars se sont fatigués mal mauvais.

En 1952, lorsqu’il fallait choisir un nom au village Nkolndong, c’est celui de Nanga Eboko qu’on choisit. Pourquoi ? Man no know, c’est chacun avec sa version, mais toujours est –il que Nanga Eboko a marqué par son courage et sa témérité. .

Alors chers letchois, ça vous dit une petite virée à Nanga Eboko ?

Source : Nicolas Monteillet : Tradition orale, utilisation des généalogies et nouvelles entités politiques, Nanga Eboko, Cameroun

Auteur : Charly ngon

Molah ne te fie pas à mon name, je ne suis pas un mbenguiste, je suis du bled comme toi. Les hauts et les bas sont notre quotidien, donc ne fia pas c'est entre nous quoi ... comme au letch